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  • Cette thèse prend au sérieux le problème de la naturalisation de la « violence », à partir de l'analyse visuelle des photographies du livre classique La Violence en Colombie. Au lieu des acteurs sociaux et des coupables, le seul élément qui se distingue dans beaucoup des photos qui accompagnent le livre est l'idée de la violence comme une catastrophe naturelle. Au moment de la violence des années cinquante, on ne parlait pas des victimes comme c'est le cas aujourd'hui en Colombie. Au lieu de la figure contemporaine de la victime, qui a gagné du poids moral au début du processus de justice transitionnelle, la catégorie habituellement utilisée était celle du survivant, qui était liée aux catastrophes naturelles. Cette thèse vise à historiciser la relation entre l'État et le soin des victimes de la violence. Pour ce faire, j´analyse les archives de la Commission de Réhabilitation de 1959 et le Plan National de Réhabilitation qui commença en 1982. A partir de la lecture des archives je constate que l´idée su survivant reste encore l'agent social utilisé pour canaliser les aides aux « victimes ». Ainsi, au lieu d'espaces de mémoire, on a ouvert des opportunités pour le développement. L'analyse des archives du Plan National de Réhabilitation dans ses dossiers relatifs à la reconstruction des zones touchées par l'éruption du volcan d’Armero (1985) m'a amené à conclure que le processus de construction de l'État ne fait pas de différence entre différents types de tragédies, qu'elles soient supposées « naturelles » ou plus « politiques ». Au contraire, la préparation aux catastrophes devient un point de départ pour faire face aux conséquences de la violence. Ainsi, les savoirs nationales et transnationales accumulés pour que l'État puisse prendre soins des urgences faces aux désastres dites naturelles, ont été utilisés dans l’attention aux personnes violemment déplacées. Au lieu d'un État abstrait et totalisant, ce qui est clair dans la thèse, en ce qui concerne la question de sa relation avec la victime, est que ce que nous connaissons comme «État» correspond effectivement à un ensemble de pratiques. Beaucoup de ces pratiques, bien que présentées dans la vie quotidienne comme impartiales, désintéressées et techniques, impliquent un exercice de dépolitisation continue des histoires de violence. Tel sera d'abord le cas des personnes déplacées des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, dont le soin a été confié au Bureau de l'Assistance en Cas de Catastrophe créé à la suite de ce qui s'est passé en Armero. L'année 1985 a été choisie comme le début officiel de la reconnaissance des victimes par les institutions et la Lois des Victimes, mais c'est aussi l'année où les survivants seront intégrés aux rationalités de l'État dans son processus de construction inachevé. Au même moment où les victimes gagnent leur droit à avoir une histoire et une mémoire, leur dépolitisation est rendue officielle. C'est peut-être pour cette raison, je soutiens, que de nombreuses «victimes de la violence», en particulier celles du déplacement, apparaissent devant le pays sans texture régionale, morale ou historique.

  • Cette thèse a comme objectif de démontrer combien Alaric et ses Goths étaient Romains dans pratiquement toutes les catégories connues sur leur compte. Pour ce faire, l’auteur a puisé dans les sciences sociales et a emprunté le champ conceptuel de l’éminent sociologue Pierre Bourdieu. À l’aide du concept d’habitus, entre autres choses, l’auteur a tenté de faire valoir à quel point les actions d’Alaric s’apparentaient à celles des généraux romains de son époque. Naturellement, il a fallu étaler le raisonnement au long de plusieurs chapitres et sur de nombreux niveaux. C’est-à-dire qu’il a fallu d’abord définir les concepts populaires en ce moment pour « faire » l’histoire des barbares durant l’Antiquité tardive. Pensons ici à des termes tels que l’ethnicité et l’ethnogenèse. L’auteur s’est distancé de ces concepts qu’il croyait mal adaptés à la réalité des Goths et d’Alaric. C’est qu’il fallait comprendre ces hommes dans une structure romaine, au lieu de leur octroyer une histoire et des traditions barbares. Il a ensuite fallu montrer que la thèse explorait des avenues restées peu empruntées jusqu’à aujourd’hui. Il a été question de remonter jusqu’à Gibbon pour ensuite promouvoir le fait que quelques érudits avaient autrefois effleuré la question d’Alaric comme étant un homme beaucoup moins barbare que ce que la tradition véhiculait à son sujet, tel que Fustel de Coulanges, Amédée Thierry ou encore Marcel Brion. Il s’agissait donc de valider l’angle de recherche en prenant appui d’abord sur ces anciens luminaires de la discipline. Vint ensuite l’apport majeur de cette thèse, c’est-à-dire essentiellement les sections B, C et D. La section B a analysé la logistique durant la carrière d’Alaric. Cette section a permis avant tout de démontrer clairement qu’on n’a pas affaire à une troupe de brigands révoltés; le voyage de 401-402 en Italie prouve à lui seul ce fait. L’analyse approfondie de l’itinéraire d’Alaric durant ses nombreux voyages a démontré que cette armée n’aurait pas pu effectuer tous ces déplacements sans l’appui de la cour orientale. En l’occurrence, Alaric et son armée étaient véritablement des soldats romains à ce moment précis, et non pas simplement les fédérés barbares de la tradition. La section C s’est concentrée sur les Goths d’Alaric, où on peut trouver deux chapitres qui analysent deux sujets distincts : origine/migration et comparaison. C’est dans cette section que l’auteur tente de valider l’hypothèse que les Goths d’Alaric n’étaient pas vraiment Goths, d’abord, et qu’ils étaient plutôt Romains, ensuite. Le chapitre sur la migration n’a comme but que de faire tomber les nombreuses présomptions sur la tradition gothe que des érudits comme Wolfram et Heather s’efforcent de défendre encore aujourd’hui. L’auteur argumente pour voir les Goths d’Alaric comme un groupe formé à partir d’éléments romains; qu’ils eurent été d’une origine barbare quelconque dans les faits n’a aucun impact sur le résultat final : ces hommes avaient vécu dans l’Empire durant toute leur vie (Alaric inclus) et leurs habitus ne pouvaient pas être autre chose que romain. Le dernier chapitre de la section C a aussi démontré que le groupe d’Alaric était d’abord profondément différent des Goths de 376-382, puis d’autres groupes que l’on dit barbares au tournant du 5e siècle, comme l’étaient les Vandales et les Alamans par exemple. Ensemble, ces trois chapitres couvrent la totalité de ce que l’on connait du groupe d’Alaric et en offre une nouvelle interprétation à la lumière des dernières tendances sociologiques. La section D analyse quant à elle en profondeur Alaric et sa place dans l’Empire romain. L’auteur a avant tout lancé l’idée, en s’appuyant sur les sources, qu’Alaric n’était pas un Goth ni un roi. Il a ensuite analysé le rôle d’Alaric dans la structure du pouvoir de l’Empire et en est venu à la conclusion qu’il était l’un des plus importants personnages de l’Empire d’Orient entre 397 et 408, tout en étant soumis irrémédiablement à cette structure. Sa carrière militaire était des plus normale et s’inscrivait dans l’habitus militaire romain de l’époque. Il a d’ailleurs montré que, par ses actions, Alaric était tout aussi Romain qu’un Stilicon. À dire le vrai, mis à part Claudien, rien ne pourrait nous indiquer qu’Alaric était un barbare et qu’il essayait d’anéantir l’Empire. La mauvaise image d’Alaric n’est en effet redevable qu’à Claudien : aucun auteur contemporain n’en a dressé un portrait aussi sombre. En découle que les auteurs subséquents qui firent d’Alaric le roi des Goths et le ravageur de la Grèce avaient sans doute été fortement influencés eux aussi par les textes de Claudien.

  • En 1685, sous le règne de Louis XIV, au moment où la monarchie française voulut extirper l'altérité protestante en révoquant l'édit de Nantes (1598), trois contemporains, Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), Pierre Jurieu (1637-1713) et Pierre Bayle (1647-1706) élaborèrent des utopies dans lesquelles ils nous font connaître leur vision d'une France idéale. Ces trois utopies, nous voulons les restituer au cours de ce mémoire de maîtrise et souligner quelles sont leurs propositions respectives en matière de gouvernement et de relations interreligieuses. Nous aborderons leurs positions quant aux conséquences politico-religieuses de la Révocation. Et enfin nous dirons quel est le traitement que ces trois auteurs réservent dans leurs textes à la question de la tolérance étatique.

  • La seconde crise de Berlin (1958-1961) est un évènement majeur de la guerre froide. L'hypothèse de notre recherche remet en question le rôle du Canada et les perceptions négatives de l'Occident envers l'URSS durant cette crise. La recherche se divise en trois volets : premièrement, une revue de l'historiographie de la politique canadienne; deuxièmement, une présentation de la chronologie des évènements de la crise de Berlin, l'importance de la diplomatie multilatérale canadienne et la politique nucléaire de Diefenbaker; enfin, un examen de la politique étrangère soviétique. À partir de sources primaires et d'un bilan historiographique,il fut démontré que, durant la crise de Berlin, le Canada a réussi à influencer l'OTAN et à ménager les gouvernements américains et soviétiques. Quant à l'URSS, contrairement à l'image négative que l'Occident en avait, celle-ci a manifesté durant cette crise des intentions pacifiques envers l'Occident, contredisant les interprétations orthodoxes de la guerre froide.

  • Les médecins et autres écrivains de l’Ancien Régime qui ont décrié les effets néfastes de la mise en nourrice l’ont tenue en partie responsable de la forte mortalité infantile. L’habitude de confier l’allaitement et les soins de l’enfant à une femme autre que sa mère est présente dès le XIIIe siècle dans les milieux aristocratiques français. Bourgeois et autres citadins feront de même dès le XVIIe siècle. Transportée outre-Atlantique par les colons du Canada, la mise en nourrice a laissé de nombreuses traces dans les sources paroissiales, notariales et judiciaires de la colonie. Les démographes et historiens se sont penchés sur le phénomène dans le cadre d’études portant sur différents groupes sociaux (noblesse, « bourgeoisie ») ou populations (ville de Québec et l’ensemble du Canada sous le Régime français). Ils ont privilégié l’étude des nourrissons et de leurs familles. Ce mémoire s’intéresse à la mise en nourrice à Montréal et aux alentours des années 1680 aux années 1760. Il s’emploie d’abord à suivre le parcours de 436 nourrissons, décédés pour la plupart en bas âge : milieu socio-professionnel des parents connus, profil démographique, lieu d’accueil par une nourrice. Il étudie ensuite 245 femmes qui ont pris soin de ces enfants : leur parcours migratoire, les différents paramètres socio-démographiques de leur existence. Plusieurs de nos observations correspondent à celles d’autres chercheurs ou, du moins, ne les contredisent pas, tout en offrant une perspective montréalaise sur le phénomène. Au chapitre de l’inédit, citons l’élargissement, au XVIIIe siècle, de la gamme des professions exercées par les pères de nourrissons, ainsi que l’existence de plus d’un profil de nourrice, du point de vue de l’âge (et de la capacité à allaiter), de l’état matrimonial et du degré de vulnérabilité.

  • La métaphore de la famille a été utilisée, aussi bien à l’époque coloniale qu’à l’époque républicaine, pour illustrer le système politique idéal, la domination d’un groupe privilégié, les parents, sur une population obéissante, les enfants. Cette thèse survole les multiples facettes de la minorité en Équateur à l’époque coloniale et au début de l’époque républicaine (1760-1845), en se penchant sur les stratégies mises en place par l’État pour reléguer à un rang subalterne des individus n’appartenant pas à la catégorie raciale blanche métisse, c’est-à-dire les Indiens, les Noirs, les sang-mêlés, à travers un discours infantilisant. Elle s’intéresse aussi à la résistance d’individus refusant de se percevoir comme des mineurs et qui n’acceptaient pas l’ordre établi, les lois ou les décisions gouvernementales. En se présentant comme des parents compétents et en réclamant la patria potestad, l’autorité légale sur leurs enfants, des adultes considérés comme des enfants métaphoriques dans la grande famille patriarcale, par exemple des femmes, des pères indiens ou même des esclaves d’origine africaine, ont revendiqué plus d’autonomie pour eux, pour leurs familles, ou pour leurs communautés. Les guerres d’indépendance ont donné naissance à une république, la Grande-Colombie, et plus tard à un pays, l’Équateur. La figure symbolique du « parent » n’était plus incarnée par le roi d’Espagne et son appareil bureaucratique. Le système politique avait maintenant plusieurs « pères », membres d’un groupe restreint de Créoles qui, hier encore, se plaignaient d’être infantilisés par les Espagnols tyranniques. Les gens du peuple, en grande partie composé d’Indiens, étaient toujours considérés comme des « enfants » dans la nouvelle république. Comment expliquer que, dans une Nation désormais libre, des pans entiers de la population demeurent sous la tutelle d’hommes blancs? Une justification sera utilisée à répétition pour expliquer ce phénomène : l’ignorance du peuple et le besoin d’encadrement temporaire de celui-ci. Ainsi, s’est construit sur plus d’un siècle un véritable « mythe », celui d’une Nation en émergence où tous les citoyens seraient enfin placés sur un pied d’égalité, d’une Nation propre qu’on aurait nettoyée à l’aide d’écoles et de campagnes d’éducation populaire d’une tache tenace : celle de la Barbarie.

  • Paganism was a European reality for most of the medieval period. Missionaries and monarchs worked to reduce it through proselytism, conquest and assimilation of the various pagan populations. Many texts bear witness to these contacts between Christians and idolaters, while the chroniclers, recounting great events of their time, had no choice but to speak of the conflicts that broke out between them. Possessing writing unlike their pagans’ counterparts, Latin Christians thus left their vision of these strange adversaries. Tinged with numerous filters, the latter in no way represented historical reality, but rather the perception maintained by the elite with regard to heathenism. Thus, in this study, we propose to study this vision of otherness, while we examine the accounts of these contacts between Christianity and their pagan neighbours. Focusing on the period between 772 and 1283, we propose a case study, composed of four sets. In the first chapter, Charlemagne’s war against the Saxons between 772 and 804 will be discussed. Then, we will approach the Slavs who were fought by the Ottonians and the Salians between the Xth century and the great revolt of 1066. Third, we will focus on the Wendes against whom crusades were carried out between 1147 and 1185. Finally, we will conclude this analysis with a study of the Prussians during the crusades against them in the 13th century. By a qualitative analysis of the vocabulary used to characterize the heathens, we can highlight certain characteristics attributed to them, allowing, in conclusion, a comparative analysis thereby allowing a portrait of the evolution of the representation of pagans.

  • The memory of the French Revolution often refers to the victory of the Nation. The Revolution created the nation state, but also the standing army of citizen-soldiers, thus rejecting mercenary enterprise and the use of foreign troops. However, the reality is quite different, since the armies of the Revolution and of the many French Republic all had foreign contingents, the most famous being the French Foreign Legion. Even today, the use of private enterprise in warfare is again booming. During the warring period from 1740 to 1763, which saw two great European wars —the Austrian Succession (1740-1748) and the Seven Years (1756-1763) wars—become world wars, the use of foreign troops increased in the kingdom of France. It was not solely the case in the armies of the Rois Très-Chrétiens: foreigners served in all European armies, notably in those of England, Spain, Prussia, Austria and Russia. They were not only used to inflate the ranks of the armies, but also to seek expertise in military knowledge. In the middle of the 18th century, the Prussian model was in fashion and was introduced to France by the German standing foreign regiments. This phenomenon has been neglected by the literature and by the military history (except regarding Swiss and Irish troops). This research seeks to fill this gap. Using social and cultural history, as well as the history of representations, it aims at understanding who these foreign soldiers were, where they came from, and what were their motivations to serve for France. Ultimately, this thesis examines the German and the French military cultures in the 18th century and highlights the role of German foreign regiments in cultural and warfare transfers.

  • Montreal, like almost every North American city, was hit by the economic crisis in the 1930’s. One of the most important economic sector of the city, namely construction, greatly decreased its activities. Unemployment was the new reality for much of the population, and the consequence was a decrease in the living and housing conditions of working class families. The municipal state was pressed to address the question of sanitary housing and had to decide which interventions needed to be done to improve the living conditions of its citizens. The Commission on Sanitary Housing was formed especially to study, create and compile data on Montreal’s slums. These initiatives also gave the opportunity to members of the Commission to gather information from other North American as well as Western and Northern European cities. The Commission also had to produce urban renewal plans with the objective to destroy the slums on the city’s territory, and built salubrious housing to replace them. These plans, developed in a limited financial context, aimed to improve Montreal’s rental prospective and were a part of the major global urban trends of the first half of the 20th century. The City of Montreal needed to find original ways of intervention as well as create new ways of improving fiscal justice through the implementation of new taxes. This new income gave the City the opportunity to share with more equity the financial burden of the public administration. During this decade, Montreal developed different governing techniques which improved the city’s ability to manage its territory, through renewal plans as well as a more efficient planning of the urban development, and developed the opportunity to better manage the population living on its territory.

  • Ce mémoire porte sur l’immigration au Québec en comparant le point de vue des principales organisations représentant le monde patronal et le monde syndical de l965 à 1995. Les instances étudiées sont, du côté patronal : le Conseil du patronat du Québec (CPQ) et la Chambre de commerce du district de Montréal (CCDM). Du côté syndical, nous analysons le discours des principales centrales, soit la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ). Avec l'augmentation constante du nombre d'immigrants et la diversification de leurs origines, la période étudiée se caractérise par la volonté du gouvernement québécois de prendre en charge les politiques d’immigration et d’intégration des immigrants à la société québécoise. Désireux d'intervenir conjointement avec le gouvernement fédéral, il crée, en 1968, un ministère de l'Immigration. Tout au long de la période étudiée, des négociations entre les deux paliers de gouvernement se traduisent par des ententes qui définissent la marge de manoeuvre de l'État québécois et guident ses actions en matière d'immigration et d'intégration. Au cours des années 1980, l'État québécois se dote d'une politique d'intégration et d'encadrement des immigrants qu’il qualifie d’interculturalisme, destinée à promouvoir la reconnaissance de la pluralité ethnoculturelle et l'adhésion de tous les citoyens à la langue française. En participant aux consultations publiques du gouvernement et en présentant des réclamations, les organisations patronales et syndicales tentent d'influencer les politiques d'immigration. Chaque instance développe une manière particulière d’analyser les questions liées à l’immigration. Dans une large mesure, leurs discours se rejoignent sur l’idée que le gouvernement du Québec prenne en charge le domaine de l’immigration et sur l’apport bénéfique des immigrants pour la société québécoise. Bien souvent cependant, elles s’opposent sur les normes de sélection et sur la manière de mettre en application les politiques d’immigration.

  • Cette thèse s’intéresse à l’évolution du rapport à l’histoire et de la conscience historique dans la société canadienne de la première moitié du XIXe siècle et propose une analyse métahistorique de deux principaux corpus de sources : le matériel pédagogique employé dans les collèges classiques, ainsi que les ouvrages historiographiques et politiques marquants pour l’élite canadienne, des réflexions du politicien Denis-Benjamin Viger au Rapport Durham et aux écrits de William Smith, Michel Bibaud et de François-Xavier Garneau. En analysant ces sources à la lumière d’un outillage théorique issu de l’historiographie de la représentation du temps, je propose une relecture de la constitution d’une conscience historique nationale au Canada français. Je démontre que la « nationalisation » de l’histoire est un phénomène graduel qui s’est échelonné sur l’ensemble des trois premiers quarts du XIXe siècle. Si l’histoire nationale a mis du temps à s’imposer, c’est parce que la conscience historique du monde intellectuel canadien au tournant du XIXe siècle était modelée sur les principes philosophiques universalistes de l’humanisme et du christianisme. Loin d’être spécifique aux Canadiens, cette mutation de la représentation de l’histoire s’insère dans un large mouvement occidental qui a été abondamment observé et commenté par l’historiographie. Enchevêtrées dans une histoire commune avec la « disciplinarisation » de l’histoire, la catégorisation des peuples et leur projection dans le temps n’est ni une évidence ni une nécessité, mais plutôt le produit d’une évolution culturelle partagée à travers le monde atlantique.

  • Alors que la Première Guerre mondiale fait encore rage, le banquier et philanthrope Albert Kahn, crée, en 1916, le Comité national d’études sociales et politiques (CNESP). Composé d’intellectuels français, le CNESP se réunit une fois par semaine, et ce, jusqu’en 1931, afin de discuter des plus chauds sujets de l’heure. Résolument tourné vers l’international, ce comité, bien que les membres soient exclusivement Français, reçoit un nombre important de conférenciers étrangers et s’intéresse grandement à ce qui se passe à l’extérieur des frontières de la France. Ce mémoire, qui s’inscrit dans les courants de l’histoire internationale et l’histoire intellectuelle, met l’accent sur cet intérêt pour les sujets internationaux et étudie la conception que se fait le CNESP de l’internationalisme durant la période de l’entre-deux-guerres. L’analyse des procès-verbaux des rencontres révèle que le comité a une vision de l’international qui s’exprime sur deux niveaux. D’abord, il entrevoit l’international comme quelque chose d’objectif : le système international doit être organisé selon les principes de paix par le droit et les problèmes à caractère global doivent être solutionnés selon les méthodes objectives de la science. Ensuite, l’étude des considérations subjectives derrière de telles prétentions d’objectivité dévoile une conception de l’international qui est influencée par une forte croyance en l’universalisme des valeurs françaises. La conception de l’international génère donc une dynamique d’exclusion qui s’exprime plus particulièrement à travers un langage métaphorique lié à la famille.

  • This study analyses school theatre practiced at the Congrégation Notre-Dame between 1850 and 1920. We will explore this poorly studied phenomenon as well as its implication in the girls’ gender building at the Congrégation. It is divided in two main sections. In the first, we will look at the reasons why theatre was practiced, while discovering the pedagogic and material objectives which theatre fulfilled in the congregation, after figuring out the origins of this practice by going back to its foundation by Marguerite Bourgeoys. Despite its advantages, theater found a fierce opponent in Mgr Édouard-Charles Fabre. He played an influential role on the practice’s development curve. We will also discuss the morality of feminine school theatre, which was tolerated under some bishops but challenged by Mgr Édouard-Charles Fabre. In the second part of this study, we will seek to understand how theater was practiced by analysing its representations and relative available texts. We will analyze the themes and gender used as well as their reproduction through a study of staging, costumes and decors. By creating this general perspective, we will identify the gender’s elements being proposed to girls and the process by which theater allowed for the integration of these elements.

  • L’historien n’écrit pas de nulle part. Ancré dans son présent et participant à la société, il en épouse – ou critique – les projets, les utopies et les grands récits. Nous proposons dans ce travail d’approfondir cet ancrage à travers une histoire croisée et comparée des expériences du temps de deux historiens français (Michel de Certeau, François Furet) et d’un historien-sociologue québécois (Fernand Dumont). Notre objectif est double : il s’agit d’établir, dans un premier temps, les correspondances entre leurs expériences lors de deux tournants, celui des années 1960 et celui des années 1970. Tout en prenant en compte les contextes des auteurs à l’étude, nous élargirons l’échelle d’analyse afin de cerner la contemporanéité d’expériences du temps qui ne se réduisent pas aux seuls cadres nationaux. Nous pourrons ainsi établir les coordonnées des régimes d’historicité à chaque tournant en contribuant à préciser les différentes combinaisons des modes futuristes et présentistes en jeu. Dans un deuxième temps, nous explorerons les liens entre historiographie et régime d’historicité afin de mettre en évidence les jonctions entre les considérations épistémologiques et l’horizon d’attente des historiens à l’étude. En abordant plus spécifiquement la question du rôle de l’historien dans sa société, nous jaugeons les transformations parallèles de son expérience du temps et de ses pratiques historiographiques. Le passage de l’expérience d’une Histoire en marche au tournant de 1960 à celle d’une histoire bloquée au tournant de 1970 affecte considérablement la place et le statut de l’historien. D’éminent passeur du temps à l’écoute du sens du progrès, l’historien voit son statut contesté et marginalisé, ce qui ne veut pas dire que son rôle est moins important. Qu’il débusque des alternatives passées ou court-circuite des téléologies, il est chargé de maintenir coûte que coûte ouverts les horizons du temps. Nous verrons spécifiquement le sens que prenait cette tâche à un moment où la possibilité d’une « société nouvelle », après Mai 68, pointait à l’horizon des contemporains.

  • Cette étude se penche sur les représentations des Néerlandais véhiculées par les chroniques missionnaires écrites par les religieux français de passage aux Antilles et sur la Côte Sauvage sud-américaine au XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle. En repérant et en analysant l’évolution de ces représentations, il appert que l’altérité néerlandaise était, entre 1640 et 1670, l’altérité européenne que les chroniqueurs religieux mettaient avantageusement de l’avant comme modèle de réussite économique et colonial pour modeler l’entreprise de colonisation française aux Antilles. C’est notamment le cas des écrits du dominicain Jean-Baptiste du Tertre (1654, 1667-1671), missionnaire bien au fait de l’altérité néerlandaise. Cependant, avec la marginalisation de la présence néerlandaise dans les Petites Antilles à la fin du xviie siècle, l’examen de la chronique de Jean-Baptiste Labat (1722) révèle que l’altérité néerlandaise a été remplacée par l’altérité anglaise lorsqu’il s’agit de proposer un modèle de réussite économique et colonial aux Français.

  • Ce mémoire documente l’émergence d’une sous-culture gaie masculine dans la région montréalaise entre 1860 et 1910 et s’intéresse aux discours et à la répression envers les hommes ayant des comportements homosexuels ou d’inversion de genre. Par l’analyse de sources journalistiques, judiciaires et juridiques, il déconstruit une série de préjugés, notamment à l’égard des sources, présumées pauvres; du discours public sur les comportements homosexuels, supposé inexistant; et des hommes qui avaient ces comportements, que plusieurs imaginent invisibles et isolés les uns des autres. Il montre au contraire que des archives variées révèlent une vie « gaie » et le déploiement d’une opinion publique à son égard. Ainsi, l’analyse d’un important corpus d’articles de journaux et une étude de cas portant sur deux des plus anciens clubs homosexuels connus au Québec, démantelés en 1892 et en 1908, confirment l’existence de réseaux de sociabilités « gaies » dans la région montréalaise, dès le XIXe siècle. Ce faisant, il dévoile l’existence de pratiques caractéristiques des sous-cultures gaies telles que l’usage d’un vocabulaire spécifique ou l’adoption de manières efféminées par certains hommes que l’on qualifierait aujourd’hui d’homosexuels.

  • Acknowledging the fact that there is sometimes a dichotomy between food’s prescriptions and food’s practices, this thesis aims to illustrate the role played by popular tastes in the making of food choices. The study takes place in the spatiotemporal framework of Quebec between the years 1920 and 1949. This period stands out by the important amount of industrial and urban transformations in the Quebec society that are fit to create new food’s habits within the population. The aim of this thesis is to identify the way in which popular taste is constructed during this peculiar period, by the relation within several factors such as taste, economics, dietary or material considerations. To do so, this research explores the culinary content product in four major magazines of the time, which are La Revue moderne, La Revue populaire, La Terre de chez nous and the publications made by the Cercles de Fermières. Furthermore, we deconstruct the content of the culinary recipes to bring out certain food preferences and to extricate multiple sensorial components related to the perception of taste. Thereafter, we study discourses found in the culinary chronicles in order to locate the tastes and the preferences in the cultural context that generate them. Ultimately, we aspire to uncover a primordial aspect of the food act but often discarded from historical study, namely the taste.

  • The French monarchy accumulated a large number of geographic documents describing its colonies. The thesis submits to close examination the role of the state in an intellectual activity consisting of observing, recording and representing graphically the colonial territory. Exploiting various types of documents – topographic, cadastral, hydrographic and general maps –, the study aims not to present an inclusive portrait of cartographic activity, but rather to explore various thematic issues, notably: the bounding of colonial territory, courtiers’ cartography, validation mechanisms, specialization and useful knowledge, the uses of geographical information. With regard to a historiography increasingly preoccupied with the modes of territorial dispossession and of the inscription of knowledge, the thesis analyzes the contexts and mechanisms of the production, collection, archiving and re-use of geographical documents produced by or for the state in New France. In exploring the colonial context of imperial cartographic activity, the study confirms the importance of the state in this field. But it affords a more precise view of that activity in emphasizing the complexity of the genesis of maps that sooner or later gravitated toward the metropolitan centre.

  • Cette étude s’intéresse à la dynamique des relations franco-belges durant l’Entre-deux-guerres. L’objectif est de définir si la Belgique a été un satellite de la France pendant la durée de l’accord militaire franco-belge de 1920. Utilisant les archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères belge, l’étude démontre que la Belgique, alors même qu’elle tente de maintenir une harmonie entre les membres de l’Entente (Angleterre, France, Belgique), agit dans son plus pur intérêt national. Ainsi, alors que les évènements majeurs de l’Entre-deux-guerres se déroulent -occupation de la Ruhr, signature du Traité de Locarno, démilitarisation de la Ruhr et l’élection d’Hitler- la Belgique démontre qu’elle est une actrice indépendante et importante dans l’évolution de la diplomatie européenne. La rupture de l’accord militaire franco-belge en 1936 est généralement perçue comme une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays alors qu’elle ne représente que la volonté belge de ne pas être entrainée dans une guerre qui ne la concerne pas. Ainsi, la présente étude cherche à clarifier la relation franco-belge. Elle démontre que les interactions entre la Belgique et sa grande voisine n’ont rien d’une relation de subordination.

  • Ma recherche vise à mieux comprendre comment les relations entre les humains et les chevaux ont été négociées à Montréal, à l’époque où la ville est en voie d’industrialisation. Je montre comment l’idée du « Progrès » s’incarne à Montréal et entraîne des changements importants dans la façon dont les gens voient, littéralement et allégoriquement, la ville en relation avec la place accordée aux animaux, et plus spécifiquement aux chevaux, entre 1860-1916. En m’appuyant sur une analyse de données recueillies dans les archives de la Ville de Montréal, du Musée McCord, de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et de l’Université McGill, tels que les Fonds de la Commission de Police de Montréal et les règlements municipaux, ainsi que des images, photos, plans d’époque et des articles de journaux, je montre comment ces relations changeantes s’inscrivent de façon tangible dans la ville qui s’industrialise. Cette recherche examine la question en utilisant trois méthodes exploratoires, et parfois expérimentales. En premier lieu, une recherche dans les règlements municipaux et leur analyse révèlent la façon dont les autorités abordent l’agentivité des chevaux. Ensuite, au moyen d’articles de journaux d’opinion tirés des archives de la Parks and Playgrounds Association, nous nous penchons sur l’espace partagé par les chevaux dans le parc du Mont-Royal. Pour terminer, nous examinons, grâce à une modélisation 3D, le partage de l’espace dans un cadre plus urbanisé, à l’angle des rues Sherbrooke et Guy. Nous retraçons le déplacement des chevaux des cochers pour visualiser les changements apportés dans le cadastre urbain et son impact sur les relations humains/chevaux.

Dernière mise à jour depuis la base de données : 29/12/2025 13:00 (EST)

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