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Depuis la publication du livre « The Grand Strategy of the Roman Empire : from the first century A.D. to the third » d’Edward Luttwak, les recherches sur l’armée et les frontières romaines se sont exponentiellement développées. Le schéma que nous propose Luttwak avance l’idée que les Romains, dans une logique cohérente et rationnel, ont formulé et mis en pratique sur l’ensemble du territoire impérial une Grande Stratégie militaire de défense territoriale face aux ennemis extérieurs. Ces théories suscitèrent de vives réactions, en partie négatives. Les révisions les plus radicales stipulent qu’en raison de leurs connaissances géographiques limitées, de leur mentalité face au territoire et à l’expansion impériale, de l’absence de réelles menaces extérieures ainsi que selon le déploiement et l’organisation des troupes aux périphéries de l’Empire, les Romains n’ont en aucun cas eu le désir rationnel d’établir un dispositif de défense frontalière. Ce mémoire va donc tenter de dresser une synthèse de ces différents points en utilisant la Haute Mésopotamie – territoire et théâtre d’opération significatif au Proche-Orient entre l’Empire romain et l’Empire parthe/sassanide – en tant qu’étude de cas afin de vérifier si les évidences sur le terrain peuvent corroborer ces théories affirmant que les Romains, du IIe au IVe siècle EC, ont bel et bien formulé et appliqué une politique de défense frontalière sur l’ensemble de son territoire.
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Ce mémoire vise à dégager l’édifice politique que les Huns léguèrent aux Avars et aux Bulgares entre le cinquième siècle et l’aube du onzième siècle. Pour ce faire, il faut tout d’abord définir ce monument politique hunnique. Le premier pan de ce travail sera donc le dégagement des principes doctrinaux qui animaient le pouvoir des seigneurs des steppes et qui orientaient leur idéologie. Ce langage politique s’est transformé sur la longue durée en une koinê que tous les groupes barbares, sur l’ensemble de la charnière eurasiatique, étaient à même d’interpréter. Ensuite, les facteurs qui facilitaient l’hégémonie d’un clan donné seront identifiés. En fonction des éléments précédemment dégagés, les entités politiques steppiques seront définies comme des cartels. Cet idiome, emprunté aux sciences économiques sera mobilisé afin d’énoncer les objectifs des chefs de cartels de manière plus claire. Ceux-ci découlaient d’un désir des chefs d’obtenir la mainmise sur un marché global des biens de prestige et des honneurs. Afin d’identifier correctement les buts des cartels steppiques, il est ceci-dit nécessaire de travailler en adoptant une approche eurasiatique et interactioniste afin de rendre compte de la fluidité de l’ordre politique steppique pendant l’Antiquité tardive. En effet, les chefs de cartels et ceux qui ont fait le choix d’adhérer à leurs projets politiques ont été contraints de relever des défis toujours plus grands tels des crises climatiques, la consolidation des États voisins en empires aux prétentions universelles et la complexification des systèmes sur lesquels ils essayaient d’assoir leur hégémonie. En occident, les Huns - entendus comme un groupe politique uni en un cartel mené par le clan d’Attila - ont presque réussi à s’enraciner durablement, mais les réformes d’Attila ont brisé l’accord de cartel qui unissait toutes ces populations disparates, ces « entreprises », entre elles. Ainsi, dès lors qu’Attila et son clan disparaissaient au milieu du cinquième siècle, les groupes auparavant unis sous une même bannière devaient trouver un nouveau terrain d’entente. Ce terrain d’entente sera dégagé par les Avars et la maison de Baïan, qui réussit à unir tous les groupes anciennement affiliés aux Huns derrière une nouvelle dynastie tout autant prestigieuse qui avait les moyens fournir une alternative à l’intégration au monde romain. Plus tard, les Bulgares ont émergé afin de fournir, eux aussi, une alternative à Rome et aux Avars. Ils réussirent leur pari en mobilisant le souvenir d’Attila mais également en adoptant un langage politique qu’ils avaient emprunté tant au cartel des GökTürks qu’aux Romains.
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Constantine, with his seize of power in the early fourth century, has allowed the growth of a new form of devotion dedicated to the men and women tormented because of their beliefs in Christ and his Holy Father. Thereby, Lawrence, persecuted in 258 A.D. in Rome, has become the main figure of martyrdom in the Eternal City during the following century. This master's thesis aims at comprehending how the cult of Lawrence's unfolded and why it became the predominant martyr cult in the Roman capital. By studying literary and epigraphic sources, especially Damasus, Ambrose, Augustine and Prudence, as well as the archaeological data on the construction of the churches dedicated to Lawrence, we came to the conclusion that the Roman martyr helped establish a Christian collective memory corresponding to the identity needs of the Urbs in this period characterized by the passage of a "pagan" empire to a Christian empire. This creation of a collective memory is based on the sacralisation of the roman territory by the emperor Constantine and the roman bishop Damasus, on the introduction of new rituals and on the instrumentation of Lawrence and the cult of the saints by the ancient writers in their elaboration of a Christian identity for the city of Rome.
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Claude fut empereur romain entre 41 et 54 apr. J.-C., succédant à son neveu Caligula. Alors que les sources littéraires antiques témoignent de la faiblesse d’esprit d’un empereur dirigé par ses affranchis et par ses femmes, les documents épigraphiques et papyrologiques mettent en lumière un empereur soucieux de rendre la justice et dont les décisions tournées vers un pragmatisme lui ont valu le surnom d’empereur des citoyens. Cependant, si le personnage hors du commun a fait couler beaucoup d’encre, les spécialistes ne se sont attardés que très rarement à la province d’Égypte sous son règne, alors que celle-ci est pourtant aux prises avec un important conflit judéo-alexandrin qu’a mis au jour la fameuse Lettre de Claude aux Alexandrins. En lisant celle-ci, nous en apprenons non seulement sur le conflit en question, mais encore sur la citoyenneté alexandrine, le culte impérial et le témoignage direct d’une politique personnelle engagée de l’empereur Claude envers l’Égypte. Ce présent mémoire est divisé en quatre chapitres. Le premier examinera les traits du multiculturalisme égyptien sous la présence romaine. Le deuxième chapitre expliquera la crise qui opposa les Grecs aux Juifs d’Alexandrie et qui fut l’élément déclencheur d’une politique personnelle de Claude. Le troisième chapitre se penchera sur d’autres témoignages du reste de l’Empire pour mieux déterminer le caractère passif ou actif de Claude et évaluer si la Lettre est bel et bien de son initiative personnelle. Enfin, le quatrième chapitre abordera le sujet du culte impérial en Égypte pour s’intéresser au souci de légitimation et d’acceptation de l’empereur par ses sujets égyptiens.
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Cette thèse a comme objectif de démontrer combien Alaric et ses Goths étaient Romains dans pratiquement toutes les catégories connues sur leur compte. Pour ce faire, l’auteur a puisé dans les sciences sociales et a emprunté le champ conceptuel de l’éminent sociologue Pierre Bourdieu. À l’aide du concept d’habitus, entre autres choses, l’auteur a tenté de faire valoir à quel point les actions d’Alaric s’apparentaient à celles des généraux romains de son époque. Naturellement, il a fallu étaler le raisonnement au long de plusieurs chapitres et sur de nombreux niveaux. C’est-à-dire qu’il a fallu d’abord définir les concepts populaires en ce moment pour « faire » l’histoire des barbares durant l’Antiquité tardive. Pensons ici à des termes tels que l’ethnicité et l’ethnogenèse. L’auteur s’est distancé de ces concepts qu’il croyait mal adaptés à la réalité des Goths et d’Alaric. C’est qu’il fallait comprendre ces hommes dans une structure romaine, au lieu de leur octroyer une histoire et des traditions barbares. Il a ensuite fallu montrer que la thèse explorait des avenues restées peu empruntées jusqu’à aujourd’hui. Il a été question de remonter jusqu’à Gibbon pour ensuite promouvoir le fait que quelques érudits avaient autrefois effleuré la question d’Alaric comme étant un homme beaucoup moins barbare que ce que la tradition véhiculait à son sujet, tel que Fustel de Coulanges, Amédée Thierry ou encore Marcel Brion. Il s’agissait donc de valider l’angle de recherche en prenant appui d’abord sur ces anciens luminaires de la discipline. Vint ensuite l’apport majeur de cette thèse, c’est-à-dire essentiellement les sections B, C et D. La section B a analysé la logistique durant la carrière d’Alaric. Cette section a permis avant tout de démontrer clairement qu’on n’a pas affaire à une troupe de brigands révoltés; le voyage de 401-402 en Italie prouve à lui seul ce fait. L’analyse approfondie de l’itinéraire d’Alaric durant ses nombreux voyages a démontré que cette armée n’aurait pas pu effectuer tous ces déplacements sans l’appui de la cour orientale. En l’occurrence, Alaric et son armée étaient véritablement des soldats romains à ce moment précis, et non pas simplement les fédérés barbares de la tradition. La section C s’est concentrée sur les Goths d’Alaric, où on peut trouver deux chapitres qui analysent deux sujets distincts : origine/migration et comparaison. C’est dans cette section que l’auteur tente de valider l’hypothèse que les Goths d’Alaric n’étaient pas vraiment Goths, d’abord, et qu’ils étaient plutôt Romains, ensuite. Le chapitre sur la migration n’a comme but que de faire tomber les nombreuses présomptions sur la tradition gothe que des érudits comme Wolfram et Heather s’efforcent de défendre encore aujourd’hui. L’auteur argumente pour voir les Goths d’Alaric comme un groupe formé à partir d’éléments romains; qu’ils eurent été d’une origine barbare quelconque dans les faits n’a aucun impact sur le résultat final : ces hommes avaient vécu dans l’Empire durant toute leur vie (Alaric inclus) et leurs habitus ne pouvaient pas être autre chose que romain. Le dernier chapitre de la section C a aussi démontré que le groupe d’Alaric était d’abord profondément différent des Goths de 376-382, puis d’autres groupes que l’on dit barbares au tournant du 5e siècle, comme l’étaient les Vandales et les Alamans par exemple. Ensemble, ces trois chapitres couvrent la totalité de ce que l’on connait du groupe d’Alaric et en offre une nouvelle interprétation à la lumière des dernières tendances sociologiques. La section D analyse quant à elle en profondeur Alaric et sa place dans l’Empire romain. L’auteur a avant tout lancé l’idée, en s’appuyant sur les sources, qu’Alaric n’était pas un Goth ni un roi. Il a ensuite analysé le rôle d’Alaric dans la structure du pouvoir de l’Empire et en est venu à la conclusion qu’il était l’un des plus importants personnages de l’Empire d’Orient entre 397 et 408, tout en étant soumis irrémédiablement à cette structure. Sa carrière militaire était des plus normale et s’inscrivait dans l’habitus militaire romain de l’époque. Il a d’ailleurs montré que, par ses actions, Alaric était tout aussi Romain qu’un Stilicon. À dire le vrai, mis à part Claudien, rien ne pourrait nous indiquer qu’Alaric était un barbare et qu’il essayait d’anéantir l’Empire. La mauvaise image d’Alaric n’est en effet redevable qu’à Claudien : aucun auteur contemporain n’en a dressé un portrait aussi sombre. En découle que les auteurs subséquents qui firent d’Alaric le roi des Goths et le ravageur de la Grèce avaient sans doute été fortement influencés eux aussi par les textes de Claudien.
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The study of the Roman imperial cult in the 4th century has often been relegated to the background in research relating to this subject. The imperial cult has even often been relegated to the same fate than the rest of the Roman traditional cults. However, in the light of period sources and the work of certain historians, such as Louis Bréhier, the imperial cult seems to have survived this prognosis of disappearance. More interesting still, the imperial cult appears to have transformed and adapted to the new reality offered by a Christianizing Roman Empire while the power of the emperor was becoming more sacred. The work presented in this thesis parallels the metamorphosis experienced by the imperial cult with the strengthening of imperial power during the fourth century, while comparing the evolution of the perception that Christians had of this fundamentally traditional institution. As mentioned above, the study is based on a body of contemporary sources, ranging from Christian homilies to epigraphic sources which will corroborate the information found in the work of several historians who have studied the topic. Overall, this research demonstrates that the imperial cult succeeded in shedding religious connotations that Christians considered problematic while continuing to function and occupy a central place in the life of the Romans. This, together with an imperial power expressed in absolute terms, initiated the metamorphosis of the imperial cult into a "monarchical cult", exalting even more the emperor's power for centuries to come.
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Known to the scholarly milieu of historians, Roman history reached the general public during the 20th century in various forms: cinema, literature, schools and museum exhibitions. The emperor Augustus is important in Roman history for his transformative role of the Roman world. Born in 63 BC and died in 14 AD, Augustus became the founder of a new political regime, the Principate, replacing the Roman Republic, and making Augustus the first Emperor. He thus marks the history of the Roman Empire until its fall, and will still influence the entire European and Western world twenty centuries later. In 1937, the Mostra Augustea della Romanità is an Italian exhibition organized under the fascist regime celebrating the “idea of Rome” – the Romanità –, and wanting to amalgamate Augustus with Mussolini. This exhibition is analyzed in comparison with two other exhibitions (Kaiser Augustus und die verlorene Republik, Berlin, 1988; and Augusto/Moi, Auguste, Empereur de Rome, Rome/Paris, 2013/2014). The research focuses on the museum representation of Augustus and on the relation of the historiography still evolving with each exhibition. The exhibition catalogs are the main source for exhibited artifacts, themes, research, and storytelling. Each exhibition is put in its context and compared to their contemporary historiography, centered on outstanding works of their time. Thus, these exhibitions are tinted by their time, but in turn influence contemporary and future popular historical culture and as for academia. Museological work is not only popularization of historical discourse for the general public, but also participatory work in historiography.
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Avec la romanisation à grande échelle pendant le Haut-Empire, les Romains ont propagé leur culture dans tout le bassin méditerranéen. Les jeux de gladiateurs ont été en Asie Mineure un apport important à la société romaine instaurée en milieu grec. Les théâtres hellénistiques ont été modifiés pour accueillir ces nouveaux divertissements, typiquement romains. Il est question de tout ce qui entoure ces endroits et les gladiateurs grecs qui les ont massivement fréquentés pendant les trois premiers siècles de notre ère, également de ces combattants grecs à travers les spectacles, les festivals et le culte impérial. Quatre cités sont étudiées dans cette optique : Éphèse, Aphrodisias, Attaleia, Side. Nous pouvons ainsi analyser les développements de ce phénomène autant dans les grands que les petites villes.
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Salvien de Marseille est un auteur incontournable pour l'histoire du Ve siècle ap. J.-C. Il s'est abondamment exprimé au sujet des Barbares, d'une façon si positive que cela ne cesse de nous étonner, au vu des invasions qui s'étaient produites dans sa Gaule natale peu avant la période où il rédigea le De gubernatione dei. Une étude attentive de ce que Salvien affirma au sujet des Barbares démontre que celui-ci utilisa souvent des topoï pour parler d'eux. Parfois aussi, il inversa ces topoï, se plaçant ainsi en opposition avec la tradition littéraire romaine. Ce mémoire s'attache à identifier ces topoï et voir comment Salvien de Marseille s'accordait ou se détachait des idées reçues sur les Barbares dans chaque cas.
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Recent scholarship has demonstrated that written Latin of the Merovingian period was read and spoken in such a way as to be understood by the illiterate population and among medievalists it is now communis opinio that the documents of 7th and 8th century Gaul, reflect a formal register of the spoken language. This is particularly consequential for the study of vowel apocope and syncope whereby most unstressed vowels in Classical Latin have disappeared in Old French, either described as direct loss of the vowel (V → ∅) or with a prior reduction to schwa (V → ə → ∅). Despite this paradigm shift, as well as renewed introspection by historical linguists, Merovingian Latin is still omitted from most grammars which describe the evolution of the Latin vowel system to that of Old French. This thesis thus seeks to provide the philological evidence and theoretical pieces necessary to emancipate diachronic phonology from the long shadow of dogmatically acquired tradition, thanks in large part to improved editions, access to digitized manuscripts and great leaps in our understanding of the human language faculty which were unavailable to the founders of our discipline. To address these issues, we have selected a corpus of 48 original charters preserved primarily at Saint Denis north of Paris, dating from the 7th to the early 8th century. Adopting a positivistic philological approach to the data, we first describe the distribution of vowels according to a straightforward method of statistically analysing the type and frequency of vowel variation in recurring lexemes according to stressed and unstressed syllables as well as according to position (initial, final, internal, etc.) within the word. The Merovingian data was then analysed within the phonological frameworks of strict CV and element theory, demonstrating among other processes that vowel reduction was an active part of the synchronic phonology. We conclude that vowel loss in Gallo-Romance proceeded first along a path of contrast-neutralising vowel reduction, which then fed total vowel loss in a typologically regular direction of sound change similar to what can be observed in modern Portuguese or lexicalised in Francoprovençal. Significantly, and counter to all previous account of the diachronic loss of vowels in Proto-French, we argue that there is no evidence in favour of a reduction to schwa in the seventh or eight centuries. Instead, we find a three-way contrast between a front vowel, a back vowel, and a central vowel even in the most reduced unsyncopated syllables. Our conclusions have important consequences for the internal and external history of the French language. On the one hand, so long as final case-bearing vowels were distinguished, Gallo-Romance, despite all its idiosyncrasies and innovations remained an active member of the common Romance diasystem; it likewise retained a generally transparent relation with the written code. On the other hand, Gallo-Romance, like other regional Romance languages, simply remained a rustic variety of a single Latin language, with the “transition” from Latin to Old French occurring in the post-Merovingian period. Merovingian Latin presents itself as the key linguistic hinge needed to understand this transition.
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The main objective of this dissertation is to offer a social analysis of the classicizing historians of late antiquity. It aims to underline the interactions between history-writing and society. The first part presents the biographies of late antique classicising historians, from Eunapius of Sardis to Theophylact Simocatta. It describes the social profile of those historians, while insisting on the interactions between professional career and literary endeavours. The second part explains why most historians were lawyers and analyzes the place history-writing occupies in their social life. The third part deals with the social foundations of history writing. It focuses on the role of rhetorical education in the formation of future historians and shows how the virtues of the historian mirrored the social virtues of late antique elites.