Votre recherche

Dans les auteurs ou contributeurs
Années
  • C’est par manque de contextualisation et faute d’avoir fait les distinctions nécessaires qu’on a tantôt exagéré, tantôt sous-estimé le rayonnement de Charles Maurras (1868-1952) et de son école au Canada français. L’influence de l’Église catholique, la culture politique franco-britannique ainsi que les exigences de l'histoire et du milieu n’autorisaient tout au plus dans la vallée du Saint-Laurent, qu'un accueil critique. Si le traditionalisme québécois, même sous sa forme groulxiste, ne peut attribuer ni sa naissance, ni son essor au maurrasssisme, il lui doit en revanche une plus claire conscience de lui-même.

  • Bien des observateurs jugent déplorable la situation de la jeunesse universitaire canadienne-française à la veille de la Première Guerre mondiale. Ils l'imputent prioritairement aux lacunes de l'institution universitaire et du collège classique. Lionel Groulx a lancé une enquête, qui a malheureusement tourné court, sur cette question qui le préoccupait. Ainsi se trouvait prolongé son apostolat auprès des collégiens: après le collège, l'université. Ses informateurs brossent un portrait impressionniste de la jeunesse étudiante des universités de Québec et de Montréal. Leur jugement, généralement sévère, attend d'être validé par la recherche.

  • L’aventure intellectuelle de Victor Barbeau trouve son unité dans une logique supérieure, l’anarcho-droitisme. L’aristocratisme moral d’un Moi intransigeant le guide et l’aiguillonne vers le traditionalisme doctrinal, à la fois nationaliste et solidariste. Sa critique de la démocratie libérale s’exprime dans un projet de réforme radicale, inspiré du corporatisme social et surtout du coopératisme. L’évolution de sa position dans la querelle régionaliste sert de révélateur. , Victor Barbeau’s intellectual journey finds its unity in the higher logic of rightist anarchism. He was guided and goaded by the moral aristocratism of an intransigent Self toward a conservative doctrine grounded in tradition, nation and community. His criticism of liberal democracy led him to a radical reformism inspired by social corporatism and above all cooperative theory. His successive judgements on regionalism are revealing.

  • Avant même d'avoir mis le pied en Europe, Lionel Groulx avait parcouru la France. L'histoire et la littérature, d'une part, la religion, la culture et le nationalisme canadiens-français, d'autre part, lui avaient fait faire ce voyage virtuel et paradoxal. Il y avait puisé en abondance des connaissances et des attentes, des images et des sentiments. Ses voyages réels dans la patrie de ses ancêtres lui ont fourni l'occasion de vérifier et de confirmer ses croyances et son idéologie plutôt que de les éprouver et de les transformer. Ses cinq séjours en France ne marquent une rupture ni dans sa vie, ni dans ses attitudes. Une admiration et un amour authentiques de la France, tenus en laisse par son esprit critique, n'ont fait de lui ni un francophile, ni un gallophobe, dans le sens que prêtait à ces mots le nationalisme traditionaliste canadien-français. , Even before he had ever set foot in Europe, Lionel Groulx had extensively traveled through France. This virtual and paradoxical travel, offered by history, literature, and French Canadian religion, culture and nationalism, had provided him with plenty of knowledge and expectations, images and feelings. Actually, going to his forefathers' motherland gave him a chance to check and confirm his beliefs and ideology rather than challenge and transform them. His five stays in France marked no departure in his life and attitude. True admiration and love for France coupled with a critical mind made him neither francophile nor gallophobe, in the nationalist-traditionalist French Canadian sense of the word.

  • André Vachon nous a quittés en 2003 après une vie consacrée à l'histoire et une riche carrière d'universitaire, d'archiviste, d'éditeur et d'administrateur. Ayant profité de ses conseils et recueilli ses confidences, Pierre Trépanier évoque ici l'érudit, l'humaniste et l'intellectuel qui ne confondait pas la critique avec le simple compte rendu ou la recension complaisante. Artisan du Dictionnaire biographique du Canada , André Vachon y a lui-même signé des articles qui demeurent des modèles historiographiques. Son Histoire du notariat , ses Ramas et plusieurs de ses collaborations aux Cahiers des Dix figurent aussi parmi ses meilleurs écrits. Fin connaisseur de la langue et maître-styliste, il était un remarquable écrivain, dont la prose concise et sobre rappelle, de façon personnelle, les classiques qu'il aimait tant. Au-delà de l'oeuvre, Pierre Trépanier nous fait découvrir l'ami, l'homme de foi et de convictions que fut André Vachon. , André Vachon left us in 2003 after a life devoted to history and an illustrious career as academic, archivist, editor, and administrator. As one who had André Vachon's confidence and who benefited from his advice, Pierre Trépanier recalls here the scholar, the humanist and the intellectual who did not mistake criticism for a simple report or a complacent review. An architect of the Dictionary of Canadian Biography , André Vachon himself wrote several articles that remain models of historiography. His Histoire du notariat and Ramas as well as several of his contributions to the Cahiers des Dix are among his best writings. A master stylist and language connoisseur, André Vachon was an outstanding writer whose sober and concise prose evokes, in a personal manner, the classics that he so loved. Beyond his works, Pierre Trépanier shows us the friend and the man of faith and conviction that was André Vachon.

  • Convaincu que la mission de l'université est non seulement professionnelle, mais encore culturelle, religieuse, morale et nationale, Lionel Groulx prépare un vade-mecum. Le portrait de l'étudiant idéal qui s'en dégage met en valeur la forte personnalité de ce dernier: il est à la fois un résistant, aux points de vue religieux et traditionaliste, et un collaborateur à l'édification d'une patrie plus juste et plus fraternelle. C'est déjà un citoyen et un « homme d'action » qui, dans le cadre de l'Association catholique de la jeunesse canadienne-française, poursuit sa formation intégrale. Il s'engage ici et maintenant, mais sous la quasi-tutelle du prêtre. Cette sorte de liberté surveillée accentue l'ambiguïté de la condition étudiante. , Convinced that the university's mission is not only professional but also cultural, religious, moral, and national, Lionel Groulx prepared a vade-mecum . It portrays an ideal student characterized by a strong personality: he is simultaneously a resistant from a religious and traditionalist point of view, and a collaborator in the making of a more just and fraternal homeland. He is already an active citizen who, through the Association catholique de la jeunesse canadienne-française , strives to perfect his education. He is committed here and now but under the supervision of the priest. This kind of supervised freedom emphasizes the ambiguity of the student condition.

  • Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le philosophe et essayiste André Dagenais se révèle un penseur traditionaliste vigoureux et dérangeant. D'inspiration scotiste, il bouscule les habitudes thomistes au sein de sa famille de pensée, la droite catholique et nationaliste. Quant à ses adversaires libéraux et progressistes, ils le tournent en dérision lorsqu'ils daignent s'en occuper. Le mutisme des philosophes et des théologiens à son endroit est rarement rompu. Le professorat dans un collège ou à l'université lui est interdit. Père de famille, il est forcé de se faire journaliste ou libraire, et de s'éloigner des siens. À travers la précarité, il réussit à rester fidèle à sa vocation d'intellectuel : non pas primum vivere , deinde philosophari , mais vivere et simul philosophari . Il mène de front l'offensive antithomiste et le combat national. Ardent promoteur du pluralisme chrétien, il croit que le second concile du Vatican sonne l'heure du triomphe. Mais la Révolution tranquille enclenche une dynamique qui aboutit au pluralisme laïque, soit hostile, soit indifférent à la pensée chrétienne. Paradoxalement il réussit enfin, à ce moment, à intégrer les cadres de l'enseignement collégial. Éternel marginal du monde intellectuel québécois, il cherche à opérer une sorte de dépassement-synthèse de la modernité, à la fois théoriquement, par la triadologie , et pratiquement, par le triadisme . Resplendirait alors une Cité nouvelle, temple de la Trinité, communauté des personnes et maison de Laurentie. Envers et contre tous, André Dagenais a maintenu l'honneur de penser en homme libre. , Just after the Second World War, the philosopher and essayist André Dagenais shows himself to be a vigorous and disturbing traditionalistic thinker. Scotist-inspired, he disrupts the Thomist customs in his school of thought, the Catholic and nationalist right. As for his liberal and progressist adversaries, they ridicule him when they deign to take notice of him. This silence of philosophers and theologians is but rarely interrupted. A college or university professorship is forbidden him. With a family to support, he is forced into journalism or bookselling and has to travel far from his own. Through precarity, he remains faithful to his vocation as an intellectual: not primum vivere , deinde philosophari , but vivere et simul philosophari . He manages both the anti-Thomist offensive and the national struggle at once. An ardent promoter of Christian pluralism, he believes that Vatican II is a triumph. But the Quiet Revolution unleashes a dynamic that leads to lay pluralism, which is either hostile or indifferent to Christian thought. Paradoxically, it is at this time that he finally succeeds in joining the ranks of college professors. Eternally at the fringes of the Québécois intellectual world, he seeks to implement a kind of redemption synthesis of modernity both theoretically through triadology and practically through triadism . A new civil society would then shine, a temple of the Trinity, a community of persons in the house of Laurentia. In the face of all opposition, André Dagenais maintained the honour of the free thinker.

  • La philosophie d'André Dagenais, le triadisme, est un spiritualisme dialectique d'inspiration augustino-scotiste. Fruit d'une élaboration persévérante, par « tâtonnements orientés », en de multiples livres, brochures et articles, elle heurte à la fois la modernité positiviste et un certain catholicisme thomiste. Elle suscite donc un double contingent d'adversaires, qui domineront la réception critique de l'oeuvre et refuseront d'engager sérieusement le dialogue avec le philosophe. Avant la Révolution tranquille, la critique conservatrice, dans l'ensemble, accueille favorablement une pensée qui ne révèle pas encore tout son potentiel contestataire, du moins jusqu'à la publication de l'Emmanuel , en 1956. À partir de ce moment, elle hésitera entre la condamnation, la condescendance et le silence, avec toutefois de notables exceptions. Ainsi, pendant de nombreuses années, le chanoine Lionel Groulx, le clerc de Saint-Viateur Gustave Lamarche et le jésuite Thomas Mignault entoureront le philosophe de leur sympathie fidèle et active. Du côté des « modernes », deux événements en sens contraire se produisent en 1963 et 1964. L'essayiste Guy Sylvestre se livre à un éreintement injuste de la production de Dagenais tandis que la parution de Vingt-quatre défauts thomistes brouille les cartes: d'aucuns ont vu un brûlot anticlérical là où il y avait, pour l'essentiel, une invitation pressante au pluralisme intra-ecclésial. Au cours des dernières décennies, malgré de rares appréciations assez bienveillantes, l'indifférence l'emporte sur l'hostilité. Mais l'oeuvre reste, enhardie par la rencontre du teilhardisme. Probe, exaltante, non-conformiste, elle intéressera les chercheurs de Sagesse, surtout les exemplaristes. Depuis Platon et Augustin jusqu'à Teilhard de Chardin et André Dagenais, ces derniers, en effet, ne cessent d'approfondir la doctrine de la participation dans leur quête du Bien Intelligible. , André Dagenais's philosophy, "le triadisme," is dialectic spiritualism of Augustinian-Scotist inspiration. The product of persistent elaboration through "educated trial and error" in numerous books, pamphlets, and articles, it was confronted both by positivist modernity and a certain Thomist Catholicism. This philosophy was opposed therefore by a dual contingent of adversaries that dominated the critical reception of its works and refused to engage in serious dialogue with the philosopher. Before the Quiet Revolution, criticism coming from conservative quarters was generally favourable towards this thought which had yet to reveal its contestatory potential at least until the publication of L'Emmanuel  in 1956. From that moment onwards, conservative criticism oscillated between condemnation, condescension, and silence with some notable exceptions. Indeed, for several years, Lionel Groulx, the Clerc de Saint-Viateur Gustave Lamarche, and the Jesuit Thomas Mignault were actively sympathetic to the philosopher. From the "modern" point of view, two events of a contrary nature occurred in 1963 and 1964. The essayist Guy Sylvestre pulled Dagenais's work to pieces while the publication of Vingt-quatre défauts thomistes confused the issue: whereas some saw inflammatory anticlericalism it is essentially a pressing invitation to intra-ecclesial pluralism. Over the last few decades, despite a few rather positive reviews, indifference has replaced hostility. But this work remains and is strengthened by the influence of Teilhardism. Upright, noble, and nonconformist, this philosophy will interest searchers of Wisdom, especially Exemplarists. All, from Plato and St. Augustine up to Teilhard de Chardin and André Dagenais, continue to develop the doctrine of participation in their search for the Intelligible Good.

  • L’historiographie récente du catholicisme québécois a passé pratiquement sous silence la vie et l’épiscopat de Mgr Paul Grégoire, archevêque de Montréal de 1968 à 1990. Pourtant, son épiscopat s’est déployé pendant une période cruciale de l’histoire du Québec et de l’Église catholique. Lorsque Mgr Grégoire devient archevêque de Montréal en avril 1968, le Québec vit encore sa Révolution tranquille, une période qui a vu l’éclosion au Québec de mentalités et moeurs nouvelles à l’enseigne du rejet du passé, sous l’impulsion d’une sécularisation et d’une déchristianisation déferlantes. De son côté, l’Église catholique vit son propre renouveau identitaire, fruit des travaux du Concile Vatican II, terminé depuis décembre 1965. C’est au confluent de ces deux renouveaux identitaires que l’épiscopat de Mgr Grégoire va prendre forme. L’archevêque de Montréal devra faire face à de nombreux défis inédits sur les fronts externes et internes. Ad extra, il devra prendre acte des défis d’une nouvelle donne sociale extrêmement défavorable à son Église, notamment sur le flanc de la confessionnalité du système d’éducation. Ad intra, il devra implanter les réformes conciliaires dans son diocèse, non sans avoir à affronter plusieurs résistances et incompréhensions, dont certaines deviendront des crises remettant en question la qualité de son leadership comme archevêque de Montréal. Au moment de sa retraite en mars 1990, Monsieur le cardinal Grégoire aura vu l’Église catholique perdre la majeure partie de son influence morale et spirituelle sur la société montréalaise et québécoise. Même si sa personnalité ne l’avait pas desservi dans ses efforts pour imprimer à l’Église de Montréal son orientation doctrinale, sa discipline et son style, on voit mal comment il aurait pu contrer significativement une évolution toute-puissante dans sa globalité. C’est ce que révèle le bilan de son épiscopat.

Dernière mise à jour depuis la base de données : 18/07/2025 13:00 (EDT)

Explorer

Années

Professeur.e.s honoraires et émérites

Thèses et mémoires