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Le dernier article publié par Aldina da Silva avant son décès s’intitulait : « La peur du changement. Jonas et la « baleine » ». Elle y présente le prophète Jonas, qui ose désobéir à la parole de son Dieu, comme étant le symbole de l’« anti-héros » par excellence. Lorsque Dieu lui demande d’aller prophétiser contre Ninive, la capitale du puissant empire assyrien, Jonas prend la fuite. Il a, selon elle, peur du changement. Bien que nous soyons en partie d’accord avec l’auteure sur l’importance de la peur du changement dans le livre de Jonas, nous proposons une lecture différente. Dans cet article, nous développerons certaines hypothèses avancées par da Silva, en critiquerons certaines et proposerons une nouvelle façon d’aborder cette peur du changement. Après avoir présenté certaines découvertes liées à notre nouvelle traduction du livre de Jonas, nous insisterons sur l’utilisation que le rédacteur final fait du thème de la peur, celle de Dieu en particulier, et démontrerons que le livre de Jonas s’apparente davantage à la littérature de sagesse qu’à la littérature prophétique.
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Le thème de la création du monde, c'est-à-dire des cieux, de la terre et de l'humanité, est d'une importance capitale pour bien saisir l'argumentaire et la rhétorique mis en place par le Deutéro-Isaïe (Isaïe 40-55). Pour ce prophète, il s'agit de convaincre les exilés judéens que leur Dieu était bel et bien à l'œuvre et qu'il était donc responsable de la chute de Babylone (539 av. J.-C.) et de leur libération. Le nœud était immense : qui, de YHWH ou de Marduk, chef du panthéon babylonien, avait appelé, guidé et aidé le roi perse Cyrus dans sa conquête de Babylone ? Cette étude, inspirée des approches postcoloniales, analyse de manière approfondie les textes isatiques sur le thème de la création du monde est abordé, et démontre qu'ils mettent en place un contre-discours prenant le contrepied de la version officielle de la conquête de Babylone, le Livre d'Isaïe 40-55.
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La promotion de la justice sociale et la dénonciation de l’injustice sociale occupent une place importante dans les écrits du prophète Amos, que l’on qualifie fréquemment de « prophète de la justice sociale ». Amos ne se limite pas à dénoncer l’injustice sociale dans le royaume d’Israël : il s’en prend également à ses voisins. Mais sur quelles bases Amos s’appuie-t-il pour dénoncer les nations voisines et considérer qu’elles sont soumises au jugement du Dieu d’Israël ? Dans cet article, nous verrons que le prophète s’inspire de la rhétorique impériale assyrienne. En effet, le Dieu d’Amos se comporte comme un dieu impérial, qui n’hésite pas à punir les peuples vassaux qui ne respectent pas leurs engagements envers l’empire. La rhétorique d’Amos est toutefois originale : YHWH menace les nations voisines d’Israël parce qu’elles n’ont pas fait appliquer les règles de base de la justice sociale, où les plus vulnérables devraient être protégés.
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Entre les années 2014 et 2016, une série de vidéos diffusées en libre accès sur Internet par Daech présente le pillage, le saccage et la destruction de vestiges de l’Empire néo-assyrien, qui a dominé le Proche-Orient entre le xe et le viie siècle avant notre ère. Ces vidéos, dans lesquelles le groupe armé s’attaque au passé préislamique de la région et fait la promotion de son idéologie djihadiste-salafiste, sont accompagnées de chants a capella, connus sous le nom d’anachîds. Cet article s’attarde, dans un premier temps, au rôle de la musique dans la propagande assyrienne puisque, ironiquement, les Assyriens ont été les premiers à faire usage de musique dans leur propagande religieuse et militaire. Dans un deuxième temps, les anachîds qui accompagnent ces vidéos de Daech sont analysés afin de mieux comprendre le rôle que joue la musique dans certains discours théologiques du groupe armé. Pour ce faire, nous utilisons des théories développées dans les domaines de la psychologie sociale, du marketing, de la culture de consommation et de la philosophie postmoderne. Celles-ci permettent de mieux comprendre comment la destruction de lieux appartenant au passé préislamique de l’Iraq moderne, l’hyperviolence et la consommation morbide de dystopies interagissent avec les concepts de religion, de blasphème et de politique sociale.
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Le comportement du roi David "devant YHWH", alors que l'arche de Dieu est transportée vers Jérusalem, dans un premier temps, puis dans Jérusalem, dans un deuxième temps, a fait couler beaucoup d'encre. De quelle nature est la danse qui y est décrite ? Pourquoi le roi agit-il de la sorte ? Et pourquoi sa femme Mikal, la fille de l'ancien roi Saül, est-elle choquée au point de le mépriser et de lui reprocher de s'être comporté comme un homme sans valeur ? Nous sommes d'avis que la femme du roi réagit négativement parce que David a eu une conduite qui s'apparente à celle d'un prophète extatique. L'hypothèse que nous avançons pour expliquer pourquoi David adopte une attitude semblable aux prophètes extatiques est inédite : le roi danse en présence non seulement de l'arche, mais d'une représentation de YHWH, possiblement sous forme de statue. King David’s behavior "in front of YHWH," while the ark of God is being transported to Jerusalem and, later, inside Jerusalem, has prompted many a debate. But of what nature is the dance being displayed in those lines ? Why does the king act in such a way ? And why his wife Mikal, former King Saul’s daughter, is so shocked that she despises him and blames him for behaving like a worthless man ? The article suggests that the king’s wife reacts negatively because David conducted himself as an ecstatic prophet. David behaves like an ecstatic prophet because the king dances not only in front of the ark, but in the presence of a representation of YHWH, possibly of a statue.
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La poésie hébraïque est généralement très concise : les vers sont courts et ne comprennent souvent que deux ou trois mots. La poésie du Deutéro-Isaïe ne fait pas exception. Mais en utilisant sciemment certains mots auxquels il est possible d’attribuer plus d’un sens, le prophète est en mesure de formuler un message beaucoup plus complet et complexe que le texte ne le suggère à première vue, tout en conservant la concision habituelle de la poésie hébraïque classique. Cette complexité est particulièrement bien illustrée dans un passage où le prophète se moque des devins et des sages babyloniens (Is 44,25), afin de démontrer à ses auditeurs que Yahvé est le seul et unique responsable de la libération de son peuple et qu’il est derrière la décision du roi perse Cyrus de reconstruire Jérusalem et son temple.