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L’affaire Constant se prête à merveille à l’analyse intersectionnelle qui invite à penser la pluralité des formes et des logiques de domination (en particulier sexe, race et classe) et la complexité de leurs articulations. En effet, elle révèle les dynamiques de pouvoir qui régissent la maison entièrement féminine dans laquelle est perpétré le crime d’un esclave panis en 1757. Mais surtout, au-delà de la vérité pérenne et tragique – et pourtant si souvent invisibilisée – qu’elle révèle de l’esclavage autochtone à Montréal et en Nouvelle-France, elle permet « d’entendre » les voix des esclaves autochtones et de prendre la mesure de leur agentivité (ou horizon d’action pensé et vécu).
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Un article de la revue Cap-aux-Diamants, diffusée par la plateforme Érudit.
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Les archives judiciaires de la Nouvelle France révèlent une remarquable présence féminine de tous états et conditions, au civil comme au criminel. Ainsi, pour la seule juridiction royale de Montréal, entre 1693 et 1760, 1259 femmes différentes, mariées ou non, religieuses ou laïques, noires libres ou esclaves, amérindiennes libres ou panisses agissent de leur propre chef dans les 4338 dossiers qui impliquent des femmes (sur 6413 archivés). Elles sont autant sinon plus souvent demanderesses que victimes, témoins ou accusées. Particulièrement intéressante est la présence d’Amérindiennes, de captives anglaises et de Négresses esclaves ou libres, au côté des Françaises de toutes classes sociales. Toutes connaissent leurs droits, savent se défendre et font appel : elles connaissent les voies pour faire entendre leur voix devant la justice du roi.
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Les archives judiciaires, notariales et paroissiales révèlent l’ampleur et la pérennité de l’esclavage infantile en Nouvelle-France. En témoignent les traces de vies d’enfants esclaves, en majorité autochtones, qui apparaissent constamment au fil des documents du xvie au xviiie siècle. Comment expliquer cet attrait quasi pédophile pour des esclaves âgés de moins de 12 ans ? À quoi les maîtres peuvent-ils bien employer des esclaves si jeunes ? Qui les « gère » au quotidien ? Quelles sont la place et les fonctions de ces jeunes asservis dans les familles esclavagistes ? Et enfin, comment cette violence répétée de l’asservissement des enfants a-t-elle été justifiée ? Par toutes ces questions qu’il soulève, ce véritable angle mort de la recherche qu’est l’esclavage infantile, éclaire d’une lumière crue, d’une part, les rapports de pouvoir à l’oeuvre dans la société coloniale et patriarcale, dont les fondements hiérarchiques sont irradiés par un faisceau de servitudes et, d’autre part, l’histoire socio-économique de la Nouvelle- France, sachant que, sous le Régime français, la majorité des foyers, qui aujourd’hui posséderait sa voiture, possédait au moins un ou une esclave.
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Sans les femmes autochtones et allochtones, libres et esclaves, il n’y a pas de Nouvelle-France. Cette étude s’intéresse aux rôles et pouvoirs des femmes des Premières Nations, puis à ceux des Françaises, dans la survenue et l’installation réussies des colons français et dans le développement colonial. Les réseaux familiaux des femmes, les tâches qui leur sont dévolues, leur autonomie de facto en l’absence masculine témoignent de l’exercice des pouvoirs féminins, reconnus par la société qui s’accommode très pragmatiquement des prescriptions hiérarchiques et patriarcales imposées par les autorités civiles et religieuses. Dans la colonie, la majorité des Françaises et Euro-descendantes sont constamment en rapport avec les femmes et filles des Premières Nations. S’instaurent ainsi au fil du temps, à travers les rapports de pouvoir inter et intra-sexes et les hiérarchies socio-économiques, des relations féminines interethniques, à proprement parler internationales, qui montrent combien tissés serrés sont les mondes coloniaux féminins, autochtone et allochtone.
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Cet article en deux parties révèle certains biais de notre roman national concernant le rôle des relations franco-autochtones dans l’implantation et l’ascension sociale des colons français. Il s’agit ici d’interroger ce dont témoigne historiquement la présence autochtone dans et autour de mon arbre généalogique, c’est-à-dire mon roman familial. Ainsi quand je remonte les lignées féminines, les relations d’intimité avec les Autochtones apparaissent clairement dans les mariages, les cousinages, les amitiés et … l’exploitation impérialiste et esclavagiste. Dans cette première partie, le cas des aïeules autochtones permet de revisiter ce que l’on sait du dessein impérial français de « ne faire qu’un seul peuple », en mettant en lumière, d’une part, le projet de francisation des Autochtones et, d’autre part, l’ensauvagement des Français, tant décrié par les autorités civiles et religieuses françaises du xviie et xviiie siècles.
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Catégories transhistoriques, barbarie et sauvagerie s’inscrivent dans l’histoire des nombreux visages d’une altérité lointaine ou toute proche, mais aussi dans une histoire propre au 18e siècle au sein de laquelle les découpes traditionnelles entre « nous » et « les autres » s’émoussent. Dans des territoires où des Européens qu’on dit « ensauvagés » côtoient les populations autochtones, et en un siècle où barbarie et sauvagerie servent de caution légitimante des aspirations de l’aristocratie anti-absolutiste, elles peuvent aussi être porteuses d’une énergie régénératrice des arts et des lettres. Le tournant révolutionnaire rebat les cartes, y compris celles de la barbarie et de la sauvagerie, termes entre lesquels pourtant jusque là on faisait des différences. Et l’opinion devenant la reine du monde, qui saura s’emparer des deux catégories, d’abord ambiguës, ensuite stigmatisantes ? En enchevêtrant finalement barbarie et sauvagerie, le siècle se termine dans une confusion lourde de conséquences pour le 19e siècle.
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Afin d’étudier les représentations françaises de la Huronie et des Hurons dans les textes anciens, je souligne d’abord l’envers de la construction discursive jésuite, grâce à l’analyse de « la vision de l’intérieur » offerte par l’abondante correspondance de Marie de l’Incarnation, la fondatrice des Ursulines de Québec. Puis, afin d’éviter les pièges de l’hétérohistoire, je change de perspective et, en confrontant la parole d’en bas à celle d’en haut, je tente de reconsidérer les lieux communs du complexe discursif et imaginaire qui perpétuent les divisions.
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All the Jesuits who arrived in New France would declare themselves "ready to die for the honour of [...], our good Lord and for the salvation of these poor people." [...] according to the doctrine of Ignatius of Loyola, the founder of their order, they could only contribute to this salvation by becoming missionaries. [...] they would teach Christian values to these newly discovered beings, whose existence had been sheltered from this revelation since the beginning of time. [...] from the arrival of Biard and Massé in Acadia in 1611 to the death of Jean-Joseph Casot, the last Jesuit of the French regime, in 1800, and after their return to Canada in the nineteenth century, the missionaries of the Society of Jesus have specialized in science and teaching, thus influencing countless generations of students.
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Cet article revisite le phénomène des prises de possession, un des mécanismes mentalitaires autorisant l’extension de la souveraineté française aux XVIe-XVIIIe siècles, en le plaçant sous l’éclairage croisé de la religion, du genre et des Imperium Studies. Il s’agit d’examiner cette emprise symbolique sur des terres destinées à constituer le royaume de France, d’abord en observant comment s’opère la dilatatio regnum regi en France et en Europe, puis en comparant ces modalités à celles de l’expansion française en Amérique. Cela dans le but d’émettre des hypothèses qui incitent à repenser le déploiement de l’autorité royale française sur les peuples de l’Ancien comme du Nouveau Monde.
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Cet article revisite l’histoire de la fiction du métissage, sous l’éclairage croisé de la religion, du genre et des Imperium Studies. Les premiers résultats de l’analyse montrent qu’entre les années 1500-1680, les Autres pouvaient facilement s’assimiler à la société des Français par les voies privilégiées et éminemment genrées qu’étaient le baptême et le mariage. Or mettre en regard ces voies d’assimilation avec l’échec que fut la chimère (tout aussi genrée) de faire un seul peuple franco-amérindien, permet de faire ressortir des mécanismes mentalitaires qui jouèrent en faveur de la tentation impérialiste – celle du roi de France, en veine d’absolutisme, comme celle de l’Église de Rome, catholique et donc universelle.
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Un article de la revue Cap-aux-Diamants, diffusée par la plateforme Érudit.
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Une révolution a lieu en ce moment dans les archives et dans la manière de reconstituer le passé. Plusieurs partenariats, dont Donner le goût de l’archive à l’ère numérique, démontrent qu’il y a moyen de mettre l’Intelligence artificielle au service de la recherche historique. Il s’agit d’abord de préserver les archives paroissiales, judiciaires, notariales, architecturales et archéologiques en les rendant accessibles au plus grand nombre, par la numérisation, la transcription automatique des écritures avec l’outil Transkribus, le traitement massif des documents ainsi transcrits et la recherche plein texte dans des centaines de milliers de pages — tout en partageant et en faisant fructifier les expertises grâce à l’Atelier permanent d’analyse documentaire et à l’arrimage en un guichet unique des bases de données issues de ces archives. À terme, cela permettra d’entrer le nom d’un individu dans un moteur de recherche pour avoir accès à toutes les archives le concernant.
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An article from Cap-aux-Diamants, on Érudit.
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La rencontre des croyances franco-amérindiennes du xvii e siècle doit être replacée dans le contexte plus global des missions de cette époque. On voit alors se développer simultanément les missions à l’intérieur de la France, auprès des catholiques tièdes et des protestants, et les missions à l’extérieur de la métropole, auprès entre autres des Amérindiens de Nouvelle-France. Or, l’analyse révèle que, dans son ensemble, la mission française au xvii e siècle fut loin d’être un lieu d’innovation. L’altérité, en effet, a eu un impact quasi nul sur les mentalités et les méthodes missionnaires. D’une part, les missionnés étaient perçus essentiellement comme des « ignorants » de « ce qui est nécessaire à salut », dont il serait facile de circonvenir les superstitions ; d’autre part, c’est l’ensemble des stratégies missionnaires des différents ordres et des congrégations à l’intérieur de la France qui se trouva « importé » en Nouvelle-France. Dans ce processus, la rencontre de l’ Autre se fait à sens unique, les missionnaires étant là pour donner et non pour recevoir des missionnés quelque chose qui pourrait les remettre en question ou susciter leur adhésion à la religion de l’ Autre .
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Le merveilleux chrétien, qui confère déjà une place de choix au Diable et à ses acolytes dans l'imagination populaire européenne, se double en Nouvelle France d'un merveilleux diabolique que décrit l'Ursuline Marie de l'Incarnation lorsqu'elle évoque les obstacles externes et internes rencontrés par sa mission. Pour elle, le Diable est, bien sûr, le redoutable adversaire de Dieu mais il peut aussi être son auxiliaire, devenir un agent d'évangélisation. Voire, croire en lui peut constituer le signe d'une conversion réussie.
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Un article de la revue Laval théologique et philosophique, diffusée par la plateforme Érudit.
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