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Thèses et mémoires
  • Quels sont les liens entre le renforcement du pouvoir monarchique, d’évolution des méthodes de prédication et la persistance des identités religieuses minoritaires? Au XVIe siècle, les vieux chrétiens d’Espagne ont fait des efforts considérables pour convertir tous les infidèles à la foi catholique. Après avoir contraints les musulmans d’Espagne à se faire baptiser, ils tentèrent de les amener à adhérer « de cœur » à la foi catholique et à se comporter en bons chrétiens. Pour cela, ils eurent recours tant à la persécution qu’à la prédication. Si les historiens ont déjà bien étudié la persécution, notre connaissance des campagnes de prédication demeurait parcellaire. Cette thèse se propose d’y remédier en étudiant les méthodes d’évangélisation des Morisques valenciens entre 1492et 1570. Pour y parvenir, cette thèse étudie les manuels publiés pour soutenir l’effort missionnaire tout au long du siècle. Elle propose que les méthodes d’évangélisation des prédicateurs ont évolué d’une période privilégiant les arguments polémiques à une période mettant l’accent sur l’instruction catéchétique. Ce faisant, les méthodes employées ont mis davantage l’accent sur la responsabilité des Morisques dans le processus de leur propre conversion, plutôt que sur la responsabilité reposant sur le prédicateur de les convaincre d’adhérer au catholicisme. Nous avons ainsi constaté que le passage à ce que nous avons qualifié de « période catéchétique » correspond à l’augmentation en intensité des persécutions. En étudiant les campagnes de prédication dans le royaume de Valence, cette thèse reconstitue les situations où les manuels de polémique (les « antialcorans ») et les catéchismes étaient utilisés. Elle montre comment les méthodes des prédicateurs étaient déterminées par les cadres institutionnels établis. Le passage de la polémique au catéchisme a été guidé en partie par le contexte européen de la réforme, qui incitait à bannir la polémique religieuse en langue vernaculaire et à catéchiser les populations, et en partie par les enjeux sécuritaires qui faisaient craindre toute révolte des Morisques. Les prédicateurs furent ainsi incités à faire preuve le plus souvent de discrétion. Par ailleurs, les campagnes ont considérablement été handicapées par la contradiction qu’il y avait à considérer les Morisques à la fois comme des musulmans qu’il fallait convaincre, des nouveaux convertis qu’il fallait instruire et des mauvais chrétiens qui devraient être châtiés. En conclusion, la thèse propose une redéfinition du concept d’intégration qui soit adaptée à la réalité de l’histoire morisque et suggère des explications pour comprendre comment les dynamiques disciplinaires de la Monarchie catholique espagnole ont favorisé le repli des Morisques sur leur ethnicité.

  • Comment les établissements hospitaliers d’Ancien Régime marquent-ils les corps des personnes qui y séjournent et y officient ? À partir du milieu du XVIIe siècle, l’espace français fait l’objet d’une réforme hospitalière menée de concert par l’Église de la Réforme catholique et l’État en voie d’absolutisme. La création des Hôpitaux Généraux dans l’ensemble du royaume, jusqu’en terre coloniale, a pour effet de progressivement préciser le rôle des Hôtels-Dieu, et de contribuer à la mise en place d’un réseau d’institutions hospitalières au sein desquelles se côtoient laïcs et religieux, soignants et malades, hommes et femmes. Afin d’appréhender les principales situations où ce processus se met en place, nous avons analysé les établissements parisiens sur lesquels les volontés étatique et religieuse s’expriment pleinement, un territoire provincial – l’Auvergne – qui, éloigné du centre du pouvoir royal, adapte le fonctionnement hospitalier à son territoire, et un espace colonial – la vallée du Saint-Laurent au Canada – où l’implantation des institutions hospitalières répond à la fois à la volonté de l’Église missionnaire et des autorités coloniales, tout en devant répondre aux besoins d’une population particulière. Notre thèse propose de montrer comment ces différents pouvoirs que sont l’Église, la volonté soignante et le genre s’entremêlent au sein des hôpitaux, et s’exercent sur l’ensemble des personnes qui participent à la vie des établissements depuis le début de cette réforme hospitalière jusqu’à la fin du XVIIIe siècle Pour ce faire, cette thèse convoque des documents divers issus des fonds d’archives des hôpitaux et des communautés hospitalières. En croisant les textes prescriptifs et les sources témoignant des pratiques hospitalières, ce travail montre que les corps des agents de l’institution comme ceux des usagers subissent un processus de disciplinement relativement similaire, tout particulièrement dans le domaine religieux. Elle souligne de plus la répartition du pouvoir entre les femmes et les hommes qui évolue, au cours de la période étudiée, au bénéfice de ces derniers sous l’effet d’un phénomène de professionnalisation des métiers soignants encadrés par les autorités laïques. En comparant trois territoires, cette thèse montre de plus comment les institutions s’adaptent à des contextes différents. Elle permet ainsi de faire ressortir, notamment à travers une analyse de l’espace hospitalier, les similitudes entre la situation auvergnate et la situation canadienne, du moins au cours des décennies de paix pour la colonie. En revanche, la colonie se distingue nettement de la métropole par le primat accordé au religieux tout au long de la période, qui s’achève avec la Conquête, tandis que les établissements métropolitains, d’abord ceux de Paris puis d’Auvergne, témoignent d’une orientation qui accorde de plus en plus de place et de pouvoir aux questions médicales laïques.

  • En France, le XVIIe siècle est marqué par deux phénomènes qui concourent à modifier les rapports entre l’État et le territoire. Le premier est l’expansion des frontières du royaume, motivée par des considérations politiques et stratégiques en métropole, doublées d’un intérêt économique outre-mer. Le second est la participation grandissante de l’État dans les projets d’aménagement hydrauliques, tels que la création de nouvelles voies navigables et l’assèchement des marais. Ce mouvement de mise en valeur du réseau hydrographique visant à répondre aux impératifs de la monarchie française à l’échelle du royaume, c’est-à-dire garantir sa puissance en développant son économie et en protégeant son territoire, permet donc de situer la question suivante au cœur de cette recherche : quelle part prend la gestion de l’environnement dans l’expansion de la souveraineté française sur des espaces nouvellement agrégés en Europe et outre-Atlantique ? En quoi l’administration des cours d’eau, les atouts qu’ils représentent et les contraintes qu’ils imposent, participe-t-elle de l’intégration de ces territoires ? En s’appuyant sur les apports récents de l’histoire environnementale, la thèse propose une comparaison entre l’Alsace et la Nouvelle-France qui analyse les modalités d’appropriation des territoires nouvellement agrégés à la couronne de France, à la lumière des interactions entre les pouvoirs publics, les populations et le milieu. En tenant compte à la fois de la dimension matérielle du rapport à l’eau, mais aussi de ses dimensions culturelle, politique et sociale, l’analyse des sources produites par et pour le pouvoir royal montre que, tant lors de la conquête que pour l’administration du territoire, le réseau hydrographique est pris en compte pour répondre aux objectifs politiques, militaires et économiques de la France. La thèse met ainsi en lumière la part prise par la gestion de l’environnement dans les mécanismes d’appropriation du territoire, une part capitale dans le cas d’espaces récemment rattachés au royaume. De fait, dans sa stratégie d’expansion de sa souveraineté, l’État s’affirme comme acteur de la gestion des cours d’eau à travers une action protéiforme. Ce sont surtout les représentants du pouvoir royal dans la province et dans la colonie qui contribuent à légitimer l’action de la monarchie et à asseoir l’autorité du roi par l’encadrement des pratiques et des aménagements des cours d’eau. La capacité d’action des populations dont il faut pragmatiquement tenir compte, et les contraintes imposées par l’environnement hydrique se révèlent dans les discours et dans les mesures adoptées par le pouvoir central comme par ses relais. C’est ainsi que la perspective de l’hydro-histoire comparée, adoptée dans cette thèse pour analyser deux territoires très différents, permet de révéler le décalage entre ce qui pourrait être qualifié d’environnement perçu, sur lesquels se fondent les politiques générales et les grands projets d’aménagement, et l’environnement réel de chaque espace, dont les caractéristiques propres et les intérêts parfois contradictoires contrarient les desseins de la monarchie, poussée au compromis et à l’adaptation.

  • À cheval entre nature et culture, le poil et la chevelure humaine condensent un grand ensemble d’enjeux symboliques relevant de questions identitaires, religieuses, scientifiques, et autres. L’étude des discours et des pratiques concernant le poil représente, pour l’historien, une fenêtre sur l’évolution des mentalités d’une société donnée en ce qui concerne les perceptions de soi et de l’autre. S’inscrivant dans le courant intellectuel de l’histoire du corps, cette thèse s’intéresse plus précisément aux « systèmes trichologiques » dans la France de l’époque moderne (soit du XVIe au XVIIIe siècle). Elle se fonde sur l’analyse d’une grande variété de sources permettant de recouper différents types de discours touchant au poil : point de vue scientifique des médecins, physiognomonistes et historiens, point de vue prescriptif des traités d’éducation et de civilité, contrepoint exotique des récits de voyage et autres témoignages de « curiosités » ainsi qu’un suivi de l’évolution étymologique des mots pertinents au sein de dictionnaires et encyclopédies. La question centrale de cette thèse est celle du rôle du poil dans le façonnement de représentations servant à identifier, démarquer et hiérarchiser les groupes sociaux; et comment celles-ci évoluent de concert avec d’autres transformations historiques. Le premier chapitre s’intéresse au poil comme marqueur de différences individuelles. On y retrace une sorte de « langage » du poil, recensant les significations et connotations rattachées aux diverses manifestations pileuses : couleur, longueur, abondance, forme. Il y apparaît clairement que le poil joue un rôle important tant dans la mise en scène de soi que dans la lecture de l’apparence physique de l’autre. Le deuxième chapitre s’intéresse au poil en tant que marqueur de « genre ». On y examine la contribution des représentations de la pilosité dans la construction des identités masculines et féminines. Le poil s’interprète comme une manifestation extérieure de la nature des différents sexes et de leurs rôles dans la société, ce qui en fait un enjeu dans les relations de pouvoir entre les sexes et entre les gens du même sexe. Le troisième chapitre aborde le poil en ce qu’il permet de délimiter et hiérarchiser les classes sociales. On le voit participer aux modes et au processus de discipline des corps qui permettent aux élites, avec les perruques et le raffinement des conduites et des pratiques d’embellissement, de se distinguer autrement que par les vêtements. On retrace également une politique du poil qui s’étend au-delà du regard, l’état s’accordant le droit d’agir directement sur les corps – les chevelures, les poils – de ses sujets. Le dernier chapitre explore l’instrumentalisation du poil dans la construction d’un « autre » lointain et anormal : le sauvage d’outre-mer, l’enfant-loup, l’aberration de la nature. En caractérisant les poils de cas qu’ils situent aux frontières de l’humanité, les Français de l’Ancien régime exposent leurs propres présupposés sur la normalité et la civilisation. Cette thèse aboutit à un principe qui réunit et organise les signes de reconnaissance du poil à partir du regard construit et normé de ses propres poils que j’ai nommé « pilocentrisme ». Permettant de mettre en lumière le rôle du système pileux dans les modèles d’identification et de hiérarchisation, le concept de pilocentrisme peut ainsi servir de nouvelle catégorie d’analyse pour étudier les rapports de pouvoir dans l’histoire.

Dernière mise à jour depuis la base de données : 09/11/2025 13:00 (EST)

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