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Cette thèse d’histoire des relations internationales examine la politique de la France à l’égard du Proche-Orient et de la question israélo-palestinienne entre 1981 et 1984, soit durant les trois premières années de la présidence de François Mitterrand. La problématique centrale cherche à déterminer dans quelle mesure cette politique s’inscrit dans une logique de continuité ou de rupture par rapport aux orientations de ses prédécesseurs, depuis Charles de Gaulle. Cette période constitue un moment clé de la diplomatie française au Proche-Orient, bien que l’historiographie se soit davantage concentrée sur les réformes intérieures du gouvernement socialiste. À travers l’analyse d’un vaste corpus d’archives, cette recherche éclaire les décisions et dynamiques qui ont façonné la politique française face au conflit israélo-palestinien, aux États arabes, aux relations avec les superpuissances ainsi qu’aux interactions avec Israël et les Palestiniens. Les pronostics qui annonçaient un revirement significatif de la politique proche-orientale française après l’élection de François Mitterrand en mai 1981 méritent d’être nuancés. Mitterrand et le Parti socialiste cherchaient à maintenir un équilibre entre leur proximité traditionnelle avec Israël et l’héritage diplomatique gaulliste, caractérisé par de meilleurs rapports avec le monde arabe. Toutefois, cette posture s’est heurtée aux réalités géopolitiques, notamment à la guerre du Liban, aux tensions croissantes avec la Syrie et aux divergences persistantes avec les dirigeants israéliens. Paris a tenté de promouvoir une solution diplomatique à la problématique israélo-palestinienne en encourageant l’OLP à emprunter la voie politique et à rechercher une reconnaissance mutuelle avec Israël, une stratégie qui s’est néanmoins révélée inacceptable pour Washington et Tel Aviv. Si Paris avait initialement affiché une volonté d’indépendance diplomatique, elle a progressivement dû s’aligner sur la stratégie américaine, brouillant ainsi son positionnement traditionnel d’intermédiaire dans la région. Cette période révèle les limites de l’influence française au Proche-Orient. Bien que la France ait cherché à affirmer son statut de puissance indépendante, elle a dû composer avec des contraintes stratégiques qui ont restreint sa marge de manœuvre. Cette thèse met en évidence un équilibre délicat entre l’héritage gaulliste, la préservation des intérêts économiques et la volonté d’adopter une posture active dans la région, tout en ne disposant que de leviers d’action limités sur le terrain.
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Étude de cas. Cette thèse porte sur un phénomène assez rare dans l’histoire industrielle du Canada : celui d’une compagnie basée sur l’innovation scientifique et technologique, et dont la propriété et la gestion ont été canadiennes. La Shawinigan Chemicals Limited, qui a existé pendant les sept premières décennies du vingtième siècle, représente à peu près le seul cas de ce phénomène dans l’industrie chimique. Le but de ce travail a été de comprendre les raisons de ses succès, ainsi que sa disparition rapide à un moment où elle était apparemment en pleine expansion. La méthodologie suivie a nécessité d’abord la sélection d’innovations représentatives à travers le temps (choisies avec l’aide des anciens membres de la compagnie) ; et ensuite la consultation des archives générales et scientifiques de la compagnie, qui étaient d’ailleurs en train de se perdre au cours du déménagement du siège social de l’héritier de Shawinigan Chemicals, Gulf Canada, de Toronto à Calgary en 1985. Un effort a été fait afin de comprendre les innovations dans le contexte de la firme — l’essor de la R-D industrielle, les étapes de l’innovation, la taille de la firme, etc. — à travers les travaux de Mansfield, par exemple, et de l’étude SAPPHO de C. Freeman et ses collègues sur le succès et l’insuccès dans l’innovation. En plus, divers facteurs externes ont été étudiés, tels que les tailles et structures des marchés nationaux (surtout les conséquences du voisinage Canada–États-Unis), et les rôles comparés de l’offre technologique (technology push) par rapport à la demande du marché (market pull). On a également étudié l’évolution de ces forces dans le temps. Finalement, la dynamique du processus de l’innovation (analysée par Utterback et Abernathy, entre autres) a été située dans le contexte du concept des new technology systems développé par Freeman et al., sur une base schumpétérienne. Cette perspective donne force à l’idée que le destin de la Shawinigan Chemicals était fortement lié à l’âge et à la condition des technologies dont elle se servait et des technologies concurrentes, ainsi qu’aux conséquences économiques et institutionnelles entraînées par l’évolution de ces technologies. Il est nécessaire d’aborder le cas de la Shawinigan Chemicals par deux voies au moins. La première, celle du développement régional, mettrait en évidence le fait que la Shawinigan Chemicals a été, pendant la majeure partie de son existence, une filiale de la Shawinigan Water and Power Company, et qu’elle opérait dans la Mauricie. Cette approche, dont l’étude est en cours à l’Université du Québec à Trois-Rivières et à Montréal, associerait certainement la disparition de Shawinigan Chemicals à la nationalisation de la compagnie-mère en 1963. Ici, on a choisi de mettre l’accent sur le positionnement de la compagnie au sein de l’industrie chimique dans l’économie nord-atlantique. Dans cette optique, le déménagement graduel de la compagnie (en l’occurrence vers Varennes et Montréal) met en évidence une vision dérégionalisée qui pouvait assurer l’avenir, mais dont l’ennemi principal s’est avéré être une nouvelle conjoncture technique, un nouveau technology system. Plus précisément, l’importance croissante des industries du pétrole après la Seconde Guerre mondiale a remis en question les bases économiques de nombreuses industries chimiques. Le cas de la Shawinigan Chemicals semble bien illustrer les aléas de cette mutation industrielle.