Votre recherche
Résultats 29 ressources
-
Ma communication se propose de vérifier si, et jusqu’à quel point, dans le domaine particulier de la religion populaire canadienne-française, on peut appliquer les mêmes hypothèses aux rapports entre le centre et les marges que l’on applique dans les autres domaines de la culture populaire. En ce qui concerne la religion, en effet, la dynamique autogène de l’évolution culturelle est entravée par l’intervention massive d’une autorité ecclésiastique qui modifie, favorise ou censure à son gré, avec un poids auquel il est difficile de résister. On pourrait même se demander si, dans le domaine de la religion populaire, le schéma ne serait pas renversé par rapport aux autres domaines de la culture : cette religion se maintient fortement en France, et elle s’effiloche jusqu’à disparaître, ou presque, au Québec et en Acadie. Plusieurs variables, par ailleurs, viennent modifier un tel tableau. Il faut d’abord distinguer entre religion populaire en tant que « christianisme popularisé » et religion populaire en tant que forme originale de symbiose entre christianisme et cultures ethniques. Il faut aussi différencier l’action du clergé non seulement selon les temps et les lieux, mais selon les diverses thématiques : depuis toujours, en effet, la pastorale chrétienne distingue entre ce qui est prescrit et ce qui est suggéré, ce qui est déconseillé et ce qui est défendu. Il se peut aussi que la religion populaire se soit maintenue dans une existence souterraine, avec une vitalité que nos sources ne nous permettent pas d’apprécier pleinement.
-
Deux textes du vie siècle illustrent des aspects importants de la « mémoire des lieux et des temps » dans le passage du paganisme au christianisme. Dans le premier, Grégoire de Tours relate l’initiative pastorale d’un évêque auvergnat qui, impuissant à déraciner une fête païenne se déroulant sur le mont Helarius, construit sur les lieux une église en l’honneur du saint chrétien Hilarius. Dans le second, Grégoire le Grand donne aux missionnaires qu’il a envoyés en Angleterre des instructions sur la façon de transformer les temples païens en églises chrétiennes. Ces deux textes révèlent une stratégie pastorale complexe qui, face au paganisme, mêle adroitement les catégories de la destruction et de l’oblitération avec celle de la récupération.
-
An article from Rabaska, on Érudit.
-
The author first discusses the notion of 'folklore,' proposing two meanings of the term: a first meaning, applicable to societies that are culturally complex, according to which folklore is popular culture, belonging to the lower levels of society; and a broader meaning, applicable to societies that are culturally homogeneous, according to which 'folklore' means a particular ethnic culture. Next, four principal places are identified where folklore (both as 'popular culture' and as 'ethnic culture') is incorporated within the structure of the hagiographic text: through the culture of the environment in which the saint lives; through the culture of the saint himself; through the culture of the environment which transmits the saint's legend and through the hagiographer who recounts that legend; and through the people's perception of the saint as shown in their worship of the saint. The various points of the article are illustrated from a range of sources, in particular the Golden Legend.RésuméL'Auteur discute d'abord la notion de folklore, en proposant de distinguer deux sens du terme : un premier sens, applicable aux sociétés culturellement complexes, selon lequel le folklore est la culture populaire, propre aux couches inférieures de la société ; et un sens plus large, applicable aux sociétés culturellement homogènes, selon lequel il signifie une culture ethnique particulière. Il identifie ensuite quatre lieux principaux dans lesquels le folklore (comme « culture populaire » et comme « culture ethnique ») entre dans la structure du texte hagiographique : par la culture du milieu dans lequel vit le saint ; par la culture du saint lui-même ; par la culture du milieu qui transmet sa légende et de l'hagiographe qui la raconte ; par la perception que le peuple a du saint dans le culte qu'il lui rend. Les divers points de l'exposé sont illustrés par le recours à des sources variées, notamment à la Légende dorée.
-
Des lettres conservées dans les archives de l’abbé Sigogne nous décrivent avec une rare précision un rite populaire d’exorcisme, explicitement présenté comme transmis par la tradition orale : « je me suis informé au voisins de ce qu’il faudroient faire; on ma dit qu’on avoient ouit dire que du tems de la cadi on avoient un recéde ». Après une présentation rapide de la structure de ce rite, cet article se propose d’en rechercher des antécédents et des parallèles en France et en Nouvelle-France.
-
Le Corrector sive Medicus est un pénitentiel rédigé par Burchard, évêque de Worms (1000-1025). Il s’agit d’un manuel destiné à guider les confesseurs lors de l’administration du sacrement de pénitence. Intégré dans le Decretum, l’œuvre majeure de Burchard, il compte parmis les pénitentiels les plus illustres. Il contient notamment un questionnaire très élaboré sur les péchés commis par les fidèles. Les 194 questions du Corrector sive Medicus constituent l’objet d’étude de ce mémoire. Entre le VIIe et le XIIe siècle, les pénitentiels forment une longue tradition littéraire où les textes se répètent constamment. Le questionnaire du Corrector sive Medicus se distingue du fait qu’il est rédigé en grande partie par Burchard lui-même. Les détails précis sur les survivances païennes et la religion populaire que l’évêque introduit dans son pénitentiel permettent, comme aucune autre source de la période, une analyse ethno-historique de la culture germanique. La première partie du mémoire est consacrée à la présentation du Corrector sive Medicus : j’y décris d’abord le contexte historique et biographique de l’œuvre, puis discute d’une herméneutique littéraire, pour enfin proposer une synthèse diachronique des traditions germaniques. La deuxième partie offre, pour la première fois en français, la traduction intégrale du questionnaire de Burchard, accompagnée de commentaires sur différents sujets ou problèmes soulevés par le texte, notamment ceux qui concernent la culture germanique. Finalement sont placés en annexe quelques documents qui témoignent, tout comme le Corrector sive Medicus, d’un syncrétisme religieux profondément enraciné dans les mœurs des Germains.
-
Ce mémoire porte sur le traité de Venise de 1201, passé entre les barons de la Quatrième Croisade et la république de Venise, pour l’affrètement d’une flotte incluant transport et vivres. L’étude du Traité est d’autant plus importante que, les croisés manquant à leurs obligations, cet accord eut un impact déterminant sur la suite de la Croisade, se plaçant ainsi au cœur de sa déviation vers Constantinople. Le mémoire analyse d’abord la nature et l’ampleur des engagements pris par Venise, en essayant de quantifier et de mesurer en termes économiques le nombre de bateaux et de croisés transportés, ainsi que le poids et le coût des provisions pour hommes et chevaux. Cette analyse, basée sur la comparaison avec des contrats analogues, prouve que la somme de 85 000 marcs d’argent convenue avec les barons n’était en rien exagérée. Parallèlement, le mémoire évalue ce que pouvait signifier, dans le contexte économique de l’époque, une telle somme, et tente d’identifier les raisons pour lesquelles les croisés furent dans l’impossibilité d’honorer leur part du contrat. Cette analyse montre que, contrairement à une certaine historiographie traditionnelle, il serait faux d’imputer aux Vénitiens la responsabilité du détournement de la Croisade ou de les taxer d’intransigeance, de cupidité, voire de duplicité. L’effort fourni par la République indique qu’elle mit tout en œuvre pour que l’entreprise fût une réussite. L’interruption du commerce, la construction de nombreux navires, la réquisition de milliers de marins pour manœuvrer la flotte et la logistique pour approvisionner des dizaines de milliers d’hommes témoignent toutes de l’ampleur de l’implication vénitienne. C’est le défaut de paiement des croisés, qui força le doge Henri Dandolo à se commettre plus avant encore, joignant irrémédiablement la fortune de la ville marchande à celle de l’expédition.