Votre recherche

Thèses et mémoires
  • Thèse numérisée par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal.

  • Bien que plusieurs études aient été consacrées aux Libri memoriales, à l’exemplaire de Brescia et au monastère San Salvatore/Santa Giulia, aucune monographie n’a replacé le Liber memorialis au cœur de l’histoire de la communauté monastique qui l’a créé. Cette thèse propose d’utiliser ce manuscrit, conçu en 856 et composé de listes de noms et de textes liturgiques, pour analyser les réseaux et la liturgie entre 750 (décennie de la fondation du monastère) et 1000 (l’emprise des Ottoniens sur l’Italie). Les listes de noms témoignent des relations des moniales au sein de leur propre communauté et avec les institutions de la cité épiscopale de Brescia : l’évêque et le clergé de la cathédrale. Ces listes illustrent également le réseau des moniales à l’extérieur de la ville — au niveau local, transalpin et impérial — et avec divers groupes : les parents des moniales, les nobles, les clercs, les évêques, les moines et les moniales et enfin, les pèlerins. L’objectif est aussi de s’interroger sur le rôle de la liturgie comme créatrice de liens entre ces divers groupes et sur l’agentivité des moniales dans la mise en place et la pérennisation de ces réseaux de même que dans la pratique de la liturgie. Outre le Liber memorialis, une grande variété de sources liées ou produites par les moniales de San Salvatore/Santa Giulia a été mobilisée dans cette recherche : des sources diplomatiques (diplômes, chartes et privilèges), des sources hagiographiques et des hymnes, des sources liturgiques de la seconde moitié du Moyen Âge (Psautier-Collectaire et Ordinaire) ainsi que des sources matérielles. L’ensemble de ces ouvrages permet d’appréhender comment les moniales concevaient leur communauté. Ma recherche souhaite également développer une réflexion sur le rôle du Liber memorialis au sein de la communauté de moniales et pour les gens qui y faisaient inscrire leur nom de même que sur le caractère distinct de l’exemplaire de Brescia par rapport aux autres Libri memoriales. Mon hypothèse est que le manuscrit de Brescia représentait une communauté imaginée dont le socle était les moniales de San Salvatore/Santa Giulia, caractère accentué dans le Liber memorialis de Brescia par le regroupement de listes de noms et de textes liturgiques dans un même codex.

  • Le 「ma」 est, depuis quelques décennies, un concept dont il est assez souvent question dans les textes portant sur le Japon. Tel le kanji qui le représente, soit un pictogramme qui montre le soleil qui perce entre les deux battants d’une porte, le 「ma」 exprime un entre-deux dynamique et porteur de sens. Après un premier chapitre qui explore les liens entre langue et culture au Japon, quatre chapitres sont consacrés au 「ma」, un premier qui présente un état des lieux, un second qui explore ses précurseurs ainsi que ses formes disciplinaires, sauf en musique et en architecture, traités au chapitre suivant, alors que le dernier chapitre tente de cerner et de définir le 「ma」, et qu’une annexe survole ce qu’il en est en Occident. Le sixième chapitre de la thèse présente la dichotomie 「内・外 uchi-soto」, marqueur premier de l’appartenance à tout groupe au Japon, incluant la nation. Suit un chapitre portant sur la frontière entre le uchi et le soto de la nation japonaise, puis un autre qui explore les formes que prend l’identité nationale japonaise. Le dernier chapitre offre une synthèse. Il en ressort que : - le 「ma」 est un concept associé à un terme importé au début de l’âge classique, mais ce n’est qu’à la transition entre le 戦国 sengoku (mi 15e à fin 16e) et l’ère 江戸時代 Edo (1600-1868) que les conditions seront réunies pour permettre la naissance du concept. Celui-ci restera toutefois presque purement disciplinaire jusqu’à 昭和 Shōwa (1926-1989), après quoi il prendra des formes qu’on peut qualifier d’identitaires, d’abord en opposition à l’Occident au début Shōwa, puis comme ambassadeur d’une identité japonaise consolidée à partir des années 1960.

  • Cette thèse porte sur les changements intervenus en Asie centrale et au Kirghizstan au XXème siècle et vise à s’inscrire dans le cadre plus large des travaux portant sur la modernisation et la démodernisation. Cette région est restée en marge des développements économiques et sociaux liés à la révolution industrielle et à la globalisation jusqu’au début du XXème siècle. Le développement des concepts de modernisation puis de démodernisation sont liés aux développements économiques et sociaux. L’avènement de l’économie-monde, la concurrence entre les États-Unis d’Amérique et l’Union soviétique et la multiplication du nombre d’États ont fait des modèles de développement un enjeu crucial de géopolitique mondial. Dans cette perspective, cette thèse propose d’analyser comment le rattachement à l’Empire russe mais surtout à l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) a considérablement modifié les structures économiques et sociales, la culture et les modes de vie de la population en Asie centrale. Cette région du monde a été modernisée selon les préceptes soviétiques et en cela, elle présente un cas d’étude utile tant l’Asie centrale, ses populations et sa culture étaient singulières au regard du reste de l’URSS. Le démantèlement de l’Union soviétique a provoqué l’indépendance des quinze républiques qui la constituaient. Dans une région ayant connu des avancées fulgurantes dans des domaines tels que la santé et l’éducation, de nombreuses dynamiques contraires vont pourtant apparaître dans les années 1990 et 2000. Les conditions d’accès à l’indépendance et les choix politiques effectués par les nouveaux gouvernements vont mener, au Kirghizstan notamment, à une autre révolution, néo-libérale cette fois-ci. Le contraste entre les deux périodes constituent un cas d’étude sur les dynamiques liées à la modernisation et à la démodernisation. Celui-ci soulève des interrogations liées aux choix néolibéraux qui ont été effectués et de leur impact au niveau humain. Finalement, cette thèse illustre aussi la place grandissante qu’occupera l’Asie centrale en raison de son positionnement géographique stratégique tout autant que de son histoire.

  • Résumé : Ni une narration chronologique, ni une exploration détaillée d'un ou de quelques événements, cette thèse aborde l'ensemble de la période mandataire d'un angle particulier, celui de la réponse française au nationalisme arabe en Syrie telle que révélée dans les archives et autres sources françaises. Elle s'intéresse aux mécanismes de pensée par lesquels une pionnière de l'idée nationale s'est trouvée à combattre cette idée chez un autre peuple. Le Mandat accordé par la Société des nations a pour but déclaré d'accompagner les sociétés nouvellement libérées de l'occupation ottomane sur le chemin de la maturité politique complète et, donc, de l'indépendance. Utilisant ce cadre juridique qu'elle a elle-même mis en place de concert avec la Grande-Bretagne et d'autres vainqueurs de la Première Guerre mondiale, la France occupe la Syrie et le Liban entre 1920 et 1946 et administre jusqu'en 1943 leur vie politique, leurs finances et leur économie. Or, ne ré-pondant ni au texte ni à l'esprit du Mandat, ses agissements soulèvent des interrogations sur les vrais objectifs. Cette thèse propose une réponse en montrant que le but ultime de la France est d'assurer une position dominante pérenne au Levant, militairement, culturellement et politiquement, et qu'elle conçoit le Mandat comme une mainmise coloniale, adoucie, peut-être, mais aucunement différente dans son essence des autres conquêtes coloniales entreprises dès le XIXe siècle. Un obstacle majeur se dresse toutefois contre l'ambition française : le nationalisme des Syriens. La thèse fait état des méthodes utilisées pour mettre au pas le mouvement nationaliste. La France qualifie la Syrie d'agglomération de communautés, une antithèse du concept de nation. Elle entame son Mandat par une division du pays en plusieurs petits États, une division qu'elle finit par abandonner en 1936 au prix de luttes politiques et de révoltes sanglantes, sans toutefois renoncer à sa perception irrémédiablement communautariste de la population syrienne. En plus de la division politique, les manipulations de l'économie, des finances et des classes sociales font partie de l'arsenal exploré dans la thèse, de même que les méthodes militaires et policières ininterrompues tout au long du Mandat, quoique avec une intensité variable. La thèse attribue l'échec, que l'on constate inévitable, de la France à réaliser aucune de ses ambitions à des idées préconçues sur la région, au refus de prendre en compte les réalités et à une intransigeance condescendante dans les relations avec les Syriens.

  • This doctoral dissertation focuses on a contemporary phenomenon that has been understudied until now: the recent migration of highly educated, professional, and academic women. This profile corresponds to that of a significant proportion of Italian women who, since the 1990s, have left their country for large European cities or the North American continent. This movement intensified in the 2000s and, even more so after the financial crisis of 2008. This study is based on a qualitative analysis of the migration experience of 32 Italian women, aged 25 to 65, all with a university degree, who arrived in Montreal between 1990 and 2016. The study is in line with North American and European scientific literature on oral history, the history of migration and the new perspectives brought by its encounter with the history of women and gender. The aim is to take a critical look at this contemporary Italian female mobility that is educated and qualified. Thirty-two semi-directed interviews allowed us to explore in depth this recent migratory phenomenon and to grasp the meaning of this feminine experience, the attitude of these Italian women towards the status of women and feminism, in Italy and in Quebec, the existential choices that this migratory experience has demanded of them as women and intellectuals, in their private and public lives, and the possible changes that have resulted in terms of identity, religion and ideology. The objective is to define the socio-cultural profile of these women, their geographical, social and cultural origins, their educational and professional background in Italy and in the context of migration, and to explore the reasons that led them to leave Italy and choose Montreal. It also examines the complex migratory paths of these Italian women, the main challenges they have faced, and interprets these issues in their respective departure and arrival contexts. Migration and institutional policies, women’s status and reforms, unemployment and employment opportunities, access to education and academic careers in both countries are the main themes explored in this study. The analysis of the interviews allows us to verify to what extent and in what ways these thirty-two public and private stories reflect the migratory movements of our time. It also enables us to contrast the mobility of these migrant women with that of the Italian women who preceded them in Canada and Quebec, in the very different socio-economic contexts that marked the end of the 20th century and the 21st century. Thus, the globalization of the economy and the advent of digital media, to name but two examples, have generated new forms of identity, mixed, fluid and fragmented, by putting in direct communication these two worlds, the one of departure and the one of arrival, which were previously much more distant. Most of the women in my focus group are from northern Italy, belong to the lower or middle bourgeoisie, and have a high level of education. The political, economic, and cultural climate of the country encouraged them to leave; the many opportunities for education and employment, a better quality of life, and respect for human rights made them choose Montreal. Complex itineraries, fortuitous encounters, both professional and sentimental, and the fundamental role played by profession and career are some of the characteristics of this recent female migration. Suggestions for further research and new themes to explore complete this work.

  • Entre 1774 et 1815, la noblesse canadienne tente de stabiliser sa position sociale au sein d’une société canadienne désormais sous tutelle britannique. Pour cela, les nobles opèrent une redéfinition culturelle et sociale de leur idée de noblesse afin de s’adapter au nouveau régime. Grâce aux relations qui s’établissent entre les nobles restés dans l’Empire britannique, ceux l’ayant quitté et les nouvelles élites qui s’établissent dans la colonie au tournant du XIXe siècle, il est possible de mieux appréhender la façon dont la noblesse réinvestit son capital symbolique. L’étude des patrimoines matériels, sociaux et intellectuels ainsi que leurs modes de transmission permettent d’examiner les modalités d’adaptation de la communauté noble. Enfin, cette noblesse à cheval entre deux empires, dont les réseaux s’étendent sur de nombreux territoires, permet de mieux percevoir les évolutions qui s’opèrent à cette époque dans les sociétés coloniales et en particulier en Amérique du Nord et au Canada. En étudiant cinq familles emblématiques de la noblesse canadienne, cette thèse tente de répondre à la problématique et aux sous-questions suivantes : comment la noblesse francophone se renouvelle-t-elle et évolue-t-elle en tant que groupe social distinct au sein des élites impériales entre 1774 et 1815 ? Qui est noble ? Être un noble canadien après la Cession dans les empires français et britanniques, qu’est-ce que ça signifie ? Quelles sont les stratégies d’adaptation de la génération de la noblesse canadienne qui vit sa vie publique et adulte entre 1774 et 1815 ? Y a-t-il une « canadianisation » de la noblesse et, si oui, comment se caractérise-t-elle ? Les nobles canadiens s’adaptent-ils au nouveau régime ? Les élites influencent de façon importante la construction de la société dans laquelle elles évoluent : au XIXe siècle la société canadienne-française telle qu’on la connaît jusqu’au milieu du XXe siècle commence à se développer ; elle a en parti été mise en place par et pour les nobles canadiens. Ma recherche a donc pour but de trouver les mécanismes de reproduction des élites coloniales. C’est-à-dire de comprendre comment, en particulier, les nobles continuent à exister sous le Régime britannique. Mon hypothèse est que les nobles réussissent à trouver une forme d’équilibre entre le besoin de renouvellement qui découle du changement de régime et leur fidélité à des traditions présentées comme séculaires. Ce sont des « caméléons sociaux » qui existent à travers trois paradoxes : un imaginaire transnational dans une réalité juridique nationale ; un désir d’éternité couplé à un besoin d’évolution constant ; une culture de la distinction affirmée à l’intérieur de frontières poreuses. La thèse cherche encore à mieux comprendre comment se vit une identité transatlantique et coloniale, se détachant progressivement, mais jamais totalement des pairs de la « vieille Europe » et à travers la formation d’une identité américaine au sein des empires. Elle démontre également l’ambiguïté qui existe entre l’identité noble coloniale, qui pousse au détachement par rapport à la métropole, et l’identité élitaire, qui, au contraire, ramène les nobles canadiens vers l’Europe et les caractéristiques de son élite. Between 1774 and 1815, Canadian nobility attempted to stabilize their social position within a Canadian society now under British reign. In that order, nobles operated a cultural and social redefinition of their idea of nobility to adapt to the new regime. Thanks to the relationships that nobles who remained in the British Empire developed with those who left it, and the new elites who settled in the colony, it is possible to better understand how Canadian nobility reinvested its symbolic capital. The study of material, social and intellectual heritages as well as transmission mode make possible to examine the modalities of adaptation of the noble community. Finally, this nobility straddling two empires, whose networks spanned many territories, allows us to better perceive the changes that took place at that time in colonial societies and, more specifically, in North America and Canada. By studying five emblematic families of the Canadian nobility, this thesis attempts to answer the following problematic and sub-questions: how the French-speaking nobility is renewing itself and evolving as a distinct social group within the imperial elites between 1774 and 1815? Who is noble? What does it mean to be a Canadian nobleman after the Conquest in both French and British Empires? What are the coping strategies of the generation of Canadian nobility who lived their public and adult life between 1774 and 1815? Is there a “Canadianization” of the nobility and, if so, how is it characterized? Are nanadian nobles adjusting to the new regime? The elites significantly influence the construction of the society in which they operate: in the 19th century French Canadian society as we know it until the middle of the 20th century began to develop; it was in part set up by, and for, Canadian nobility. My research therefore aims to find its reproduction mechanisms. That is, to understand how, in particular, nobles continued to exist under British rule. My hypothesis is that the nobility manages to find some kind of balance between the need for renewal that arises from regime change and its loyalty to traditions presented as secular. Noblemen and women are “social chameleons” that exist through three paradoxes: a transnational imaginary in a national legal reality; a desire for eternity coupled with a constant need for evolution; a culture of distinction asserted within porous borders. This thesis seeks to better understand how a transatlantic and colonial identity is experienced, separating itself gradually, but never completely from the peers of "old Europe" and through the formation of a North American identity within the empires. It also demonstrates the ambiguity that exists between the noble colonial identity, which encourages detachment from the metropolis, and the elite identity, which, on the contrary, brings the Canadian nobles back to Europe and the characteristics of its elite.

  • The city of Seleucia on the Tigris was founded in the 4th century BCE by Seleucos I, one of Alexander’s empire’s Successors. According to the size of it’s original dwelling-blocks, it was designed from the start to be a large and important city. It flourished for some time and became an administrative center and royal residence. In 129 BCE, it was conquered by the Arsacids, a rival dynasty. Seleucia’s development continued unbroken, but the city eventually declined and disappeared around 200 CE. To explain this change, historians underlined the importance of the perceived culture of its old and new sovereigns. Ruled by the Macedonian Seleucids, the city prospered. Under the Iranian Arsacids’ hostile administration, it was ill-treated until it got abandoned. Such analyses have been based on some passages of ancient texts insisting on the Greek character of Seleucia and its inhabitants. Those also influenced the interpretation of the results of the first archaeological digs conducted on the site. This thesis comes back on the relations between the city and both its Seleucid and Arsacid kings in order to evaluate the importance of this supposed cultural rivalry in the development of Seleucia. It compares the written tradition, essential but biased by political imperatives, and the buildings, coins, seals and figurines discovered by American, German and Italian archaeologists between 1927 and 1989. Our results suggest that the city and its population were of a mixed cultural backround and that its supposed Greek character did not play much of a role in its decline. We therefore suggest that other factors explain the disappearance of Seleucia, such as the Tigris changing bed and an evolution in the geopolitical situation of the Near East around 200.

  • Opposing Bolivia and Peru to Chile, the War of the Pacific (1879-1884) stands in Bolivia’s national memory as a humiliating moment, a fracture in the country’s territorial integrity, a bitter defeat. If this defeat left a pungent taste in Bolivian patriot’s mouth, it also signified the effective transition (that would last for decades) from military to civilian government. In fact, while nineteenth century Bolivia is characterized by a slow political, economic and social development – which can be perceived as lagging behind in comparison to its closest neighbors – the War of the Pacific marks a turning point as the weak State starts to grow significantly stronger. We consider this bellicose context as a critical juncture in the development of the Bolivian State, and it represents the starting point from which our thesis commences. Looking back at the quarter of century that begins with the War of the Pacific and that runs until the juridical aftermaths of the Federalist War (1898-1899), we first suggest that this period witnesses a strengthening of the State structured around a formal reinforcement of republican institutions (political parties, elections, etc.). This consolidation is especially evidenced by the development of a powerful pensée d’État expressed along the lines of a modern liberal capitalist democracy. Hence, the State emerging at the end of nineteenth century presents itself as a very restrictive republican democracy in which meshes an economy of capitalist nature – such harmonization becoming possible with the development of a “spirit of capitalism” among the Creole elite. Secondly, we argue that this capitalist republican State allows the emergence of a Bolivian nationalism – mostly inexistent until then – supported by the Creole elite. This nationalism will serve, in return, as a legitimizing cultural tool for the State for which stabilizing and reinforcing the Creole elite’s power remains its chief function. This history of State and national development is not however a history of the institutional evolution of the nation-State in the material sense of the word. It is rather a study of the development of the ideas that allow these institutions to emerge and to be imposed. It is, in other words, an intellectual history of political ideas inscribed in the social. Focusing on the political discourses (electoral speeches, pamphlets, manifestos, scientific literature, pleas, etc.) mobilized and deployed among the Creole elite during the nineteenth century’s last 25 years, it is not specifically the institutions that are studied but the mentalités that support them: pensée d’État, spirit of capitalism, nationalism. Without denying the real and effective agency of the indigenous groups and communities regarding the political, cultural, economic and social transformations that have marked Bolivia’s history, the central idea that supports our thesis is that it is ultimately the State that dictates the country’s political, social and economic agenda. Our work aims to reposition the State as the main changing force in Bolivia at the turn of the nineteenth and twentieth centuries. Through its institutions, its monopoly of legitimate violence, and the pensée d’État that supports it, the State commands all of Bolivia’s society other forces that gravitates in its web of power to adopt a reactive or reactionary position. Despite resistances that lead it to change, despite oppositions that coerce it to bend, the State remains the first and last force for change at the end of nineteenth century and the beginning of the twentieth. This thesis intends to show how this remarkable and singular power apparatus came to life and evolved.

  • This dissertation focuses on the culture of collecting as a social act. It begins by studying the discourse held by individual collectors and groups of collectors pertaining to their collecting practices. This examination reveals the motivations that justify the social importance of an essentially individualistic act, by connecting it to various collective benefits such as furthering historical knowledge, building national identity, and civic education. The collectors propagate a utilitarian vision of their activities, and rationalize a hobby that is often negatively perceived. This analysis exposes the characteristics that compose the image of an ideal practitioner, as well as the criteria established to determine the status of private collections and their components. The dissertation also considers collecting as a practice, and demonstrates that collecting consists of a series of acts that can be grouped into three main categories: acquiring, managing, and disseminating. It describes how, and from whom collectors acquired objects, and reveals the importance of local and international networks of transaction. It then highlights the care given to objects in the area of collection management: preparing, cleaning, hanging, storing, classifying, inventory, and cataloguing. Finally, it establishes the particular forms, occasions, and public to which collections are exhibited. The dissertation does not consist of a study of collections, but instead puts forward a cultural history of the practice of collecting. The objects amassed and classified (coins, medallions, stamps, aboriginal artefacts, archeological objects, works of art, autographs, books, rare documents, natural history specimens) are not considered in themselves, but rather as the product of a process that is the true subject of this research. It presents a critical reading of collecting and seeks to understand the aspirations, beliefs, values and representations of collectors, for collecting is a way to organize the world, and thus the collection reveals, through the choices made in the selection of pieces and the order in which they are placed, a way to see and understand this world. The practice of collecting is considered as a way in which to study male sociability, the significance of notions such as virility or the nation, and the importance given to history, sciences, and civic education.

  • La dynastie des Flaviens est souvent mal connue et appréciée en raison de sa situation chronologique, « coincée » entre la famille des descendants de César et d’Auguste et celle allant de Trajan à Marc Aurèle. Elle passe parfois pour une simple dynastie de « transition » qui aurait uniquement servi de passerelle entre deux familles considérées comme plus brillantes qui ont par ailleurs laissé un souvenir plus durable. En un peu plus d’un quart de siècle (69-96), Vespasien, Titus et Domitien ont pourtant davantage fait pour la stabilité de Rome et de l’Empire que certains de leurs prédécesseurs ou successeurs. Sorti vainqueur des troubles civils de l’année des quatre empereurs (68-69), Vespasien ramena la paix en Orient et en Italie en plus de s’attacher à stabiliser les institutions et de reconstituer les finances de l’État, passablement écornées par les dernières années du Principat de Néron (54-68) et la guerre civile elle-même. Plus que la paix et la stabilité à l’intérieur et aux frontières de l’Empire, il fit cependant en sorte de refonder les bases institutionnelles du Principat en assumant sa transformation en un régime monarchique et héréditaire. Un principe parfaitement admis puisque ses deux fils adultes, Titus et Domitien, lui succédèrent sans difficulté. Davantage peut-être que les récits laissés par les sources littéraires anciennes, les inscriptions romaines et italiennes ainsi que les monnaies émises par l’atelier de Rome sont probablement le meilleur témoignage permettant de saisir le plus précisément et le plus profondément l’idée que les Flaviens se faisaient d’eux-mêmes et du pouvoir dont ils étaient investis. Le contenu de leur titulature officielle comme leurs choix iconographiques permettent ainsi de dégager leurs différents thèmes de propagande qui laissent finalement apparaitre une vraie continuité dans leur idéologie du pouvoir et leur manière de gouverner. Vespasien a ainsi posé des fondations idéologiques et politiques que ses fils ont globalement poursuivies et respectées, ce qui renforce l’idée selon laquelle les Flaviens ont effectivement suivi un « programme » qui les distinguait de leurs prédécesseurs et de leurs successeurs. Malgré des différences parfois importantes dans leurs pratiques, les inscriptions et l’iconographie monétaire permettent ainsi de mettre en lumière le fait que Titus et Domitien ont finalement moins cherché à faire preuve d’originalité qu’à s’inscrire dans la continuité de l’œuvre de leur père afin de garantir le maintien de la paix et avec elle la prospérité et la stabilité de l’État, et avec elles la satisfaction et la tranquillité de l’ensemble de la société.

  • Cette thèse se propose d’étudier l’expression du mouvement dans la peinture grecque ancienne, ici la peinture de vases, source très riche concernant l’univers visuel des Grecs de l’antiquité, et plus particulièrement le lien qui unit les émotions aux mouvements corporels. Les théories anciennes à propos de la représentation figurée sont unanimes : l’objet de la peinture est l’être humain et le peintre, dès les mythes qui relatent la création de la peinture et plus généralement des arts plastiques (sculpture et modelage), se doit de représenter le vivant sous tous ses aspects, extérieur comme intérieur; autrement dit, le corps humain apparaît comme le moyen le plus efficace pour exprimer et transmettre les émotions qui l’animent, par les mouvements ou les attitudes que le corps adopte ou encore les expressions faciales. Ce constat s’applique à l’expression des états émotionnels intenses ou altérés comme par exemple : les modifications qu’entraînent la consommation de vin, une action divine comme la possession par un dieu ou encore l’imminence de la mort. Il faut, pour mieux comprendre ces phénomènes, se tourner vers la conception ancienne de l’âme (θυμός et/ou ψυχή), qui dès l’époque homérique est conçue comme le siège des sentiments mais aussi comme un souffle qui entre et sort du corps. C’est une notion primordiale pour saisir la nature des mouvements qui animent les personnages figurés en proie à l’ivresse, sous le joug d’une possession divine ou sur le point de mourir : dans chacun de ces cas, l’âme est sollicitée d’une manière ou d’une autre, soit que ses liens avec le corps se trouvent relâchés ou qu’elle quitte temporairement ou définitivement le corps. Il apparaît que l’expression de ces états particuliers, dans l’imagerie grecque ancienne, n’ignore pas de tels concepts que ce soit à propos du but fixé à l’art ou sur la relation que l’âme entretient avec le corps : les mouvements corporels expriment clairement un état qui sort de l’ordinaire par l’orientation des corps, les gestes, les actions et les expressions faciales et ne semblent pas se borner à la figuration d’une simple réaction physiologique. Il s’agira également d’établir un lien entre les images anciennes et les théories modernes développées à propos de la figuration des mouvements dans l’art : le but étant de montrer que les peintres de vases privilégiaient bien plus l’expressivité, dans le but d’illustrer un concept, une idée, plutôt que de rendre compte d’une parfaite réalité.

  • Migratory movements from Quebec between the mid-19th century and 1930 led to the establishment of Francophone communities in various regions of North America, thus creating contexts favourable to the formulation of historical discourse. In the course of this dissertation, we analyze whether this discourse contributed to the great historical narrative of the French-Canadian nation, or if it proposed a region-specific narrative. The dissertation compares the historiography produced in Quebec to that emerging in the periphery, in Ontario, Western Canada and New England, examining more specifically the representations of historical territory and the development of a discours d’enracinement (or a sense of rootedness). This comparative study provides a better understanding of the dynamics between regions and nation that influence historical narrative in French Canadian history. Spanning more than a century, the study focuses on certain key moments in historical production in Quebec and in the selected regions we study. By drawing parallels between historical production in Quebec and in various minority settings, we examine the points of convergence and divergences between historical work in the regions and in Quebec. This dissertation therefore examines the place of the nation and the region in historical discourse, through the analysis of the discours d’enracinement or sense of rootedness, in order to understand the role it plays in Quebec’s historiography and in historical work being produced in the French Canadian diaspora until the 1960s. The objective here is to highlight regional experiences and the similarities and contrasts that have generally escaped researchers.

  • This doctoral thesis aims to study the construction, both physically and symbolically, of newly established and relocated capital cities in Brazil, Canada, and Kazakhstan from the mid-nineteenth century up until the late twentieth century. The research adopts a comparative approach that is informed by perspectives from cultural and political history, the history of architecture, and urban planning. The investigation is grounded in what this thesis claims to be the three sine qua non phases of construction in contemporary capital cities: (a) legislative and executive activities geared toward choosing new sites of government; (b) the adoption of architectural and planning designs for governmental buildings or districts which seek to represent the State in these new sites of government; and (c) inauguration ceremonies for the newly-appointed capital cities in the form of large state-sponsored events, designed to promote the new loci of political power. The exploration of these three historical aspects not only enables one to efficiently grasp the difference between capital cities and other types of cities but also provides an advantageous angle from which to explore the link between statehood and cityhood, as these interact and co-construct each other within the space of contemporary capital cities. Through an analysis of the three phases in three capital cities I propose to rethink the intellectual and political projects of elites and individuals who were involved in the process of each capital’s elaboration, in order to understand how their aspirations and political projects were translated into the material reality of the cities that would be defined as ‘capitals.’ Previous studies essentially regarded capital cities as a by-product of the development of nation-states or empires, taken as separate and unrelated cases, or explored the symbolic meaning of capital cities through a study of their geographical, architectural, and planning arrangements. This thesis strives to demonstrate that the emergence of at least three contemporary capital cities was due to complex and entangled relationships between former empires and current nation-states, for these were also based on the ongoing exclusion of those groups of people who did not fit easily within the official representations of national identity which the ruling elites were attempting to forge.

  • Les Nouvelles-Hébrides représentent un chapitre oublié du colonialisme européen. Pourtant, entre 1906 et 1980, ce petit archipel d’environ quatre-vingts îles a été gouverné conjointement par la France et la Grande-Bretagne. C’est déjà en soi une grande contradiction : deux nations historiquement opposées ont régi une colonie conjointement dans un siècle connu pour ses rivalités coloniales. Comme le titre de la thèse le suggère, la France et la Grande-Bretagne ne s’entendaient pas sur tous les aspects liés à la gouvernance du condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides. Même si l’administration conjointe de l’archipel a commencé en 1906, la thèse se concentre sur la période de 1945 à 1980. Cela ne veut pas dire que les événements d’avant 1945 peuvent être ignorés, loin de là. Dans l’introduction et dans le premier chapitre, certains faits remontant à la création du condominium jusqu’à la Seconde Guerre mondiale sont examinés pour mieux comprendre les origines de certains des événements qui jalonnent le chemin vers l’indépendance de l’archipel. Analysant essentiellement les années 1945 à 1970, le premier chapitre souligne l’impact sans précédent que la Seconde Guerre mondiale a eu sur les Nouvelles-Hébrides. Il ne laisse aucun doute qu’aux Nouvelles-Hébrides, les Français et les Britanniques devaient prendre en considération les aspirations et les besoins des peuples mélanésiens. La question foncière et l’aliénation des terres ont été utilisées comme véhicules pour l’affranchissement politique des Mélanésiens. Le lien entre l’éducation et la participation croissante des Mélanésiens dans la vie politique de la colonie est également exploré. Les deuxième et troisième chapitres se concentrent sur une période beaucoup plus restreinte que le premier chapitre (les années 1970 à 1975 pour le deuxième chapitre et les années 1975 à 1977 pour le troisième chapitre). Ces deux chapitres analysent la vie politique aux Nouvelles-Hébrides qui, dans un court laps de temps, a revêtu les caractéristiques d’une démocratie moderne : partis politiques, campagnes électorales et élections. Ils cherchent à éclaircir le rôle et la place de la France et de la Grande-Bretagne sur la scène politique émergente aux Nouvelles-Hébrides. Analysant les années 1978 et 1979, le quatrième chapitre ne laisse plus aucun doute sur le fait que les Nouvelles-Hébrides se dirigeaient vers une indépendance imminente. Il traite en grande partie des dispositions qui furent mises en place pour préparer l’indépendance. Une fois de plus, les positions de la France et de la Grande-Bretagne sont considérées. Finalement, le cinquième chapitre, qui se penche sur l’année 1980, examine les derniers jours du condominium et démontre que l’indépendance n’a pas été obtenue dans la paix, mais plutôt dans le sang. Cette thèse démontre qu’à la veille de l’indépendance des Nouvelles-Hébrides en 1980, les Britanniques avaient l’avantage sur les plans culturel, social et politique par rapport aux Français. Ils exerçaient également une plus grande influence auprès de la population mélanésienne.

  • Cette thèse prend au sérieux le problème de la naturalisation de la « violence », à partir de l'analyse visuelle des photographies du livre classique La Violence en Colombie. Au lieu des acteurs sociaux et des coupables, le seul élément qui se distingue dans beaucoup des photos qui accompagnent le livre est l'idée de la violence comme une catastrophe naturelle. Au moment de la violence des années cinquante, on ne parlait pas des victimes comme c'est le cas aujourd'hui en Colombie. Au lieu de la figure contemporaine de la victime, qui a gagné du poids moral au début du processus de justice transitionnelle, la catégorie habituellement utilisée était celle du survivant, qui était liée aux catastrophes naturelles. Cette thèse vise à historiciser la relation entre l'État et le soin des victimes de la violence. Pour ce faire, j´analyse les archives de la Commission de Réhabilitation de 1959 et le Plan National de Réhabilitation qui commença en 1982. A partir de la lecture des archives je constate que l´idée su survivant reste encore l'agent social utilisé pour canaliser les aides aux « victimes ». Ainsi, au lieu d'espaces de mémoire, on a ouvert des opportunités pour le développement. L'analyse des archives du Plan National de Réhabilitation dans ses dossiers relatifs à la reconstruction des zones touchées par l'éruption du volcan d’Armero (1985) m'a amené à conclure que le processus de construction de l'État ne fait pas de différence entre différents types de tragédies, qu'elles soient supposées « naturelles » ou plus « politiques ». Au contraire, la préparation aux catastrophes devient un point de départ pour faire face aux conséquences de la violence. Ainsi, les savoirs nationales et transnationales accumulés pour que l'État puisse prendre soins des urgences faces aux désastres dites naturelles, ont été utilisés dans l’attention aux personnes violemment déplacées. Au lieu d'un État abstrait et totalisant, ce qui est clair dans la thèse, en ce qui concerne la question de sa relation avec la victime, est que ce que nous connaissons comme «État» correspond effectivement à un ensemble de pratiques. Beaucoup de ces pratiques, bien que présentées dans la vie quotidienne comme impartiales, désintéressées et techniques, impliquent un exercice de dépolitisation continue des histoires de violence. Tel sera d'abord le cas des personnes déplacées des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, dont le soin a été confié au Bureau de l'Assistance en Cas de Catastrophe créé à la suite de ce qui s'est passé en Armero. L'année 1985 a été choisie comme le début officiel de la reconnaissance des victimes par les institutions et la Lois des Victimes, mais c'est aussi l'année où les survivants seront intégrés aux rationalités de l'État dans son processus de construction inachevé. Au même moment où les victimes gagnent leur droit à avoir une histoire et une mémoire, leur dépolitisation est rendue officielle. C'est peut-être pour cette raison, je soutiens, que de nombreuses «victimes de la violence», en particulier celles du déplacement, apparaissent devant le pays sans texture régionale, morale ou historique.

Dernière mise à jour depuis la base de données : 29/12/2025 13:00 (EST)

Explorer

Années

Corps professoral

Professeur.e.s honoraires et émérites

Thèses et mémoires