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  • La présente recherche se propose de retracer la vie et l’œuvre du père jésuite Jean Pierron (1631-1701), qui, venu de Lorraine, a contribué à la réouverture des missions iroquoises en Nouvelle-France. Arrivé dans la colonie en juin 1667, Pierron, se fit introduire auprès des populations autochtones par Jean Talon, après quoi il eut en charge un territoire d'environ une demi-douzaine de villages agniers de la vallée de l'Hudson. Après avoir livré ses premières impressions, le jésuite mit au point son programme apostolique, faisant appel à une méthode « audio-visuelle » fondée sur le dessin didactique. Mais le jésuite fut aussi un formidable voyageur, qui se rendit non seulement en Iroquoisie, mais aussi en Nouvelle-Angleterre. Il semble bien que ce soit grâce à de précieux réseaux de connaissances en dehors de ceux de la Compagnie de Jésus qu'il put entreprendre un tel voyage. La biographie de ce missionnaire-polyglotte, diplomate et peintre, souligne entre autre choses, l’importance du contexte stratégique et politique plus vaste des missions françaises en Amérique au XVIIe siècle.

  • La figure des « pionniers » et des « pionnières » est devenue un référent culturel identitaire fondamental dans le développement de la mémoire collective québécoise. Nous montrons que ces objets culturels s’intègrent et participent à la représentation identitaire imaginée et conçue à l’intérieur d’un discours visant à affirmer une identité fondée en bonne partie sur l’histoire des Canadiens issus de l’immigration française du XVIIe siècle. La conjoncture politique du XIXe siècle favorise l’émergence d’un récit patriotique et d’un discours nationaliste conservateur, tissés par certains auteurs et appuyés par les élites politiques et les membres du clergé. Ces discours ont contribué à construire la nation canadienne et à l’inscrire dans un passé lointain et glorieux - dans l’imaginaire des « civilisations ». Dans cette perspective, l’objet culturel « pionnier » et l’objet culturel « filles du roi » sont mobilisés avec force dans la construction du passé magnifié de la nation canadienne. Nous nous intéresserons donc à la construction de l’image de ces deux figures pionnières dans les récits sur les origines nationales, ainsi qu’à leur utilisation dans le développement d’un sentiment identitaire canadien-français.

  • Le bailli d’Amiens, sous Philippe VI (1328-1350), intervenait fréquemment dans les principautés du Nord de la France que sont les comtés d’Artois, de Ponthieu et de Flandre. L’étendue de son ressort, ainsi que son emplacement stratégique, en firent une sentinelle du gouvernement central et un ardent défenseur des droits du roi. Agissant parfois avec trop de zèle, entrant ce faisant en conflit avec les juridictions urbaines, d’Église et seigneuriales, cet officier royal constituait un lien important entre les justiciables de sa circonscription et l’autorité royale des actes et lettres de laquelle il devait veiller à la transmission et l’exécution. De son côté, la cour du roi sembla approuver le travail du bailli, n’intervenant que rarement en réaction aux excès commis par ce dernier et confirmant l’essentiel des sentences du bailli jugées en appel.

  • Après les chocs de la crise des années 1930 et de la Deuxième Guerre mondiale, les conditions de production et la représentation de l'histoire du Québec entrent dans une phase de profondes mutations. Alors que s'enfièvre le débat autour des causes du « retard » de la société québécoise et l'enjeu de sa « modernisation », le savoir historique que convoque une nouvelle génération de jeunes universitaires entend offrir une nouvelle intelligibilité de l'être-ensemble francophone. L'« école historique de Québec », qui a réuni des figures historiennes majeures comme Marcel Trudel, Fernand Ouellet et Jean Hamelin, naît dans cette foulée de changements où elle configurera, dans ses querelles nourries avec l'école de Montréal, une matrice fondamentale de l'historiographie québécoise contemporaine. Objet familier de notre mémoire savante et constitutif du récit des origines de la discipline historique au Québec, l'« école de Québec » n'en demeure pas moins une sorte d'évidence héritée et non problématisée, dont la construction rétrospective dénote une finalité utilitaire et idéologique plutôt que proprement heuristique. Or, l'évidence apparente du sens que l'on a longtemps perçue dans cette « école » dissimule une complexité que cette thèse s'emploie à analyser plus finement. Qui sont Trudel, Ouellet et Hamelin? Quelle place occupent leurs travaux dans l'historiographie québécoise et canadienne? Quelles influences ont-ils agrégé? Quel « récit des origines » du groupe ont-ils accrédité? Dans quelle mesure se sont-ils mis au service d'une option politique? Face à la difficulté de parler d'une école au sens fort du terme en raison, notamment, de la variété de sa production historiographique, de l'absence d'une doctrine intellectuelle puissamment articulée chez ses membres et de la discontinuité des générations et des trajectoires individuelles qui l'ont caractérisée, notre recherche s'emploie à retracer l’histoire de ce groupe d'historiens aux contours flous, à mieux cerner son identité et situer son apport à la recomposition du champ intellectuel et historiographique québécois d'après-guerre. Notre thèse soutient que la position originale du trio lavallois fut d'avoir constitué, plutôt qu'une école de pensée, une « école d'activité » (Samuel Gilmore), organisée autour d'une conception semblable des pratiques et de la méthode historienne plutôt que d'une orthodoxie ou un modèle d'interprétation unifié et cohérent. Bien entendu, cette disposition n'a pas pour autant empêché ces historiens de se reconnaître un même « air de famille » et d'esquisser un horizon interprétatif commun. Dans une perspective alliant l'historiographie et l'histoire intellectuelle, cette étude lève le voile sur les cheminements, à la fois convergents et divergents, de trois historiens majeurs du Québec contemporain situés à l'intersection des champs universitaire, intellectuel et politique. Ce faisant, elle offre un point d'observation privilégié pour jauger les rapports évolutifs entre le savoir historique et la culture au Québec et cerner la particularité du « terreau » intellectuel lavallois dans la spécificité de ses réseaux nationaux et internationaux ainsi que de ses accointances avec la pensée antinationaliste, libérale et fédéraliste d'après-guerre.

  • This thesis is a survey of a rarely studied field of international relations. It is interested in the role of women’s sartorial fashion within the Franco-American postwar relations between 1946 and 1960. The analysis takes on the French perspective through the prism of the public authorities and diplomatic bodies, Parisian couturiers, and textile manufacturers. This orientation highlights the two fields on which these actors wish to see manifest an influence of fashion in the United States, namely commercial and prestige propaganda. In their perspective, these two forms of propaganda can be implemented either through indirect actions (press coverage of their fashion shows) or direct actions (shows organized to promote specific products or French production as a whole). The analysis is then completed by integrating the perspective of American fashion professionals (specialized press, manufacturers and retailers) and that of the American diplomatic bodies in France, and the study of customs statistics in order to evaluate, from the viewpoint of these historical actors, the degree of success of fashion as an instrument of French influence in the United States in regard of the initial French expectations. The research question answered by this thesis is: How important is fashion as an instrument of French influence in the United States after the Second World War? In order to answer it, the analyses procedes in three steps. On the one hand, the intersection of the historical contexts of fashion and Franco-American relations highlights the importance of the advent of the American superpower. This requires the French to adapt in terms of their production methods and their relationship to the American perspective of liberal and democratic modernity. On the other hand, the research was based on a chronological approach distinguishing between the 1946-51 and 1952-60 periods. The first one precedes the state intervention in favor of the Parisian couturiers and the second one is dominated by the state-sponsored Aid to Parisian couture. The thesis shows that the commercial influence of Parisian fashion in the United States did not materialize contrary to the couturiers’ claims and to the textile industrialists’ expectations. However, with respect to its influence through prestige propaganda, the situation is quite different. Long regarded as an ersatz to the commercial purpose of propaganda by the state – with the exception of the French diplomatic bodies that particularly appreciate its prestige purpose –, from 1957, France’s “rayonnement” through the dissemination of fashion ideas becomes key to French leaders. From then on, its role is to take advantage of the craving for Parisian fashion ideas to ensure a French presence – beyond fashion – in the American market: a mass market otherwise difficult to penetrate, being the largest in the world.

  • Ranging from contemporaries to observers of the XX and XIX centuries, the First World War is a part of human history difficult to portray that many have described as a “total war”. This concept, which is often employed as a synonym for a war of extreme intensity, is generally perceived from a material angle. In other words, it involves an all-out mobilisation of human, financial, and material resources. As part of this research, I focus on the intention to completely destroy the enemy at the risk of destroying oneself in the process. After all, why would actors think it logical to risk self-destruction in the war? Above all, this struggle needs to be perceived as logical, which would make it necessary for their own survival; it could even be perceived as desirable because it presages a better future. For this reason, the study of the Canadian case is quite instructive because this British dominion, without objectively being threatened with destruction, has participated in a war effort in a way comparable to Western European states. Hence, understanding the concept of Canadian “total war” of 1914-1918 can enable us to better understand total war efforts of other countries and other conflicts. In this dissertation, I propose a twofold discursive analysis based on images of war—drawings, caricatures, and posters. In the first part, a new “vocabulary” of total war common to the Allies and comprised of myths, images and key words geared to the articulation of a common war language is created in the in the international arena. In the second part, Canada adopts this language, albeit in a differentiated form, for political, ethno-linguistic cultural, and many other reasons. The dynamic of identity creation is borrowed from abroad (“Us”, the Allies against “Them”, the enemies of civilisation) and is transposed to the national level, culminating during the elections of December 1917. By observing how Canada reacted to the resulting stress of the total war effort of the Allies, it is possible to develop an alternative observation of political and social struggles of the Dominion at war that runs counter to traditional historiographies. I propose a portrait of Canadian society where identity, ideas, gender, and a sense of belonging to the Canadian community do not depend on one’s ethnicity, but rather on whether or not one supports the objectives of the total war put forth by the Allies. In brief, the sense of belonging to an international community of ideas at war—the Allies—, according to this analysis, is the guiding principle for nationalist Canadian actors.

  • Au terme de la Grande Guerre (1914-1918), rares sont ceux et celles qui ne rêvent pas d’un monde nouveau. Après quatre années de souffrance et d’angoisse, la paix s’impose comme une pulsion de vie qui touche toutes les populations impliquées dans le conflit, en premier lieu celles qui ont connu les combats sur leur propre territoire. Un nombre record de mouvements pour la paix émerge des cendres de la guerre, dont plusieurs sont spécifiquement féminins. Pour ces femmes, privées du droit de vote et donc exclues de la vie politique au sens traditionnel, ces mouvements apparaissent comme autant de nouveaux espaces d’actions politiques. À travers leur lutte pacifiste, elles investissent le champ politique et social, avec des débats qui n’ignorent aucune des grandes questions de l’entre-deux-guerres. C’est donc dans cette perspective que les femmes prennent parole : même si elles n’ont pas connu comme les hommes les champs de bataille, elles ont aussi souffert pendant le conflit et revendiquent le droit de « refaire le monde ». Ces quelques femmes sont toutefois longtemps restées dans l’ombre : doublement ignorées en raison de leur pacifisme et de leur sexe. L’historiographie de l’entre-deux-guerres en France a en effet longtemps négligé leur travail dans l’établissement de la paix et dans les relations internationales. Cette thèse cherche donc à combler un vide laissé par une historiographie trop longtemps axée seulement sur les hommes politiques et liant de façon trop stricte l’action politique et le droit de vote. À partir de l’analyse de cinq associations pacifistes féminines – la Section française de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (SFLIFPL), la Ligue des femmes contre la Guerre (LFCG), l’Union féminine pour la Société des Nations (UFSDN), l’Union fraternelle des femmes contre la guerre (UFFCG) et la Ligue internationale des mères et des éducatrices pour la paix (LIMEP) – notre recherche propose une nouvelle analyse des affaires internationales en abordant les questions de la paix, de la réconciliation franco-allemande et du désarmement au féminin. Elle met également en lumière les discours sur le rôle et la place des femmes dans la société de l’entre-deux-guerres et cherche à comprendre comment les pacifistes contournent leur exclusion des affaires politiques et légitiment leurs démarches dans la construction de la société d’après-guerre.

  • Quels sont les liens entre le renforcement du pouvoir monarchique, d’évolution des méthodes de prédication et la persistance des identités religieuses minoritaires? Au XVIe siècle, les vieux chrétiens d’Espagne ont fait des efforts considérables pour convertir tous les infidèles à la foi catholique. Après avoir contraints les musulmans d’Espagne à se faire baptiser, ils tentèrent de les amener à adhérer « de cœur » à la foi catholique et à se comporter en bons chrétiens. Pour cela, ils eurent recours tant à la persécution qu’à la prédication. Si les historiens ont déjà bien étudié la persécution, notre connaissance des campagnes de prédication demeurait parcellaire. Cette thèse se propose d’y remédier en étudiant les méthodes d’évangélisation des Morisques valenciens entre 1492et 1570. Pour y parvenir, cette thèse étudie les manuels publiés pour soutenir l’effort missionnaire tout au long du siècle. Elle propose que les méthodes d’évangélisation des prédicateurs ont évolué d’une période privilégiant les arguments polémiques à une période mettant l’accent sur l’instruction catéchétique. Ce faisant, les méthodes employées ont mis davantage l’accent sur la responsabilité des Morisques dans le processus de leur propre conversion, plutôt que sur la responsabilité reposant sur le prédicateur de les convaincre d’adhérer au catholicisme. Nous avons ainsi constaté que le passage à ce que nous avons qualifié de « période catéchétique » correspond à l’augmentation en intensité des persécutions. En étudiant les campagnes de prédication dans le royaume de Valence, cette thèse reconstitue les situations où les manuels de polémique (les « antialcorans ») et les catéchismes étaient utilisés. Elle montre comment les méthodes des prédicateurs étaient déterminées par les cadres institutionnels établis. Le passage de la polémique au catéchisme a été guidé en partie par le contexte européen de la réforme, qui incitait à bannir la polémique religieuse en langue vernaculaire et à catéchiser les populations, et en partie par les enjeux sécuritaires qui faisaient craindre toute révolte des Morisques. Les prédicateurs furent ainsi incités à faire preuve le plus souvent de discrétion. Par ailleurs, les campagnes ont considérablement été handicapées par la contradiction qu’il y avait à considérer les Morisques à la fois comme des musulmans qu’il fallait convaincre, des nouveaux convertis qu’il fallait instruire et des mauvais chrétiens qui devraient être châtiés. En conclusion, la thèse propose une redéfinition du concept d’intégration qui soit adaptée à la réalité de l’histoire morisque et suggère des explications pour comprendre comment les dynamiques disciplinaires de la Monarchie catholique espagnole ont favorisé le repli des Morisques sur leur ethnicité.

  • William Edward Burghardt Du Bois published The Souls of Black Folk in 1903. Du Bois pursued three different goals when he wrote his masterpiece. First, he argued that Booker T. Washington’s strategy of trading political rights for economic opportunities was not the best way to improve the condition of African Americans. Second, Du Bois highlighted the accomplishments and distinctive abilities of his people in order to undermine the pretended biological and moral superiority of Whites that often justified the pushback against equal rights for all. Third, Du Bois wished to inspire Americans to become better citizens by compelling his fellow countrymen to embrace the Founding Fathers’ ideals and higher moral standards. The writing of The Souls of Black Folk marks an important shift in Du Bois’ intellectual life because he recants the accommodationist rhetoric of his youth during this period. Some of the ideas introduced in The Souls of Black Folk can be traced back to the influence of Alexander Crummell and of Du Bois’ teachers at the University of Berlin. However, it is Du Bois’s field work in the black community of Philadelphia that made him realize both the degree of the inequalities faced by African Americans and the fact that hard work and enthusiasm are not enough to overcome such significant disparities.

  • The European project, through each of its milestones, outlines a new type of entity on the international scene, one which is a stranger to the nation state without being its better. From the intensification of European integration emerged a questioning on the nature of the interactions between national and European identity. In this respect, France represents a very interesting field of study as the country organised two referendums on European integration, one in 1992 and the other in 2005. The main goal of this research is to reveal the way in which the construction of a national discourse within the French public opinion is influenced by the deepening of European integration. The analysis covers both debate periods before the 1992 and 2005 referendums dealing with the ratification of the Maastricht Treaty on the Euro and the Treaty establishing a Constitution for Europe. This work is based on a press analysis covering both periods of debate. In order to study the evolution of the French perception of their national identity with the least political bias possible, this thesis relies on documentary resources comprising editorials and letters to the editor of four newspapers: Le Monde, Le Figaro, L’Humanité and Libération. The comparison of the identity discourses of 1992 and 2005 reveals that the relation of identification between France and Europe has drastically changed during this period. It went from a relation founded on alterity to a relation founded on shared values. In 1992, the French use the European idea as an identity referent around which they reaffirm the “frenchness” of their shared values. In 2005, the French national identity is not in question anymore. From now on, the debate turns around the values the French hope to see at the root of the European identity to which they are called to adhere. These values are henceforth drawn from the personal identity of each Frenchman rather than from an encompassing concept of the French national identity.

  • L’Amérique centrale, théâtre des dernières batailles rangées de la guerre froide, est aujourd’hui la région la plus violente au monde, selon les Nations unies. Notre étude s’intéresse à la forme de guerre irrégulière livrée par l’État guatémaltèque contre sa propre population pendant la deuxième moitié du vingtième siècle. À la lumière de rares témoignages d’exécutants et d’archives militaires et policières, nous examinons un mécanisme clandestin de répression dont les trois principales composantes – les enlèvements, la torture et les exécutions sommaires – pouvaient s’abattre sur toute personne soupçonnée, à tort ou à raison, de conspirer contre un statu quo d’exclusion. Au moment de leur articulation, ces moyens répressifs ont constitué un dispositif qui, à partir de 1966, s’est avéré d’une redoutable efficacité. Arme de prédilection des adeptes de la guerre antisubversive pendant plus de vingt ans, le dispositif permettait, telle une chaîne de production, l’accumulation des renseignements jugés indispensables à cette forme de guerre, ainsi que les cadavres dont l’absence éternelle ou la présence outrageuse sur la place publique servaient d’avertissement funeste à l’ensemble du corps social. Où chercher les origines d’un tel dispositif? À partir des ouvrages de référence cités dans le manuel de guerre contre-subversive de l’armée guatémaltèque, la réponse à cette question nous fera découvrir des parachutistes français pour qui la défaite militaire en Indochine et en Algérie pendant les années 1950 n’était pas une option et pour qui la victoire justifiait absolument tous les moyens. Le penchant de ces pionniers de la guerre hors-norme pour les cours magistraux, les entrevues et les articles, nous a permis d’étudier les méthodes qu’ils préconisaient et de repérer leurs traces au Guatemala. Alors que la guerre qui avait servi de prétexte au maintien du dispositif est terminée, sa très réputée efficacité assure encore aujourd’hui sa pérennité auprès de ceux qui peuvent s’offrir le service. En ce sens, la contre-insurrection se poursuit, et ce, malgré l’absence depuis une quinzaine d’années d’un conflit armé. Cette thèse aborde l’histoire de la guerre irrégulière et son déroulement au Guatemala. Les archives et les témoignages à notre disposition contredisent le déni des crimes commis dans les villes et les campagnes guatémaltèques, dont le génocide de 1982. Finalement, certains signes avant-coureurs indiquent que la violence et l’impunité actuelles au pays pourraient mener à la répétition de tels crimes à l’avenir.

  • Ce travail de recherche cherche à répondre à deux questions : Quels sont les liens sociaux liant les maîtres et ingénus aux dépendants, sont-ils plus importants entre ingénus et affranchis qu’entre ingénus et esclaves? Ont-ils une influence positive sur l’affranchissement des esclaves dans la Correspondance de Cicéron ? Cette étude évolue par thème, passant des liens amicaux, matrimoniaux, sexuels aux évaluations des maîtres et des patrons sur leurs esclaves et affranchis. Avant la conclusion, quelques pages seront également dévolues aux esclaves et affranchis absents de la Correspondance pour expliquer cette absence et les situer dans le contexte de la fin de la République romaine. L’étude des liens sociaux liant les dépendants aux maîtres, patrons et ingénus, dans une approche soulignant les liens amicaux, affectifs, maritaux et sexuels plutôt que les liens sociaux purement juridiques, a permis de prouver l’existence assez fréquente de liens amicaux et affectifs entre les dépendants (esclaves et affranchis) et les maîtres, les patrons et les ingénus dans la Correspondance. L’étude de la Correspondance démontre également que ses liens amicaux et affectifs étaient plus nombreux et plus soutenus entre affranchis et ingénus qu’entre ingénus et esclave, mettant en lumière l’importance des liens d’amitié et d’affection dans le processus d’affranchissement de certains esclaves.

  • Cette thèse lève en partie le voile sur l’histoire des sports féminins au Québec de 1919 à 1961, soit de l’âge d’or des sports féminins au Canada jusqu’à l’adoption de la Loi sur la condition physique et le sport amateur par le gouvernement fédéral. Elle montre comment les rapports de genre ont été re/produits dans les sports féminins en étudiant les discours et les pratiques, tout en portant une attention particulière à l’influence qu’exercent l’appartenance de classe, l’ethnicité et la religion sur les sports féminins. L’analyse se penche d’abord sur les discours des médecins, des professeurs d’éducation physique et des clercs de l’Église catholique pour étudier les prescriptions qu’ils ont formulées à l’égard de la participation sportive des femmes. Les idées de deux Montréalaises, Myrtle Cook et Cécile Grenier, sont ensuite examinées pour montrer comment elles contestent les discours dominants. Enfin, les pratiques sportives des femmes dans deux centres sportifs montréalais, soit la Palestre nationale et le Young Women’s Christian Association, ont été étudiées de manière détaillée afin de mettre en lumière les différences, mais aussi certaines similitudes, entre l’organisation des sports féminins dans les communautés francophones et anglophones de la ville. Cette thèse met en évidence les tensions qui découlent des rapports de genre, de classe, d’ethnicité et de l’appartenance religieuse, et qui sont présentes à la fois dans les discours et les pratiques. Comme ailleurs en Amérique du Nord et même ailleurs en Occident, les discours dominants au Québec ne sont pas univoques, alors que des vues divergentes les contestent et que les pratiques sont plurielles. Tout en s’inscrivant dans le mouvement plus large d’accès des femmes aux sports en Occident, les discours et les pratiques observables à Montréal s’en distinguent, notamment par la forte influence de l’Église catholique et par les tensions ethniques. Le Québec est donc un cas d’espèce tout indiqué pour mettre en lumière la complexité de la re/production des rapports de genre à travers l’analyse des sports féminins, l’étude de ce champ constituant en même temps une avenue de recherche fort stimulante pour mieux saisir l’entrée de la province dans la modernité.

  • Les relations franco-soviétiques font l'objet de nouvelles études depuis l'ouverture des archives russes après la chute du communisme au début des années 1990. La présente étude vise à cerner comment la presse française percevait l'URSS et ses relations avec la France entre 1932 et 1934. Cette période est cruciale, car elle correspond à l'arrivée du nazisme en Allemagne et à un certain rapprochement franco-soviétique. La prise du pouvoir par Hitler eut un impact majeur sur les relations entre les deux pays, mais ce ne fut pas toujours compris rapidement en entièrement. Les journaux analysaient la situation avec une perspective compromise par leurs opinions politiques ou leurs intérêts financiers. Néanmoins, nous observons une nette évolution de leurs points de vue sur les 21 mois étudiés ici. Cela est dû à l'aggravation de la menace allemande et à la politique menée par l'URSS et par une partie du corps politique français. Afin d'avoir un échantillon viable, nous nous intéresserons à quatre quotidiens majeurs : Le Figaro, Le Temps, Le Populaire et L'Humanité. Mis ensemble, ces journaux représentent l'essentiel du panorama politique français. Les journaux de droite se firent de moins en moins critiques vis-à-vis de l'URSS, sans pour autant abandonner leur méfiance. Ceux de gauche soutinrent le rapprochement, tout en restant incrédules quant à la situation réelle. Cette recherche en est une de la perspective de l'autre, du rôle des médias dans la société et de l'influence de l'idéologie politique.

  • The Great Peace of Montreal (1701) is a manifestation of the success of French-Amerindian diplomacy, highlighting the many cultural adjustments that allowed for a global alliance and peace between New France and the nations of the Pays d’en Haut. This study looks at the following decade, and the ways in which diplomatic relations between French and Natives developed in Montreal at the beginning of the 18th century. Examining the colonial correspondence that was sent back and forth from Versailles to Montreal, it analyses colonial discourses to better understand how diplomatic practices evolved, and how Montreal played a key role as the urban setting for these pluricultural negotiations. Although these letters present a Eurocentric point of view, a particular consideration was given to Native speeches given during peace negotiations that are transcribed in the correspondence, but also to everything left unsaid by the official correspondents. This study analyses first how diplomacy took place in Montreal, taking an interest in the actors, the urban setting and the practices that surround it. Then it observes the development brought to diplomatic practices by new political stakes in the early 18th century. Ending the analysis at the end of the War of the Spanish Succession (Utrecht, 1713), the thesis concludes that this decade contributed to the continuous strengthening of a pluricultural diplomatic tradition that was ingrained in the urban setting of Montreal.

  • This memoir examines Ai Weiwei’s life. Often portrayed as one of the most popular Chinese dissidents in the world, Ai Weiwei is depicted in Western media and governments as a brave opponent of the Chinese Communist Party who dares to defend the values of democratic systems. For its part, the Chinese regime prefers to present him as a disruptive element that has lost its Chinese identity. Through these different representations, we wonder who Ai Weiwei really is? More exactly, is he really a dissident? What values does he defend and why? What other aspects of his personality deserve our attention to better understand the person he is?In order to answer these questions, this memoir aimed to guide the analysis around the aspects of art, Internet and dissent in China. These three elements are closely linked to Ai Weiwei’s life and they offer the necessary tools to understanding our subject of study. Ultimately, we hypothesize that Ai Weiwei is not the character that governments and media around the world describe to us. The analysis reveals that he does not defend exclusively Western values and that he has not lost his Chinese identity. He shows activism attitude while art and Internet play a leading role in conveying his opinions. He officially became a Chinese dissident in 2011 when he was arrested, but he has since regained much of his freedom. In recent years, Ai Weiwei has redirected his activism towards issues that do not directly target the Chinese government to address human causes at the international level.

  • La question métisse en Indochine française est un sujet complexe sur lequel plusieurs auteurs ce sont attardés, mais qui constitue encore un riche terrain de recherches et d’analyses pour les historiens de la colonisation. Ce mémoire tente d’explorer les multiples dialogues et interactions entre la sphère publique indochinoise urbaine s’exprimant en langue française et les pouvoirs coloniaux métropolitains en ce qui a trait au traitement des enfants métis franco-vietnamiens considérés comme « abandonnés » lors de l’entre-deux-guerre. Il tend ainsi à démontrer l’utilisation politique faite de la question métisse par les pouvoirs français dans l’optique d’une légitimation coloniale visant à pérenniser leur système de domination. Dans ce processus, plusieurs réflexions journalistiques, témoignages et objets de propagande ont été confrontés au discours gouvernemental officiel afin de dresser un tableau holistique et synthétique des multiples ambiguïtés inhérentes au déploiement de la stratégie coloniale française en Asie du sud-est : la « mission civilisatrice ».

  • La dîme fut un impôt important qui permit à l’Église de se structurer au Moyen Âge. Elle reste pourtant méconnue des historiens, qui ont surtout considéré ses côtés économiques et religieux. Qu’en est-il toutefois des jeux politiques l’entourant? Poussé par un désir de comprendre la société médiévale et de démontrer les multiples facettes de la dîme, l’auteur de cet ouvrage a analysé trente et une chartes normandes datées du XIe au XIIIe siècle et majoritairement produites par les seigneurs de Tancarville, qui étaient alors chambellans de Normandie. Ces chartes sont presque toutes des confirmations de dons de dîmes destinées à l’abbaye Saint-Georges de Boscherville, nécropole des chambellans qui en furent les fondateurs à l’aube du XIIe siècle, et leur analyse, à la lumière de deux chapitres historiographiques traitant de la dîme, des seigneurs de Tancarville et de l’abbaye, a permis à l’auteur de démontrer que les dons de dîmes ont pu être utilisés dans le but d’affirmer l’autorité des chambellans sur les moines de Saint-Georges ou de faire accepter certaines clauses à ces derniers. L’étude de ces chartes a également permis de découvrir l’existence d’un document falsifié. En même temps, cette étude vient s’ajouter à d’autres plus anciennes pour synthétiser les connaissances et y ajouter une meilleure compréhension des richesses dont a pu jouir l’abbaye bénédictine. Elle vient aussi confirmer la valeur économique importante des dîmes. Enfin, ce mémoire publie quelques chartes inédites et propose une brève analyse du cartulaire de Saint-Georges de Boscherville rédigé au XIIIe siècle et encore méconnu de nos jours. En ce sens, il ouvre la voie à de nouvelles opportunités pour les chercheurs intéressés, puisqu’il effleure le contenu et les détails d’un document massif de deux cent vingt-six folios inédit à ce jour. Ainsi, si cette étude laisse bien des portes ouvertes derrière elle, elle a aussi su en éclairer quelques-unes.

  • Claude fut empereur romain entre 41 et 54 apr. J.-C., succédant à son neveu Caligula. Alors que les sources littéraires antiques témoignent de la faiblesse d’esprit d’un empereur dirigé par ses affranchis et par ses femmes, les documents épigraphiques et papyrologiques mettent en lumière un empereur soucieux de rendre la justice et dont les décisions tournées vers un pragmatisme lui ont valu le surnom d’empereur des citoyens. Cependant, si le personnage hors du commun a fait couler beaucoup d’encre, les spécialistes ne se sont attardés que très rarement à la province d’Égypte sous son règne, alors que celle-ci est pourtant aux prises avec un important conflit judéo-alexandrin qu’a mis au jour la fameuse Lettre de Claude aux Alexandrins. En lisant celle-ci, nous en apprenons non seulement sur le conflit en question, mais encore sur la citoyenneté alexandrine, le culte impérial et le témoignage direct d’une politique personnelle engagée de l’empereur Claude envers l’Égypte. Ce présent mémoire est divisé en quatre chapitres. Le premier examinera les traits du multiculturalisme égyptien sous la présence romaine. Le deuxième chapitre expliquera la crise qui opposa les Grecs aux Juifs d’Alexandrie et qui fut l’élément déclencheur d’une politique personnelle de Claude. Le troisième chapitre se penchera sur d’autres témoignages du reste de l’Empire pour mieux déterminer le caractère passif ou actif de Claude et évaluer si la Lettre est bel et bien de son initiative personnelle. Enfin, le quatrième chapitre abordera le sujet du culte impérial en Égypte pour s’intéresser au souci de légitimation et d’acceptation de l’empereur par ses sujets égyptiens.

  • Ce mémoire porte sur la continuité des rituels divinatoires païens dans le cadre du culte chrétien en Gaule du IVe au VIe siècle. Il comporte une introduction rapportant notre problématique, notre terminologie, notre méthodologie ainsi que nos sources principales. Par la suite, le développement aborde les rites divinatoires des Sortes Sanctorum, des Sortes Sangallenses et les rites d’incubation dans le culte de Saint Martin de Tours. Pour chacun de ces cas, nous étudions leur provenance, leurs sources, leur déroulement, leur évolution et les similarités qui permettent de faire un lien avec des rituels païens déjà existants. Nous avons vérifié l’existence de cette continuité et déterminé qu’elle passait par plusieurs phénomènes, l’acculturation gauloise des rituels gréco-romains, l’importation de rites christianisés en Orient et l’assimilation des pratiques païennes locales par le culte chrétien pour répondre à une demande de divination par la population.

Dernière mise à jour depuis la base de données : 30/12/2025 13:00 (EST)

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