Votre recherche
Résultats 60 ressources
-
Les médecins et autres écrivains de l’Ancien Régime qui ont décrié les effets néfastes de la mise en nourrice l’ont tenue en partie responsable de la forte mortalité infantile. L’habitude de confier l’allaitement et les soins de l’enfant à une femme autre que sa mère est présente dès le XIIIe siècle dans les milieux aristocratiques français. Bourgeois et autres citadins feront de même dès le XVIIe siècle. Transportée outre-Atlantique par les colons du Canada, la mise en nourrice a laissé de nombreuses traces dans les sources paroissiales, notariales et judiciaires de la colonie. Les démographes et historiens se sont penchés sur le phénomène dans le cadre d’études portant sur différents groupes sociaux (noblesse, « bourgeoisie ») ou populations (ville de Québec et l’ensemble du Canada sous le Régime français). Ils ont privilégié l’étude des nourrissons et de leurs familles. Ce mémoire s’intéresse à la mise en nourrice à Montréal et aux alentours des années 1680 aux années 1760. Il s’emploie d’abord à suivre le parcours de 436 nourrissons, décédés pour la plupart en bas âge : milieu socio-professionnel des parents connus, profil démographique, lieu d’accueil par une nourrice. Il étudie ensuite 245 femmes qui ont pris soin de ces enfants : leur parcours migratoire, les différents paramètres socio-démographiques de leur existence. Plusieurs de nos observations correspondent à celles d’autres chercheurs ou, du moins, ne les contredisent pas, tout en offrant une perspective montréalaise sur le phénomène. Au chapitre de l’inédit, citons l’élargissement, au XVIIIe siècle, de la gamme des professions exercées par les pères de nourrissons, ainsi que l’existence de plus d’un profil de nourrice, du point de vue de l’âge (et de la capacité à allaiter), de l’état matrimonial et du degré de vulnérabilité.
-
Ce mémoire s'intéresse aux 202 individus qui ont été actionnaires de la Compagnie des Cent-Associés au cours des 35 années d'existence de l'entreprise. En étudiant la dynamique sociale qui s'opère à l'intérieur de ce groupe bien défini, nous cherchons à appréhender un peu plus la société française d'Ancien Régime. Dans un premier temps, nous établissons le contexte difficile dans lequel ces gens ont évolué en soulignant les éléments de la macro et de la microconjoncture qui ont pu les affecter, tant sur les plans économiques, politiques que sociaux. Dans le second chapitre, nous présentons tout d'abord les sources et la méthode qui nous ont permis, par la suite, d'établir le profil social des associés à travers une répartition sociale et chronologique qui tenait compte de leur appartenance à un ordre et à un corps, de même que de leurs lieux de résidence, de leurs propriétés foncières, de leur participation dans la Compagnie et, enfin, de leur expérience coloniale. Dans le dernier chapitre, nous nous attardons plus à la dynamique sociale en examinant d'autres liens de solidarités, tels les liens familiaux et les liens d'affaires, et en analysant des sous-groupes particuliers tels que les sept fondateurs, les 22 directeurs et les 12 acquéreurs de lettres de noblesse de la Compagnie. Il ressort donc de cette étude que les membres de la Compagnie des Cent-Associés sont surtout des Français du nord et de l'ouest qui se situent socialement à la frontière entre la noblesse et le tiers état et qui appartiennent majoritairement au monde du négoce, de l'office et de la finance. La dynamique sociale de ce milieu se manifeste, avec plus d'évidence, à travers les solidarités de corps et de lieux et, plus discrètement, à travers les solidarités de lignages, de fidélités et d'ordres. Ainsi, la composition sociale de l'entreprise et la dynamique qui l'accompagne font que la Compagnie des Cent-Associés s'inscrit bien dans la mouvance de la montée bourgeoise, en France, au XVIIe siècle.
-
La question de la rationalité socioéconomique propre aux paysans canadiens-français occupe dans l'historiographie canadienne du Québec rural préindustriel une place de choix, ayant été invoquée tour à tour pour glorifier ou condamner une population aux pratiques jugées à bien des égards différentes de celles des société anglo-saxonnes nord-américaines. Néanmoins, aussi importante soit-elle, cette problématique a rarement été abordée de front par les historiens, qui ont plutôt choisi de l'inclure en filigrane d'interprétations plus ciblées de réalités connexes. Dans cette optique, nous nous proposions dans ce mémoire de dégager, par le biais de l'analyse critique d'un échantillon de productions historiques représentatives des courants plus généraux dont elles sont issues, les principales représentations de la rationalité socioéconomique paysanne véhiculées par les historiens canadiens (tant francophones qu'anglophones) depuis 1960, de les expliquer à la lumière des particularités des contextes dans lesquels elles ont été produites ainsi que d'en retracer le parcours historiographique. Cette démarche nous a permis de constater clairement l'existence de trois paradigmes interprétatifs ayant successivement dominé le discours historique sur la question depuis 1960. Cette évolution, si elle s'accorde bel et bien au rythme du progrès méthodologique de la science historique, présente toutefois plusieurs originalités fermement ancrées dans les particularités du contexte dans lequel elle s'est déroulée, dont les principales sont la question nationale, la dichotomie ethnolinguistique de l'historiographie canadienne et la portée sociale significative des interprétations proposées.
-
Cette thèse consiste en une étude comparative du métier d’intendant au Canada et dans les généralités de Bretagne et de Tours dans la première moitié du 18e siècle (1700-1750). Elle s’appuie sur l’intendant pour s’interroger sur l’existence de spécificités dans l’exercice du pouvoir en contexte colonial par rapport au contexte métropolitain. Considéré par la plupart des historiens de la France d’Ancien Régime comme le personnage clé de l’évolution politique qui aurait fait passer la monarchie de sa phase judiciaire jusqu’à sa phase dite « administrative », l’intendant de justice, police et finance ou commissaire départi est au coeur des débats sur l’absolutisme et son rôle de première ligne dans l’oeuvre de centralisation monarchique en fait le sujet idéal pour observer la portée réelle de ce régime sur le terrain. L’examen du fonctionnement de l’intendance est un préalable obligé pour qui veut comprendre les rapports entre administrateurs et administrés et mieux cerner la capacité de régulation de l’État. Dans le cadre des attributions définies par sa commission, quelles sont les tâches qui l’occupent concrètement ? Cette thèse s’intéresse à l’intendant du point de vue de sa pratique, en s’appuyant sur la description interne des sources produites par l’intendant pour décortiquer ses mécanismes d’intervention. Deux types de documents sont analysés successivement, soit la correspondance, incluant les pièces jointes et les documents de travail, et les actes de portée réglementaire, incluant les ordonnances et les arrêts du Conseil d’État. Chemin faisant, nous avons fait la rencontre des individus et groupes qui sollicitent l’intervention de l’intendant, levant le voile sur les rapports de pouvoir et les interactions qui le lient à ses supérieurs, aux justiciables et aux institutions locales. L’exercice permet de poser en des termes nouveaux l’action de ce personnage dont on connaissait les attributions et principales décisions, mais beaucoup moins leur logique sous-jacente.
-
Since the arrival of social history in the 1960s, the military history of Canada under the French Regime has been enriched by several studies of soldiers. Historians of justice have also investigated the rank and file as a social group. These studies – which were not exclusively devoted to soldiers – adopted a quantitative approach. Though historians have viewed various aspects of soldiers’ lives, none have singled out criminality. That is precisely what this thesis attempts to do, by exploiting principally the judicial archives. More precisely, it analyzes criminal trials involving soldiers, relying as well on Ancien Regime jurisprudence to help place soldiers’ criminality in perspective. The trials offer a view of the different forms of this criminality and of some of the contributing factors. Lastly, several trials in addition to the colonial correspondence show that the army, not just a war machine, also played role in the rehabilitation of soldiers inclined to criminal behavior.
-
La représentation géographique de l'Amérique du Nord chez Jacques Cartier ne se résume pas uniquement aux quelques cartes de seconde mains datant de la première moitié du XVIe siècle. Traditionnellement, les historiens ont eu recours au témoignage de la cartographie afin de décrire la vision géographique du pilote malouin. Il appert, à la lecture de la relation des voyages de Cartier, que celui-ci avait acquis des connaissances théoriques dans l'étude de la cosmographie. Élément important de la vision géographique du capitaine breton, cette science consacrée à la description du monde n'a pas été retenue par les spécialistes afin de présenter les fondements de la cartographie de l'Amérique du Nord chez Cartier. Ainsi, ce mémoire cherche à approfondir nos connaissances sur la représentation cosmographique de l'Amérique du Nord chez Cartier et entre 1534 à 1542. Loin d'être ce vieux loup de mer illettré et navigant à l'estime, Cartier était un pilote sachant « prendre les hauteurs» et un lecteur attentif de la Coutume de Bretagne. Ses voyages au long cours l'avaient menés jusqu'à Terre-Neuve et probablement au Brésil avant même qu'il entreprenne sa première expédition officielle en 1534. Sa connaissance de la cosmographie avait fait de lui l'une des autorités en matière de navigation lointaine. Il semble que ce semeur de toponymes en terre d'Amérique ait été influencé par la théorie des climats, désirant prolonger ainsi, sur la même latitude, sa Bretagne natale au-delà de l'Atlantique. Cette vision typiquement européenne sera modifiée par la participation amérindienne aux explorations de Cartier. Ainsi, selon l'affirmation des lroquoiens de Stadaconé, le territoire compris entre la rivière des Outaouais, le Saguenay et le fleuve Saint-Laurent était une île, témoignage reflétant l'une des facettes de la géographie amérindienne.
-
Après les chocs de la crise des années 1930 et de la Deuxième Guerre mondiale, les conditions de production et la représentation de l'histoire du Québec entrent dans une phase de profondes mutations. Alors que s'enfièvre le débat autour des causes du « retard » de la société québécoise et l'enjeu de sa « modernisation », le savoir historique que convoque une nouvelle génération de jeunes universitaires entend offrir une nouvelle intelligibilité de l'être-ensemble francophone. L'« école historique de Québec », qui a réuni des figures historiennes majeures comme Marcel Trudel, Fernand Ouellet et Jean Hamelin, naît dans cette foulée de changements où elle configurera, dans ses querelles nourries avec l'école de Montréal, une matrice fondamentale de l'historiographie québécoise contemporaine. Objet familier de notre mémoire savante et constitutif du récit des origines de la discipline historique au Québec, l'« école de Québec » n'en demeure pas moins une sorte d'évidence héritée et non problématisée, dont la construction rétrospective dénote une finalité utilitaire et idéologique plutôt que proprement heuristique. Or, l'évidence apparente du sens que l'on a longtemps perçue dans cette « école » dissimule une complexité que cette thèse s'emploie à analyser plus finement. Qui sont Trudel, Ouellet et Hamelin? Quelle place occupent leurs travaux dans l'historiographie québécoise et canadienne? Quelles influences ont-ils agrégé? Quel « récit des origines » du groupe ont-ils accrédité? Dans quelle mesure se sont-ils mis au service d'une option politique? Face à la difficulté de parler d'une école au sens fort du terme en raison, notamment, de la variété de sa production historiographique, de l'absence d'une doctrine intellectuelle puissamment articulée chez ses membres et de la discontinuité des générations et des trajectoires individuelles qui l'ont caractérisée, notre recherche s'emploie à retracer l’histoire de ce groupe d'historiens aux contours flous, à mieux cerner son identité et situer son apport à la recomposition du champ intellectuel et historiographique québécois d'après-guerre. Notre thèse soutient que la position originale du trio lavallois fut d'avoir constitué, plutôt qu'une école de pensée, une « école d'activité » (Samuel Gilmore), organisée autour d'une conception semblable des pratiques et de la méthode historienne plutôt que d'une orthodoxie ou un modèle d'interprétation unifié et cohérent. Bien entendu, cette disposition n'a pas pour autant empêché ces historiens de se reconnaître un même « air de famille » et d'esquisser un horizon interprétatif commun. Dans une perspective alliant l'historiographie et l'histoire intellectuelle, cette étude lève le voile sur les cheminements, à la fois convergents et divergents, de trois historiens majeurs du Québec contemporain situés à l'intersection des champs universitaire, intellectuel et politique. Ce faisant, elle offre un point d'observation privilégié pour jauger les rapports évolutifs entre le savoir historique et la culture au Québec et cerner la particularité du « terreau » intellectuel lavallois dans la spécificité de ses réseaux nationaux et internationaux ainsi que de ses accointances avec la pensée antinationaliste, libérale et fédéraliste d'après-guerre.
-
On February 29th, 1704, a force of 250 French and Amerindian allies attacked the small border village of Deerfield, Massachusetts and kidnapped 112 inhabitants, 89 of whom made it alive to New France. At the end of the War of the Spanish Succession, 25 of these captives stayed among the French or the Amerindians. For a long time, they had the status of captives, English or simply, foreigners. This work aims to reconstitute the course of life and integration of the former Deerfield captives in the French colony. We shall first identify the participants in the attack on Deerfield. Turning our attention to the captives, we shall study the process of their integration into the colony and their assimilation by religion. We shall examine the modalities of adoption of the captives by the colonists and the Amerindians. We shall also see what was the influence of marriage on the insertion of captives into Canadian social networks. Finally, we shall analyze the social and occupational status and the social reproduction of the immediate descendants of some of these captives.
-
The French monarchy accumulated a large number of geographic documents describing its colonies. The thesis submits to close examination the role of the state in an intellectual activity consisting of observing, recording and representing graphically the colonial territory. Exploiting various types of documents – topographic, cadastral, hydrographic and general maps –, the study aims not to present an inclusive portrait of cartographic activity, but rather to explore various thematic issues, notably: the bounding of colonial territory, courtiers’ cartography, validation mechanisms, specialization and useful knowledge, the uses of geographical information. With regard to a historiography increasingly preoccupied with the modes of territorial dispossession and of the inscription of knowledge, the thesis analyzes the contexts and mechanisms of the production, collection, archiving and re-use of geographical documents produced by or for the state in New France. In exploring the colonial context of imperial cartographic activity, the study confirms the importance of the state in this field. But it affords a more precise view of that activity in emphasizing the complexity of the genesis of maps that sooner or later gravitated toward the metropolitan centre.
-
Migratory movements from Quebec between the mid-19th century and 1930 led to the establishment of Francophone communities in various regions of North America, thus creating contexts favourable to the formulation of historical discourse. In the course of this dissertation, we analyze whether this discourse contributed to the great historical narrative of the French-Canadian nation, or if it proposed a region-specific narrative. The dissertation compares the historiography produced in Quebec to that emerging in the periphery, in Ontario, Western Canada and New England, examining more specifically the representations of historical territory and the development of a discours d’enracinement (or a sense of rootedness). This comparative study provides a better understanding of the dynamics between regions and nation that influence historical narrative in French Canadian history. Spanning more than a century, the study focuses on certain key moments in historical production in Quebec and in the selected regions we study. By drawing parallels between historical production in Quebec and in various minority settings, we examine the points of convergence and divergences between historical work in the regions and in Quebec. This dissertation therefore examines the place of the nation and the region in historical discourse, through the analysis of the discours d’enracinement or sense of rootedness, in order to understand the role it plays in Quebec’s historiography and in historical work being produced in the French Canadian diaspora until the 1960s. The objective here is to highlight regional experiences and the similarities and contrasts that have generally escaped researchers.
Explorer
Professeur.e.s honoraires et émérites
- Dessureault, Christian (1)
- Wien, Thomas (9)