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  • L’évolution du débat sur la pensée navale en Angleterre de la décennie 1880, suivant la fin d’une période d’intenses changements technologiques dans les marines de guerre est marquée par le déclin d’un mode de réflexion matériel et l’ascension, à partir des années 1885 et 1886, de l’école historique de John Knox Laughton. Selon la méthode matérielle, populaire au cours de la période de transformation technique, la guerre sur mer est entièrement tributaire du Progrès, tandis que, pour les tenants de la méthode historique, des principes et des leçons immuables la régissent. À travers l’évolution de ce débat, on constate l’introduction, par la Jeune École française, d’une perspective matérialiste et de la stratégie navale comme objet de réflexion, et son exploitation par l’école historique anglaise. L’émergence de la stratégie comme sujet de débat coïncide donc avec le triomphe de l’école historique. Croyant que la torpille allait démocratiser la puissance navale en empêchant le belligérant le plus puissant d’user de sa maîtrise des mers, la Jeune École connut un succès fulgurant qui déborda des côtes françaises et atteint l’Angleterre. Néanmoins, les matérialistes anglais, demeurant beaucoup plus modérés que les français, furent finalement marginalisés par une école historique utilisant les exagérations de la Jeune École, dont les insuffisances sont apparues lors des manœuvres de l’été 1886, pour disqualifier entièrement la méthode matérielle. Étudiant les débats du Royal United Service Institution Journal, ce mémoire démontre l’existence, en Angleterre, au cours de la décennie 1880, d’un débat polarisé au contraire d’une historiographie ne montrant que l’ascension des précurseurs de Mahan et de l’école historique.

  • In 1814, an ending that no one could have anticipated brought back a dynasty swept by the winds of history twenty-five years ago. Returning to France, Louis XVIII restores their titles to the old nobility of the Ancien Régime, but "grants" a Charter which was intended to guarantee the liberal principles inherited from the Revolution. The « Restoration », the name given to the reestablishment on the throne of France of the former Bourbon dynasty, nevertheless raised many questions. What would happen to this new France that had emerged with the Revolution since 1789? Between 1814 and 1820, a period during which a liberal political program was established, the Royalists invoked the Revolution and the threats it put on the monarchy in order to fight it. The Liberals, on the other hand, saw in their royalist adversaries an old and embittered nobility, emerging once more from a distant past, and who badly conceals its secret desire to abolish the Charter and claim her former rights. This master’s thesis will discuss the divide that existed between two elites competing for political and social dominance. In the light of the debates of the time, we will see how Royalists and Liberals, the two major political groups of the period, articulated their speech. One theme appears particularly prominent: the Revolution. After two decades, it divides again. Worse, it was still relevant and its memory never ceased to occupy the political space.

  • Grégoire de Tours est l’un des auteurs les plus connus du haut Moyen Âge occidental puisque son œuvre principale, les Histoires, représente notre principale source d’informations concernant l’histoire mérovingienne du sixième siècle. L’objectif principal de cette thèse est de démontrer que ce texte essentiel représente une exhortation destinée à Théodebert II et Thierry II à ne pas s’affronter dans une nouvelle guerre civile. Ce travail est divisé en trois chapitres. L’introduction traite principalement de la question des destinataires visés par Grégoire, c’est-à-dire les fils de Childebert II, et cherche à montrer que les Histoires ont été écrites tardivement dans la vie de l’auteur et non au gré des évènements. Le deuxième chapitre (historiographie, rhétorique et les dix livres d’Histoire) illustre de quelle manière Grégoire a dénoncé la guerre civile et encouragé la collaboration entre les rois grâce aux normes du genre historiographique héritées de l’Antiquité tardive et aux stratégies rhétoriques reprises des écoles tardo-antiques. L’évêque de Tours cherche à souligner les conséquences désastreuses de ces conflits à la fois sur le royaume et la population et à associer ces guerres à des personnages détestés à la cour austrasienne. Le dernier chapitre (le rôle de l’évêque dans les Histoires) démontre que les évêques pouvaient également atténuer ou même empêcher les guerres civiles. Grâce à la représentation de l’évêque idéal transmise depuis l’Antiquité tardive, Grégoire s’est efforcé de valoriser ses collègues qui ont agi pour la paix et de dénoncer ceux qui fuyaient leurs responsabilités ou qui profitaient des tensions pour obtenir des avantages.

  • Cette thèse se propose de comparer exhaustivement trois systèmes de divination par voie de tirage au sort qui ont été contemporains dans l’antiquité tardive. À l’aide d’une analyse rigoureuse des thèmes évoqués, des stratégies rhétoriques employées, du vocabulaire présent et des probabilités d’obtention des réponses offertes, plusieurs points communs ressortent. Les énoncés positifs et négatifs se veulent, dans tous les cas, équilibrés et ils optent souvent pour des variantes temporelles afin de tempérer les prédictions. Lorsqu’ils ne s’appliquent pas à des questions spécifiques, ils misent sur l’imaginaire des consultations littéraires qui allie proverbes et éléments épiques, sans toutefois déroger des thèmes communs liés aux préoccupations quotidiennes des consultants. La rhapsodomancie s’inscrit dans cette mouvance et prouve à quel point l’épopée est une source propice à l’élaboration de systèmes oraculaires, sans jamais que le contexte narratif et littéraire des vers sélectionnés n’entre en jeu.

  • L’objectif de ce travail était d’apporter une réflexion sur les influences du colonialisme européen aux XVII-XVIIIe siècles. Ayant déjà rédigé mon mémoire de fin de maîtrise sur la Corinthe archaïque et ses colonies, j’ai souhaité approfondir la question, en choisissant de situer la problématique dans un contexte historiographique plus large, dans le temps comme dans l’espace. Plusieurs auteurs se sont intéressés aux réceptions de l’Antiquité à des périodes spécifiques (Grell et Alexandre le Grand en France, Richard et les influences antiques de la Révolution américaine,…). Cependant, aucune analyse sur le long terme n’avait encore été fournie, pas davantage qu’une réflexion de fonds sur la place de l’Antiquité dans la manière de penser les colonies en Europe moderne. Cet état de fait, de même que la relative rareté des sources modernes traitant des colonies grecques, m’ont obligé à élargir au maximum le champ de recherche, en y incluant des auteurs qui, s’ils ne se préoccupèrent pas de colonisation, recoururent néanmoins au précédent grec pour illustrer des problématiques de leur temps. Toutefois, il est possible de constater à quel point les répertoires historiographiques concernant la Grèce antique et ses colonisations se sont développés dans le courant de ces deux siècles qui virent l’apogée et la chute des premiers empires coloniaux européens en Amérique du nord. Si la comparaison à l’Histoire grecque ne relevait souvent que du Topos et de la propagande (comme dans le cas de la comparaison du Grand Condé ou de Louis XIV à Alexandre le Grand), son utilisation dans le cadre de controverses à plus large échelle outrepassait aussi le seul lieu commun pour s’inscrire dans un discours rhétorique plus approfondi. Le choix de la colonisation grecque comme modèle de comparaison s’imposait d’autant plus logiquement que les divers auteurs, depuis les premiers colons jusqu’aux pères fondateurs américains, insistaient sur les mérites économiques des colonies européennes. D’autres régimes, comme l’empire espagnol au XVIe siècle ou l’empire britannique au XIXe siècle, ont davantage recouru à une terminologie d’inspiration romaine. En effet, leur politique se fondait plus sur l’idée d’une extension impérialiste de l’État que sur une vision commerciale du colonialisme. L’article de Krishan Kumar demeure l’un des plus importants sur la question. La réception de l’Histoire des colonies grecques aux Temps modernes fut avant tout le fruit d’une tentative de définition du colonialisme comme phénomène global, et d’une volonté de situer les nations européennes dans un contexte remontant aux origines de l’Occident. À l’heure où l’Europe amorçait sa domination sur la totalité de la planète, et où la course à la colonisation s’accélérait, la majorité des auteurs s’abritaient derrière l’image de thalassocraties antiques qui, si elles ne dénotaient pas un pouvoir politique centralisé, n’en contribuèrent pas moins à imposer la culture fondatrice de la pensée occidentale à tout le bassin méditerranéen. Quant aux guerres qui poussèrent les puissances antiques les unes contre les autres, elles ne faisaient qu’augurer des conflits à large échelle que furent les guerres franco-britanniques du XVIIIe siècle.

  • Throughout the nineteenth century, the Ottoman Empire grew weaker and seemed headed for collapse. It became the object of the ambitions and rivalries of the European powers. Under its suzerainty, Syria, including the Mount Lebanon region, was a key area strategically since it dominated the access routes to India and southern and eastern Asia. France and England both tried to impose their influence by way of local communities. France acted through the Christian Maronites, while Britain used the Druzes. In the spring of 1860, trouble broke out between the two communities, resulting in the massacre of thousands of Christians. The European powers, at the behest of the government of Napoleon III, agreed to intervene by sending a commission of inquiry and troops. The expedition’s official mission was to help the Ottoman Empire to restore order and to protect Christians. This thesis shows that imperial France pursued political and economic goals with regard to Syria and Lebanon. The historiography had not previously analyzed in depth the real French mobile in this expedition. The political and economic ambitions were far more important in its decision to set in motion an expedition than the "humanitarian" Christian duty of providing protection or the satisfaction of the public opinion. Far from being deterred by the catastrophe of the massacre that threatened the survival of its protégés and therefore its influence in Syria, Paris, and especially its foreign minister E. Thouvenel, managed to turn the situation to his advantage. Skilfully using the desire of interference of other powers and its role as protector of Christians, France managed to corner England, which opposed the intervention, and justify it on principles far removed from its real objectives. The troubles finally represented for her an opportunity to widen the autonomy of the Mountain vis-à-vis the central authority of the Ottoman Empire and to increase the economic and political power of its clients through the revision of the administrative status of the region. In so doing, it has strengthened its influence in the eastern Mediterranean and moved a step closer to dominating Syria.

  • L’histoire des relations franco-japonaises est source de bien des surprises pour les historiens, ces deux pays n’ayant, à première vue, que peu de raisons de se rapprocher. La France du Second Empire est l’une des premières puissances à se rendre au Japon et elle démontre rapidement un vif intérêt pour le développement du Japon. Dès la signature des premiers traités en 1859, la présence française se développe pour atteindre son sommet quelques années plus tard. Malgré les changements de régime au Japon et en France, cette présence restera forte jusqu’au début des années 1880, avant de décliner. Qu’est-ce qui explique cet intérêt? Et, surtout, qu’est-ce qui explique le désintérêt de la France après les années 1880? Il n’y a que quelques auteurs qui ont tenté d’y trouver des réponses, et celles-ci sont, à notre point de vue, peu concluantes: soit la France agit pour faire grandir son prestige, soit elle agit en fonction de ses représentants. Nous tenterons dans le présent travail de cerner et, si possible, de trouver en utilisant une variété de sources françaises une autre cause plus convaincante comme explication de la position française au Japon. Serait-ce le commerce qui a motivé la France au Japon, notamment à cause de la crise du ver à soie? Serait-ce la religion, avec toute la question des persécutions des chrétiens? Ou encore, est-ce une raison plus globale liée à la colonisation de l’Indochine? Afin d’y répondre, nous avons étudié avec minutie les archives du gouvernement français ainsi que les données économiques de l’époque, afin de cerner l’importance qu’ont eue certaines raisons, telles la crise de la soie, les persécutions religieuses et la présence française en Indochine, dans les décisions du gouvernement français.

  • Ce mémoire a pour objectif d’analyser et de répertorier les productions historiographiques sur la race et le racisme dans l’Atlantique français au XVIIIe siècle. À travers nos lectures, nous avons pu constater que l’historiographie sur les colonies françaises, de plus en plus abondante, et l’approche privilégiant l’espace atlantique ont pris beaucoup d’importance depuis les vingt dernières années et cela a grandement influencé notre choix de diviser les productions historiographiques en trois catégories qui seront les trois chapitres de ce mémoire. Dans un premier temps, nous traiterons des travaux portant plus spécifiquement sur la race et le racisme où nous présenterons le débat quant à l’origine temporelle du racisme. Par la suite, nous présenterons certains travaux en histoire de l’esclavage dans l’Atlantique français qui relient le développement de l’esclavage et celui de la pensée raciale. Finalement, nous aborderons la question du racisme dans la métropole française au XVIIIe siècle en analysant les études qui ont été faites sur les questions des minorités noires et juives en France ainsi que les études sur la question coloniale à l’heure de la Révolution française. Par ailleurs, nous allons aussi présenter le désaccord qu’il y a entre les historiens quant à l’authenticité de la croyance des philosophes des Lumières en leur idéologie prônant la tolérance. Avec les nouvelles productions en histoire atlantique, il est évident que la conception de la race en France est le résultat d’une multitude de facteurs : culturels, scientifiques, économiques et politiques.

  • At the dawn of 1930s, Alsace shares a troubled past with France and Germany. While the region came again under French rule after the First World War in 1919, Paris has difficulty integrating Alsace in the Republic, because it does not understand that forty years of German control upset the region's life at the political, cultural, religious and linguistic levels. France does not perceive the sense of identity of the population and its will to preserve its values. The Alsatian separatism of the 1920s and the repression of the movement by the French authorities damage the relations between Paris and Strasbourg. Along with the tension of the 1930s, Adolf Hitler's arrival to power in 1933 in Germany radically modified the situation. The thesis examines how the French-speaking Alsatian press perceived the rise of Nazism in Germany from 1933 to 1939. Did Alsace question its allegiance to France, a country that demonstrated signs of weaknesses, and did not clearly understand Alsace? Or did it prefer a strong and stable Germany? By consulting newspapers of various political and religious orientations, such as Les dernières nouvelles de Strasbourg, Le nouvelliste d'Alsace, Le Lorrain et L'éclair de l'Est, the thesis analyzes the opinion of the Alsatian press on the German events in the 1930s. The French-speaking press was not in favour returning to the Reich. Nevertheless, the allegiance to France was not as clear as the historiography leads us to believe on this matter. Until March 1938, the French-speaking Alsatian press did not claim particular status, even if it was dissatisfied with the options available, as much on the side of France as on the side of Germany. The region's point of view changed regularly. While Hitler caught everyone's attention in 1933, the unstable political situation in France as well as the choices of the Popular Front are the target for the French-speaking Alsatian press from 1936. It was only when the war seemed inevitable that it lined up behind the French Republic.

  • Cette étude s’intéresse au village de squatters de Roc-d’Or, surnommé Putainville, qui apparaît en 1936 avant d’être détruit par le gouvernement provincial au milieu des années 1940. Notre but est de comprendre pourquoi cette agglomération, qui est érigée illégalement sur les terrains gouvernementaux et qui est réputée pour être un important foyer de déviance, est relativement tolérée pendant une décennie avant que les résidences soient détruites ou déménagées à Malartic. D’abord, nous expliquons pourquoi cette agglomération, sans reconnaissance légale et dans laquelle les résidents ne sont pas propriétaires des terrains sur lesquels leurs bâtiments sont érigés, apparaît en Abitibi-Témiscamingue au début des années 1930. Ensuite, nous nous intéressons à l’aspect physique et à la population de Roc-d’Or. Le taux de masculinité, la mobilité, la diversité d’emploi et l’origine ethnique des résidents sont analysés. De plus, nous nous penchons sur la mauvaise réputation de Putainville : autant le contrôle judiciaire que la présence du monde interlope sont étudiés. Finalement, comme les mœurs légères des résidents et l’influence du curé de Malartic sont souvent considérées comme étant à l’origine de la décision d’éliminer ce village, nous évaluons la pertinence de cette croyance et nous déterminons si d’autres motifs, notamment monétaire ou politique, sont aussi entrés en ligne de compte.

  • Avec le dénouement de la Deuxième Guerre mondiale, le problème des réfugiés en Europe devient un enjeu international. Plusieurs millions de personnes, que l’on nomme les Displaced Persons (DP), sont sans refuge et doivent recevoir une aide immédiate pour survivre. Même si la majorité de ces gens retourneront dans leurs pays d’origine, il reste encore des centaines de milliers de réfugiés en 1948. La seule solution concrète pour régler cette problématique est l’émigration des réfugiés dans des pays prêts à les accepter. Les Américains jouent un rôle crucial en acceptant 415 000 DP entre 1948 et 1952 grâce au Displaced Persons Act de 1948 et ses amendements en 1950 et 1951. Après d’âpres discussions entre les restrictionnistes et ceux qui défendent la libéralisation des lois d’immigration, naîtra le Displaced Persons Act (DP Act) signé avec beaucoup de réticence, le 25 juin 1948, par le président Harry S. Truman. Cette loi qui prévoit la venue de 202 000 DP en deux ans, contient des mesures jugées discriminatoires à l'endroit de certaines ethnies. Afin d'améliorer le DP Act, le Congrès effectue des recherches sur la situation des réfugiés toujours dans les camps en 1949 tout en étudiant l’impact de la venue des DP aux États-Unis entre 1948 et 1950. Cette étude est soumise sous forme de rapport, le Displaced Persons and Their Resettlement in the United States, le 20 janvier 1950. Ce mémoire propose une analyse minutieuse du rapport et de son contexte politique afin de démontrer le rôle important de cette étude dans le processus décisionnel du Congrès américain visant à accueillir un plus grand nombre de DP tout en posant les bases pour une politique d’accueil en matière de refugiés.

  • La présente recherche se propose de retracer la vie et l’œuvre du père jésuite Jean Pierron (1631-1701), qui, venu de Lorraine, a contribué à la réouverture des missions iroquoises en Nouvelle-France. Arrivé dans la colonie en juin 1667, Pierron, se fit introduire auprès des populations autochtones par Jean Talon, après quoi il eut en charge un territoire d'environ une demi-douzaine de villages agniers de la vallée de l'Hudson. Après avoir livré ses premières impressions, le jésuite mit au point son programme apostolique, faisant appel à une méthode « audio-visuelle » fondée sur le dessin didactique. Mais le jésuite fut aussi un formidable voyageur, qui se rendit non seulement en Iroquoisie, mais aussi en Nouvelle-Angleterre. Il semble bien que ce soit grâce à de précieux réseaux de connaissances en dehors de ceux de la Compagnie de Jésus qu'il put entreprendre un tel voyage. La biographie de ce missionnaire-polyglotte, diplomate et peintre, souligne entre autre choses, l’importance du contexte stratégique et politique plus vaste des missions françaises en Amérique au XVIIe siècle.

  • La figure des « pionniers » et des « pionnières » est devenue un référent culturel identitaire fondamental dans le développement de la mémoire collective québécoise. Nous montrons que ces objets culturels s’intègrent et participent à la représentation identitaire imaginée et conçue à l’intérieur d’un discours visant à affirmer une identité fondée en bonne partie sur l’histoire des Canadiens issus de l’immigration française du XVIIe siècle. La conjoncture politique du XIXe siècle favorise l’émergence d’un récit patriotique et d’un discours nationaliste conservateur, tissés par certains auteurs et appuyés par les élites politiques et les membres du clergé. Ces discours ont contribué à construire la nation canadienne et à l’inscrire dans un passé lointain et glorieux - dans l’imaginaire des « civilisations ». Dans cette perspective, l’objet culturel « pionnier » et l’objet culturel « filles du roi » sont mobilisés avec force dans la construction du passé magnifié de la nation canadienne. Nous nous intéresserons donc à la construction de l’image de ces deux figures pionnières dans les récits sur les origines nationales, ainsi qu’à leur utilisation dans le développement d’un sentiment identitaire canadien-français.

  • Le bailli d’Amiens, sous Philippe VI (1328-1350), intervenait fréquemment dans les principautés du Nord de la France que sont les comtés d’Artois, de Ponthieu et de Flandre. L’étendue de son ressort, ainsi que son emplacement stratégique, en firent une sentinelle du gouvernement central et un ardent défenseur des droits du roi. Agissant parfois avec trop de zèle, entrant ce faisant en conflit avec les juridictions urbaines, d’Église et seigneuriales, cet officier royal constituait un lien important entre les justiciables de sa circonscription et l’autorité royale des actes et lettres de laquelle il devait veiller à la transmission et l’exécution. De son côté, la cour du roi sembla approuver le travail du bailli, n’intervenant que rarement en réaction aux excès commis par ce dernier et confirmant l’essentiel des sentences du bailli jugées en appel.

  • Après les chocs de la crise des années 1930 et de la Deuxième Guerre mondiale, les conditions de production et la représentation de l'histoire du Québec entrent dans une phase de profondes mutations. Alors que s'enfièvre le débat autour des causes du « retard » de la société québécoise et l'enjeu de sa « modernisation », le savoir historique que convoque une nouvelle génération de jeunes universitaires entend offrir une nouvelle intelligibilité de l'être-ensemble francophone. L'« école historique de Québec », qui a réuni des figures historiennes majeures comme Marcel Trudel, Fernand Ouellet et Jean Hamelin, naît dans cette foulée de changements où elle configurera, dans ses querelles nourries avec l'école de Montréal, une matrice fondamentale de l'historiographie québécoise contemporaine. Objet familier de notre mémoire savante et constitutif du récit des origines de la discipline historique au Québec, l'« école de Québec » n'en demeure pas moins une sorte d'évidence héritée et non problématisée, dont la construction rétrospective dénote une finalité utilitaire et idéologique plutôt que proprement heuristique. Or, l'évidence apparente du sens que l'on a longtemps perçue dans cette « école » dissimule une complexité que cette thèse s'emploie à analyser plus finement. Qui sont Trudel, Ouellet et Hamelin? Quelle place occupent leurs travaux dans l'historiographie québécoise et canadienne? Quelles influences ont-ils agrégé? Quel « récit des origines » du groupe ont-ils accrédité? Dans quelle mesure se sont-ils mis au service d'une option politique? Face à la difficulté de parler d'une école au sens fort du terme en raison, notamment, de la variété de sa production historiographique, de l'absence d'une doctrine intellectuelle puissamment articulée chez ses membres et de la discontinuité des générations et des trajectoires individuelles qui l'ont caractérisée, notre recherche s'emploie à retracer l’histoire de ce groupe d'historiens aux contours flous, à mieux cerner son identité et situer son apport à la recomposition du champ intellectuel et historiographique québécois d'après-guerre. Notre thèse soutient que la position originale du trio lavallois fut d'avoir constitué, plutôt qu'une école de pensée, une « école d'activité » (Samuel Gilmore), organisée autour d'une conception semblable des pratiques et de la méthode historienne plutôt que d'une orthodoxie ou un modèle d'interprétation unifié et cohérent. Bien entendu, cette disposition n'a pas pour autant empêché ces historiens de se reconnaître un même « air de famille » et d'esquisser un horizon interprétatif commun. Dans une perspective alliant l'historiographie et l'histoire intellectuelle, cette étude lève le voile sur les cheminements, à la fois convergents et divergents, de trois historiens majeurs du Québec contemporain situés à l'intersection des champs universitaire, intellectuel et politique. Ce faisant, elle offre un point d'observation privilégié pour jauger les rapports évolutifs entre le savoir historique et la culture au Québec et cerner la particularité du « terreau » intellectuel lavallois dans la spécificité de ses réseaux nationaux et internationaux ainsi que de ses accointances avec la pensée antinationaliste, libérale et fédéraliste d'après-guerre.

  • This thesis is a survey of a rarely studied field of international relations. It is interested in the role of women’s sartorial fashion within the Franco-American postwar relations between 1946 and 1960. The analysis takes on the French perspective through the prism of the public authorities and diplomatic bodies, Parisian couturiers, and textile manufacturers. This orientation highlights the two fields on which these actors wish to see manifest an influence of fashion in the United States, namely commercial and prestige propaganda. In their perspective, these two forms of propaganda can be implemented either through indirect actions (press coverage of their fashion shows) or direct actions (shows organized to promote specific products or French production as a whole). The analysis is then completed by integrating the perspective of American fashion professionals (specialized press, manufacturers and retailers) and that of the American diplomatic bodies in France, and the study of customs statistics in order to evaluate, from the viewpoint of these historical actors, the degree of success of fashion as an instrument of French influence in the United States in regard of the initial French expectations. The research question answered by this thesis is: How important is fashion as an instrument of French influence in the United States after the Second World War? In order to answer it, the analyses procedes in three steps. On the one hand, the intersection of the historical contexts of fashion and Franco-American relations highlights the importance of the advent of the American superpower. This requires the French to adapt in terms of their production methods and their relationship to the American perspective of liberal and democratic modernity. On the other hand, the research was based on a chronological approach distinguishing between the 1946-51 and 1952-60 periods. The first one precedes the state intervention in favor of the Parisian couturiers and the second one is dominated by the state-sponsored Aid to Parisian couture. The thesis shows that the commercial influence of Parisian fashion in the United States did not materialize contrary to the couturiers’ claims and to the textile industrialists’ expectations. However, with respect to its influence through prestige propaganda, the situation is quite different. Long regarded as an ersatz to the commercial purpose of propaganda by the state – with the exception of the French diplomatic bodies that particularly appreciate its prestige purpose –, from 1957, France’s “rayonnement” through the dissemination of fashion ideas becomes key to French leaders. From then on, its role is to take advantage of the craving for Parisian fashion ideas to ensure a French presence – beyond fashion – in the American market: a mass market otherwise difficult to penetrate, being the largest in the world.

  • Ranging from contemporaries to observers of the XX and XIX centuries, the First World War is a part of human history difficult to portray that many have described as a “total war”. This concept, which is often employed as a synonym for a war of extreme intensity, is generally perceived from a material angle. In other words, it involves an all-out mobilisation of human, financial, and material resources. As part of this research, I focus on the intention to completely destroy the enemy at the risk of destroying oneself in the process. After all, why would actors think it logical to risk self-destruction in the war? Above all, this struggle needs to be perceived as logical, which would make it necessary for their own survival; it could even be perceived as desirable because it presages a better future. For this reason, the study of the Canadian case is quite instructive because this British dominion, without objectively being threatened with destruction, has participated in a war effort in a way comparable to Western European states. Hence, understanding the concept of Canadian “total war” of 1914-1918 can enable us to better understand total war efforts of other countries and other conflicts. In this dissertation, I propose a twofold discursive analysis based on images of war—drawings, caricatures, and posters. In the first part, a new “vocabulary” of total war common to the Allies and comprised of myths, images and key words geared to the articulation of a common war language is created in the in the international arena. In the second part, Canada adopts this language, albeit in a differentiated form, for political, ethno-linguistic cultural, and many other reasons. The dynamic of identity creation is borrowed from abroad (“Us”, the Allies against “Them”, the enemies of civilisation) and is transposed to the national level, culminating during the elections of December 1917. By observing how Canada reacted to the resulting stress of the total war effort of the Allies, it is possible to develop an alternative observation of political and social struggles of the Dominion at war that runs counter to traditional historiographies. I propose a portrait of Canadian society where identity, ideas, gender, and a sense of belonging to the Canadian community do not depend on one’s ethnicity, but rather on whether or not one supports the objectives of the total war put forth by the Allies. In brief, the sense of belonging to an international community of ideas at war—the Allies—, according to this analysis, is the guiding principle for nationalist Canadian actors.

  • Au terme de la Grande Guerre (1914-1918), rares sont ceux et celles qui ne rêvent pas d’un monde nouveau. Après quatre années de souffrance et d’angoisse, la paix s’impose comme une pulsion de vie qui touche toutes les populations impliquées dans le conflit, en premier lieu celles qui ont connu les combats sur leur propre territoire. Un nombre record de mouvements pour la paix émerge des cendres de la guerre, dont plusieurs sont spécifiquement féminins. Pour ces femmes, privées du droit de vote et donc exclues de la vie politique au sens traditionnel, ces mouvements apparaissent comme autant de nouveaux espaces d’actions politiques. À travers leur lutte pacifiste, elles investissent le champ politique et social, avec des débats qui n’ignorent aucune des grandes questions de l’entre-deux-guerres. C’est donc dans cette perspective que les femmes prennent parole : même si elles n’ont pas connu comme les hommes les champs de bataille, elles ont aussi souffert pendant le conflit et revendiquent le droit de « refaire le monde ». Ces quelques femmes sont toutefois longtemps restées dans l’ombre : doublement ignorées en raison de leur pacifisme et de leur sexe. L’historiographie de l’entre-deux-guerres en France a en effet longtemps négligé leur travail dans l’établissement de la paix et dans les relations internationales. Cette thèse cherche donc à combler un vide laissé par une historiographie trop longtemps axée seulement sur les hommes politiques et liant de façon trop stricte l’action politique et le droit de vote. À partir de l’analyse de cinq associations pacifistes féminines – la Section française de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (SFLIFPL), la Ligue des femmes contre la Guerre (LFCG), l’Union féminine pour la Société des Nations (UFSDN), l’Union fraternelle des femmes contre la guerre (UFFCG) et la Ligue internationale des mères et des éducatrices pour la paix (LIMEP) – notre recherche propose une nouvelle analyse des affaires internationales en abordant les questions de la paix, de la réconciliation franco-allemande et du désarmement au féminin. Elle met également en lumière les discours sur le rôle et la place des femmes dans la société de l’entre-deux-guerres et cherche à comprendre comment les pacifistes contournent leur exclusion des affaires politiques et légitiment leurs démarches dans la construction de la société d’après-guerre.

  • Quels sont les liens entre le renforcement du pouvoir monarchique, d’évolution des méthodes de prédication et la persistance des identités religieuses minoritaires? Au XVIe siècle, les vieux chrétiens d’Espagne ont fait des efforts considérables pour convertir tous les infidèles à la foi catholique. Après avoir contraints les musulmans d’Espagne à se faire baptiser, ils tentèrent de les amener à adhérer « de cœur » à la foi catholique et à se comporter en bons chrétiens. Pour cela, ils eurent recours tant à la persécution qu’à la prédication. Si les historiens ont déjà bien étudié la persécution, notre connaissance des campagnes de prédication demeurait parcellaire. Cette thèse se propose d’y remédier en étudiant les méthodes d’évangélisation des Morisques valenciens entre 1492et 1570. Pour y parvenir, cette thèse étudie les manuels publiés pour soutenir l’effort missionnaire tout au long du siècle. Elle propose que les méthodes d’évangélisation des prédicateurs ont évolué d’une période privilégiant les arguments polémiques à une période mettant l’accent sur l’instruction catéchétique. Ce faisant, les méthodes employées ont mis davantage l’accent sur la responsabilité des Morisques dans le processus de leur propre conversion, plutôt que sur la responsabilité reposant sur le prédicateur de les convaincre d’adhérer au catholicisme. Nous avons ainsi constaté que le passage à ce que nous avons qualifié de « période catéchétique » correspond à l’augmentation en intensité des persécutions. En étudiant les campagnes de prédication dans le royaume de Valence, cette thèse reconstitue les situations où les manuels de polémique (les « antialcorans ») et les catéchismes étaient utilisés. Elle montre comment les méthodes des prédicateurs étaient déterminées par les cadres institutionnels établis. Le passage de la polémique au catéchisme a été guidé en partie par le contexte européen de la réforme, qui incitait à bannir la polémique religieuse en langue vernaculaire et à catéchiser les populations, et en partie par les enjeux sécuritaires qui faisaient craindre toute révolte des Morisques. Les prédicateurs furent ainsi incités à faire preuve le plus souvent de discrétion. Par ailleurs, les campagnes ont considérablement été handicapées par la contradiction qu’il y avait à considérer les Morisques à la fois comme des musulmans qu’il fallait convaincre, des nouveaux convertis qu’il fallait instruire et des mauvais chrétiens qui devraient être châtiés. En conclusion, la thèse propose une redéfinition du concept d’intégration qui soit adaptée à la réalité de l’histoire morisque et suggère des explications pour comprendre comment les dynamiques disciplinaires de la Monarchie catholique espagnole ont favorisé le repli des Morisques sur leur ethnicité.

  • William Edward Burghardt Du Bois published The Souls of Black Folk in 1903. Du Bois pursued three different goals when he wrote his masterpiece. First, he argued that Booker T. Washington’s strategy of trading political rights for economic opportunities was not the best way to improve the condition of African Americans. Second, Du Bois highlighted the accomplishments and distinctive abilities of his people in order to undermine the pretended biological and moral superiority of Whites that often justified the pushback against equal rights for all. Third, Du Bois wished to inspire Americans to become better citizens by compelling his fellow countrymen to embrace the Founding Fathers’ ideals and higher moral standards. The writing of The Souls of Black Folk marks an important shift in Du Bois’ intellectual life because he recants the accommodationist rhetoric of his youth during this period. Some of the ideas introduced in The Souls of Black Folk can be traced back to the influence of Alexander Crummell and of Du Bois’ teachers at the University of Berlin. However, it is Du Bois’s field work in the black community of Philadelphia that made him realize both the degree of the inequalities faced by African Americans and the fact that hard work and enthusiasm are not enough to overcome such significant disparities.

Dernière mise à jour depuis la base de données : 05/11/2025 13:00 (EST)

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