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  • L’auteure soutient que le documentaire de 2016 d’Alethea Arnaquq-Baril, Angry Inuk (Inuk en colère), crée, grâce au cinéma, des espaces de « souveraineté visuelle » centrés sur l’« agentivité sensorielle » inuite (Raheja, 2010 ; Robinson, 2016). La réalisatrice propose un recadrage, selon un point de vue inuit, de la rhétorique dominante entourant la chasse aux phoques, pratique décriée violemment par des groupes de défense des droits des animaux. Plus qu’une simple réfutation de ces discours sudistes, ce film met de l’avant les connaissances inuites en lien avec le territoire et la gestion des ressources et remet en question les argumentaires libératoires soutenus par ces organismes, dont les raisonnements reconduisent des dynamiques coloniales plutôt que de les ébranler. Comme l’évoque son titre, le documentaire riposte à l’ire des protestataires anti-chasse aux phoques (dont la voix s’impose souvent au détriment des voix inuites, généralement tues), en créant un espace d’expression pour la colère inuite, présentée à la fois comme carburant et comme point de départ légitime et valide de la lutte contre les organismes en question. De façon centrale, le film met en scène des récits de chasse aux phoques s’appuyant sur une « agentivité sensorielle » inuite qui, aux yeux de Dylan Robinson, se manifeste sous la forme de « modes d’expression qui, à la fois, affirment une force culturelle et exercent une puissance affective auprès des personnes présentes ». Arnaquq-Baril propose ainsi des représentations de rires partagés, d’un froid ressenti, de sons joyeux de consommation communautaire de diverses parties du phoque, de même que des photos tirées de la campagne Twitter menée autour du mot-clic #sealfie ; cette campagne médiatique, ancrée dans une célébration humoristique et fière de la chasse inuite aux phoques, se veut en ce sens un contre-point au discours affectif simpliste et méprisant des organismes anti-chasse. En s’articulant autour de la résilience complexe propre aux Inuits, Inuk en colère incarne en soi une forme de souveraineté inuite, s’imposant au sein des récits qui participent à la sensibilisation du public quant aux enjeux entourant cette chasse. En outre, le film invite l’auditoire à réfléchir aux avenirs autochtones et à envisager de quelles manières l’activisme pour la défense des droits des animaux peut être décolonisé afin qu’il ne mène pas à la reconduction de dynamiques violentes d’extractivisme et de colonisation.

  • Haerenga Wairua / Spiritual Journeys explore le cinéma maori en tant que 4e cinéma, dans son articulation de la spiritualité maorie comme un ensemble de croyances et de pratiques vivantes et d’une grande pertinence pour ce XXIe siècle. Après une brève description des termes et croyances clés, l’auteure analyse deux longs-métrages de fiction récents, The Strength of Water (Armagan Ballantyne, scr Briar Grace-Smith, NZ & Allemagne 2009) et The Pā Boys (Himiona Grace, NZ, 2014) comme emblématiques des pratiques cinématographiques autochtones, en ce qu’ils mettent fortement en avant différents niveaux et expériences de transformation spirituelle, via divers voyages au propre comme au figuré : voyages réels, voyages psychologiques ET expériences après la mort, donc voyages spirituels. Positionnant ces films dans le contexte des traditions spirituelles de narration littéraire et cinématographique, l’auteure explore les diverses techniques filmiques et cinématographiques mises en œuvre pour rendre l’expérience spirituelle, via le son et l’image, en mettant en évidence les liens avec la Terre, l’Eau et l’environnement naturel en tant qu’éléments spirituels et souvent surnaturels. Alors que ces derniers sont généralement interprétés par les critiques et chercheurs allochtones comme étant de l’ordre du fantastique, dans le discours établi du réalisme magique, l’auteure avance plutôt que les représentations autochtones ne peuvent être ni expliquées ni contenues de manière adéquate par ce terme, et propose à sa place celui de « réalisme spirituel autochtone ». L’auteure conclut en soulignant la pertinence de voix autochtones comme celles-là, qui expriment une spiritualité enracinée dans l’interdépendance de tous êtres et de toutes choses : force de guérison dans notre planète meurtrie.

  • In this interview, multidisciplinary artist Caroline Monnet discusses how acts of critical self-representation open up new spaces for territorial, linguistic, and identity negotiations and affirmations for Indigenous creators. In this sense, Monnet expresses her desire to put forward exuberant, strong, and diverse representations of Indigenous women in order to counter pervasive rhetorical dynamics of victimhood conveyed by mass media and cinema. As she presents some of the visual and discursive techniques she develops through her films, installations, and photographic works, Monnet reflects on the constructive dialogues – as well as the moments of incommunicability – that emerge and fade within various spaces and contexts of creation and reception. She considers that her individual and collective creative projects fall within a pivotal period of self-determination for Indigenous artists; she thus provides a critical overview of current discourses of (re)concililation.

  • This article examines how “colonial time” is called into question in two short films of the National Film Board of Canada’s series Souvenir, from 2015. The question of time lies at the heart of this series, for which the NFB commissioned contemporary Indigenous filmmakers to take up their archives of visual material on Indigenous peoples. The colonial temporal framework is at work in the vast archives of ethnographic and documentary film and photography on Indigenous peoples dating back to the early twentieth century, in which Indigenous people are often represented as part of “vanishing” cultures. Thus, in this article, I underscore the temporal interruptions that occur when ethnographic visual material of Indigenous peoples is put into the hands of contemporary Indigenous artists. I focus first on what it means to repurpose dehumanizing colonial archives and ask whether visual sovereignty is in fact possible within the archives. By analyzing the reappropriation of archival footage in the short films Mobilize by Caroline Monnet and Etlinisigu’niet (Bleed Down) by Jeff Barnaby, I elucidate how the filmmakers break with modes of colonial time through what I propose to call “reframings” that offer alternative ways of conceiving of time. By rehabilitating ethnographic images, these filmmakers refuse to project the material into the distant past and complicate the readability of Indigenous images in the archives, revealing how the reappropriation of old images can be just as powerful as the production of new ones.

  • Cet article se penche sur les relations et collaborations récentes entre les cinéastes autochtones et québécois. Une brève exploration des représentations autochtones antérieures et du contexte contemporain de co-réalisation Québec/Autochtonie nous permet d’esquisser un portrait plus nuancé des nouvelles configurations transnationales du paysage cinématographique québécois. De même, les notions d’autochtonisation du médium, de souveraineté visuelle et de survivance nous aideront à mieux cerner les œuvres de fiction réalisées par des cinéastes autochtones, qui contribuent à l’enrichissement d’un cinéma qui propose de nouvelles façons d’habiter les territoires québécois/autochtones.

  • Résumé livre : "L’intersectionnalité, telle qu’élaborée par les féministes noires dans les années 1980, permet de réfléchir aux rapports de pouvoir dans leur complexe enchevêtrement. Au-delà d’un certain effet de mode, cette éthique est plus que jamais nécessaire pour comprendre le monde, à l’aube d’une décennie marquée par un virus ayant partout exacerbé la violence et les inégalités, et mis en évidence les systèmes de privilèges. Et qu’arrive-t-il lorsque l’on porte ce regard attentif sur les médias ? Les textes rassemblés dans cet ouvrage explorent avec aplomb les questions de l’inclusion et de l’exclusion médiatiques. Que décoder du traitement média réservé au port du hijab dans le sport, aux agressions sexuelles à l’endroit des femmes noires et autochtones, ou encore, de la place de la sourditude et des transidentités dans l’espace public? Un recueil qui amène son lot de réponses éclairantes et douloureuses, une rareté dans le paysage des études culturelles et médiatiques francophones."--Page 4 de la couverture

  • "Between the late 1970s and the early 2000s, at least sixty-five women, many of them members of Indigenous communities, were found murdered or reported missing from Vancouver's Downtown Eastside. In a work driven by the urgency of this ongoing crisis, which extends across the country, Amber Dean offers a timely, critical analysis of the public representations, memorials, and activist strategies that brought the story of Vancouver's disappeared women to the attention of a wider public. Remembering Vancouver's Disappeared Women traces "what lives on" from the violent loss of so many women from the same neighborhood. Dean interrogates representations that aim to humanize the murdered or missing women, asking how these might inadvertently feed into the presumed dehumanization of sex work, Indigeneity, and living in the Downtown Eastside of Vancouver. Taking inspiration from Indigenous women's research, activism, and art, she challenges readers to reckon with our collective implication in the ongoing violence of settler colonialism and to accept responsibility for addressing its countless injustices

  • In the last decade or so, cinema has revealed itself to be an ideal medium for the transfer and/or remediation of the spoken word as well as stories coming from oral tradition and Indigenous culture. Indeed, cinema is a place of expression which favours cyclical creativity and contributes to the decolonization of stereotyped images propagated by external voices that do not understand the subtleties of languages (real and symbolic) that are anchored in indigenous peoples’ cultural memory. By exploring indigenous cinema as practised by women of diverse nations, this piece demonstrates how cinema can induce the compression and dilation of time, to bring to the audience the fluidity of a story that has been reconfigured according to a new time and carried by spoken words that have chosen to either emancipate themselves from the image or to materialize themselves in it. Furthermore, this article illustrates how a new generation of Indigenous women use cinema to retrace and/or rewrite their personal narrative with the help of autobiographical or collective stories that travel back in time to fill in the blanks left by a fragile memory and to express their will to make peace with a difficult colonial past. Finally, the writings of Lee Maracle (I Am Woman, 1988) and Natasha Kanapé Fontaine (Manifeste Assi, 2014) are being brought forth to show how films such as Suckerfish (Lisa Jackson, 2004) Bithos (Elle-Máijá Tailfeathers, 2015) and Four Faces of the Moon (Amanda Strong, 2016) contribute to the individual and community healing of Indigenous peoples of Canada, through an aesthetic of reconciliation. The exploration of these works, therefore allows us to shed light on and better understand the roles/internal mechanisms of visual autobiographies in the larger context of reconciliation with individual and collective stories/memories.

  • Le modernisme en art est souvent considéré comme un développement spécifiquement occidental. Robert Houle, l'artiste, écrivain et commissaire d'exposition d'origine Saulteaux, a cependant toujours soutenu que sa propre pratique est moderniste et qu'elle suit une filiation esthétique autochtone. Cet article s'intéresse particulièrement à une œuvre produite par Houle en 1994, Premises for Self Rule, dans laquelle l'artiste a juxtaposé des textes de législation coloniale à des panneaux peints en monochrome et des cartes postales trouvées en archives. Il propose qu'à travers cette stratégie de rapprochement, l'artiste fusionne la tradition de la peinture de parflèche à l'esthétique moderniste, remettant ainsi en lumière la négociation interculturelle, l'amnésie coloniale, ainsi que les écarts qui séparent les épistémologies et traditions artistiques des peuples autochtones et allochtones

  • Les projets d'expositions archivistiques—et leur documentation—sont des lieux de production de connaissances en histoire de l'art, ainsi que des interventions politiques, qui placent les documents dans un autre contexte afin d'interroger les canons et les façons de voir des colonialistes-colons. À partir de ces relations discursives, visuelles et archivistiques, cet article examine deux rétrospectives solos des œuvres sculptées et peintes des artistes modernistes kwakwaka'wakws, Doug Cranmer ('Namgis) et Henry Speck (Tlawit'sis), présentées à Vancouver en 2012. En considérant comment les conservateurs ont fait appel aux archives familiales intimes et à des documents du domaine public, il traite de l'utilité des archives du modernisme pour activer des liens affectifs, ancestraux et familiaux au-delà des modes de compréhension canoniques et historiques des mouvements esthétiques et des contextes de production

  • Cet article porte sur les oeuvres artisanales des femmes wendates du xix ₑ siècle dans le contexte plus large des traditions des arts visuels wendats. En plus des objets commerciaux, l’auteure présente des objets faits pour être utilisés lors d’occasions cérémonielles et rituelles spéciales, et qui avaient aussi une valeur importante dans la communauté. Ces deux catégories d’artisanat dévoilent la façon dont les femmes wendates adaptaient leurs traditions artistiques aux sphères économiques et diplomatiques du monde colonial, et ce avec grand succès. Ces arts ont aidé la communauté à conserver une vision du monde amérindienne et ont préservé des traditions culturelles qui se sont perpétuées d’une génération à l’autre, tout en intégrant des innovations créatives. Ils démontrent aussi le rôle diplomatique important joué par les oeuvres présentées aux dignitaires eurocanadiens et européens dans un contexte cérémoniel, afin d’établir et de maintenir des relations politiques et économiques harmonieuses.

  • La nation huronne-wendat de Wendake (Lorette, Québec) a maintenu sa culture et son identité pendant des siècles, souvent en dépit de, et en résistance contre les pressions occasionnées par la présence missionnaire et les politiques coloniales. Cette survivance est tributaire de savoirs, de valeurs et de coutumes transmis de génération en génération. Cet article explore l'art de la communauté wendat et ses éléments constitutifs : la fabrication d'objets, la tradition orale, l'engagement actif des membres de la collectivité dans les pratiques traditionnelles, ainsi que l'adaptation des pratiques ancestrales aux préoccupations actuelles. Il montre comment la production artistique wendat, dans sa force expressive, contribue à la continuité et cohésion sociale de la nation wendat.

  • Dans le contexte de l’héritage canadien de colonialisme et de profond racisme, les musées ont contribué à l’oppression des Noir.e.s, des communautés de couleur et des peuples autochtones en gardant le silence ou en supprimant certaines histoires sous prétexte d’« objectivité ». Cet article examine les pratiques commissariales de deux femmes noires canadiennes, Gaëtane Verna, directrice et conservatrice en chef de la galerie d’art contemporain The Power Plant, et Andrea Fatona, commissaire indépendante, afin de situer le commissariat critique à l’intérieur de perspectives afroféministes intersectionnelles. En conformité avec une base conceptuelle fondamentale de ce féminisme, je soutiens que ce qui rend l’acte commissarial « critique » est la reconnaissance non seulement de la position qu’une personne occupe dans la société, mais aussi de celles dont elle ne fait pas toujours l’expérience. En examinant les pratiques de ces deux femmes, je mets au jour une riche histoire de l’art et du commissariat des Noir.e.s au Canada.

  • Shelley Niro is widely known for her ability to explode myths, transgress boundaries and embody the ethos of her matriarchal culture in a wide variety of mediums including photography, installation, film and painting. Niro creates photographic series that emphasize the medium?s inherent capacity for narrative and representation. She pushes the limits of photography by incorporating Mohawk imagery, re-appropriating traditional stories such as Skywoman and The Peacemaker, and by focusing on contemporary subjects with wit, irony and campy humor. Niro marries portraiture, performance art and satire by having her subjects and herself perform for the camera in ways that gently invite audiences to rethink their beliefs and preconceptions about indigenous peoples and themselves. With compassion and deep insight, Niro opens up the fault lines and desires of gender, sexuality and culture to create images of freedom from the status quo in representation. Photography was a medium that helped subjugate indigenous peoples, but in Niro?s revolutionary hands it empowers

  • George Littlechild: The Spirit Giggles Within is a stunning retrospective of a career that has spanned nearly four decades. Featuring more than 150 of the Plains Cree artist's mixed-media works, this sumptuous collection showcases the bold swaths of colour and subtle textures of Littlechild's work. Littlechild has never shied away from political or social themes. His paintings blaze with strong emotions ranging from anger to compassion, humour to spiritualism. Fully embracing his Plains Cree heritage, he combines traditional Cree elements like horses and transformative or iconic creatures with his own family and personal symbols in a unique approach. George Littlechild: The Spirit Giggles Within shows the evolution of an artist from his earliest works to the present day, including hints of future directions and themes. An insightful foreword by artist and curator Ryan Rice, a Mohawk from the Kahnawake First Nation in Quebec, and Littlechild's reflections on each piece build a broad understanding of Littlechild's work, his life and his views on the role of art within all cultures

  • Eight artists from across Canada create works identify varying forms of nationhood that either serve or detract from the concept of a national accord. Each artist explores the idea of ₃anthem₄ through a wide-angle lens, broadening the national discourse to include not only colonial histories, but also distinctive and multicultural liberties that take various forms: treaties, blood, languages, sexual orientation, faith, and oral traditions. The dynamic range of art works exhibited contribute to a more inclusive national narrative and expose and accept the diverse forms of nationalism that exist across the country.

  • Catalogue d'exposition avec des textes de Ryan Rice, Françoise Charron, Emily Falvey et Hilda Nicholae.

  • Catalogue d'exposition avec des textes de Ryan Rice; Jason Baerg; Lori Blondeau; Martin Loft; Cathy Mattes; Nadia Myre; Ariel Lightningchild Smith.

  • Les années 1990 sont une décennie cruciale pour l'avancement et le positionnement de l'art et de l'autonomie autochtones dans les récits dominants des états ayant subi la colonisation. Cet article reprend l'exposé des faits de cette période avec des détails fort nécessaires. Pensé comme une historiographie, il propose d'explorer chronologiquement comment les conservateurs et les artistes autochtones, et leurs alliés, ont répondu et réagi à des moments clés des mesures coloniales et les interventions qu'ellesontsuscitéesdu point de vue politique, artistique, muséologique et du commissariat d'expositions. À la lumière du 150e anniversaire de la Confédération canadienne, et quinze ans après la présentation de la communication originale au colloque, Mondialisation et postcolonialisme: Définitions de la culture visuelle v, du Musée d'art contemporain de Montréal, il reste urgent de faire une analyse critique des préoccupations contemporaines plus vastes, relatives à la mise en contexte et à la réconciliation de l'histoire de l'art autochtone sous-représentée.

  • Western art history long refused to recognize the historicity of Indigenous art, seeing it instead as a "primitive" mode of human expression. While the dynamism of Indigenous creation since the 1960s has made such an assertion impossible, the institutional recognition given contemporary Indigenous art in the art world is paradoxically accompanied by a lack of critical and theoretical analysis. Today, there is a genuine ignorance concerning Indigenous conceptions of history-their "regime of historicity"-on the part of Western art historians. This is all the more surprising given the recent "temporal turn" taken by the discipline, which emphasizes the question of mixed temporalities without acknowledging it as an essential dimension of Indigenous art. This paper revisits Western art history's long-standing denial of the historicity of Indigenous art, and then considers its current disregard for the ways Indigenous art allows different forms of temporality to coexist. The underlying thesis of the essay is that today's disinterest is, in fact, a prolongation of yesterday's denial.

Dernière mise à jour depuis la base de données : 31/10/2025 05:00 (EDT)